DOSSIER

Lorsque la décision de construire un nouveau Leclerc a été prise, à Saint-Pierre-du-Mont, dans les Landes, la direction a pris en compte très tôt la prévention des risques professionnels. Avec l’aide de la Carsat Aquitaine.

Sur l’ensemble du bâtiment, un gros travail a été effectué pour limiter les déplacements. Ainsi, la chambre froide des fruits et légumes se trouve juste derrière le rayon de vente de ces produits. Un double rideau sépare les deux lieux. 
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<br/>© Albert Pereira pour l’INRS

Sur l’ensemble du bâtiment, un gros travail a été effectué pour limiter les déplacements. Ainsi, la chambre froide des fruits et légumes se trouve juste derrière le rayon de vente de ces produits. Un double rideau sépare les deux lieux.

© Albert Pereira pour l’INRS

« J’ai commencé avec une caisse à outils il y a vingt-trois ans et j’ai dû faire à peu près tous les métiers techniques chez Leclerc… donc je sais ce que c’est que de se casser le dos et de porter des charges lourdes. » Benoît Carpentier, directeur technique du Leclerc de Saint-Pierre-du-Mont, dans les Landes, en connaît un rayon sur les conditions de travail pour les opérations de maintenance. Et c’est pour cette raison que, dès que l’idée de la construction d’un nouveau Leclerc est née, il y a trois ans, il en a parlé avec le contrôleur de sécurité de la Carsat Aquitaine, Jean-Baptiste Bortoluzzi. Et la construction a pu être réalisée en tenant compte du travail réel de chacun. « C’est vrai que, si l’on tient compte de la prévention des risques professionnels dès la phase de plan, tout devient beaucoup plus simple », souligne le directeur de ce Leclerc, Jean-Louis Vereecke.

La construction du nouveau Leclerc s’est décidée très vite. « En fait, j’étais déjà directeur d’un Leclerc, situé à quelques kilomètres d’ici, explique Jean-Louis Vereecke. Quand on a su qu’il y avait des projets immobiliers sur ce site, et notamment la venue éventuelle d’un concurrent, nous avons dû réagir très vite. » Une fois les terrains achetés, il est décidé de construire un nouvel hyper, doté d’une galerie marchande, et de fermer, à terme, le magasin existant. Au final, la surface de vente du nouveau Leclerc fait 8 300 m2. Les bâtiments comprennent également 5 600 m2 de stockage, ainsi qu’une galerie marchande, une cafétéria, un espace culturel et des commerces dans des locaux indépendants.

Des circulations bien délimitées

La Carsat Aquitaine, qui avait déjà accompagné l’établissement sur des aménagements de l’ancien site, est associée au stade de l’avant-projet définitif. « Le projet s’est monté avec l’engagement très fort du maître d’ouvrage. Celui-ci a impliqué en amont le directeur technique avec qui nous avons eu quelques échanges lors de la phase projet », explique Xavier Dotal, contrôleur de sécurité à la Carsat Aquitaine, à la cellule CLST (conception des lieux et situations de travail). Une fois les bases posées, chaque responsable de laboratoire ou de rayon a été sollicité, ainsi que le CHSCT. « On m’a montré la surface dont je disposais, confirme le responsable de la boulangerie, Jean-Claude Lalanne. J’ai dû réfléchir à la façon dont nous devions organiser l’espace et présenter mes besoins en termes de surfaces, d’outils, etc. de façon à pouvoir travailler dans de bonnes conditions. » Chaque étape était discutée puis validée par le directeur technique. « On avait aussi, tous, l’expérience du précédent site, donc on avait des idées assez précises des écueils à éviter et des choses qui vont bien », complète Benoît Carpentier.

LES CHIFFRES

L’hypermarché Leclerc a une surface de vente de 8 300 m2 et de stockage de 5 600 m2, à laquelle il faut ajouter une galerie marchande, une cafétéria, un espace culturel et des commerces dans des locaux indépendants.
Total des bâtiments : 80 000 m2.
320 personnes travaillent pour l’hypermarché Leclerc, dont 60 dans les bureaux situés au-dessus du centre commercial.
La galerie technique fait 250 m de long.
5 ou 6 camions livrent chaque jour l’hypermarché.

Le Leclerc est installé sur une petite commune près de Mont-de-Marsan. À l’extérieur, les zones et les accès sont bien séparés : d’un côté le parking visiteurs, de l’autre le parking salariés et enfin la cour de service (pour les livraisons). Ces séparations limitent les risques de collisions entre piétons, véhicules et engins de manutention. « Mon seul regret, remarque le contrôleur de sécurité, c’est que le parking salariés n’ait pas été conçu pour le départ en marche avant. »

Mais des efforts ont été réalisés pour les sens de circulation, l’éclairage des voies et la signalisation. Les livraisons du frais ont lieu plutôt la nuit ou très tôt le matin, et la réception sèche et non alimentaire le matin jusqu’à 12 heures, ce qui limite les croisements. Les quais de réception sont conçus pour permettre un calage naturel des camions (pente/contre-pente) et une boucle de détection magnétique au sol autorise l’ouverture des portes sectionnelles uniquement en présence d’un camion, sans oublier les butoirs de quai de 500 mm de profondeur (espace de sauvegarde), les guide-roues, l’éclairage de la zone de recul et des portes sectionnelles avec bandeaux translucides.

Des locaux plus spacieux, plus clairs

Sur l’ensemble du bâtiment, un gros travail a été effectué pour limiter les déplacements. Ainsi, la chambre froide des fruits et légumes se trouve juste derrière le rayon de vente de ces produits. Un double rideau sépare les deux lieux. « Et ça n’est pas rien, car on réceptionne quotidiennement un camion de fruits et légumes, ce qui représente trente palettes, souligne le directeur. Et les fruits et légumes, c’est là où, traditionnellement, il y a le plus de manutentions. » Au sol, des carrelages antidérapants ont été choisis, « avec des coefficients de frottement adaptés dans les zones de transition », souligne le contrôleur de sécurité.

LES POINTS D’ÉTAPE

La Carsat Aquitaine est intervenue au stade de l’avant-projet définitif, avant le dépôt de permis de construire, lors d’une réunion avec le CHSCT et le maître d’œuvre, en janvier 2011. Cette réunion a permis au contrôleur de sécurité de faire des commentaires et recommandations sur des éléments pouvant être modifiés. Plusieurs points d’étapes ont eu lieu ensuite. « Les salariés ont été consultés régulièrement, précise Xavier Dotal. Ils ont pu donner leur avis sur les aménagements intérieurs liés aux activités des laboratoires, réserves et chambres froides. »

 Partout, la lumière naturelle entre (lire l’encadré ci-dessous). « Rien à voir avec l’ancien site, remarque le chef de quai, Rémy Meiffren. Les locaux sont plus spacieux, plus clairs, les flux mieux organisés. On a vraiment beaucoup gagné avec ce déménagement. »

« C’est vrai que l’apport de lumière est très agréable, remarque Xavier Dotal. Cependant, la contrepartie c’est le risque d’éblouissement et de surchauffe en fonction de l’exposition et de la saison. Nous avions proposé des brise-soleil extérieurs, mais nous n’avons pas réussi à convaincre la direction qui a préféré installer des stores intérieurs : des solutions qui ne permettent pas de réduire l’apport calorique des rayons solaires et font perdre le bénéfice de l’apport de lumière naturelle et de la vue sur l’extérieur. »

Les interventions ultérieures sur ouvrage n’ont pas été oubliées, lors de la conception de cet hypermarché. Benoît Carpentier y a veillé et est fier de montrer les escaliers pour accéder sur les toits (il existe pas moins d’une dizaine d’accès à la toiture de 80 000 m2), les points d’eau sur la toiture, les acrotères tous relevés à plus d’un mètre (sauf autour des nombreux patios permettant de faire entrer la lumière naturelle dans les bureaux). « Chaque élément (les patios, les climatiseurs, les condenseurs, etc.) est identifié et tout est à portée de main, dans des patios techniques avec accès direct depuis l’étage, ce qui limite les manutentions et les risques de chute, précise le directeur technique. Quant à la galerie technique dans le plafond de la galerie marchande, elle est dotée de passerelles et on y circule sans problème. »

Lorsque l’on aborde le sujet du coût, la direction répond : « À partir du moment où tout est prévu en amont, cela coûte bien moins cher que de réaliser ces aménagements par la suite. De plus, cela facilite le travail au quotidien de chacun… »

ET LA LUMIERE FUT

De gros efforts pour faire entrer la lumière ont été faits: que ce soit dans la réserve des produits secs par des puits de lumière et des exutoires de fumée ou par des châssis vitrés en façade pour la réserve textile à l’étage. Par ailleurs, des bandeaux translucides, situés sur chaque porte sectionnelle de la zone réception, permettent à la fois une vue directe sur l’extérieur et l’apport de lumière. Dans tous les laboratoires (boulangerie, pâtisserie, boucherie,…), les salariés travaillent devant des baies vitrées. Et quand cela s’est avéré impossible à réaliser, ils bénéficient d’une vue indirecte sur l’extérieur, en second jour. Enfin, tous les bureaux, situés à l’étage, bénéficient également d’une vue sur l’extérieur et de l’apport de lumière naturelle.

Delphine Vaudoux

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