Spécialisé dans la fabrication de vitrages isolants, l’établissement Glassver de la société Saint-Gobain Glass Solution Menuisiers Industriels (SGGSMI) s'est dotée de moyens pour limiter les risques de troubles musculosquelettiques (TMS). Une ligne intégrée de découpe et d’assemblage automatique a été installée, ainsi que des aides à la manutention sur les lignes traditionnelles.
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La manutention manuelle des panneaux de verre présente des risques de troubles musculosquelettiques, dont des lombalgies, du fait de leur poids, et des risques de coupure en cas de bris. © Gael Kerbaol/l’INRS |
« LA SANTE au travail fait partie de notre responsabilité sociale d’entreprise (RSE), soutient Olivier Heudron, le responsable santé sécurité environnement de Saint-Gobain Glass Solution Menuisiers Industriels (SGGSMI). Nous menons régulièrement des réflexions internes pour construire une culture d’entreprise axée sur notre première responsabilité : veiller à l’intégrité physique, au bien-être et à l’épanouissement de nos collaborateurs. » La RSE est un engagement fort de cette entreprise qui emploie plus de 250 salariés.
Chaque année, 1,7 million de vitrages isolants sont produits dans l’atelier de 20 000 m2 du site de Saint-Pierre-des-Échaubrognes, dans les Deux-Sèvres. « Notre site se donne les moyens d’innover technologiquement, déclare Christophe Cina, le directeur du site. Notre stratégie s’articule également autour du capital humain, et se concrétise notamment par la priorité accordée à la santé et à la sécurité. Elle implique aussi une production plus écologique : tri et recyclage de nos déchets de verre pour qu’ils soient refondus, proximité de nos clients menuisiers industriels, situés à moins de 400 km, et de nos fournisseurs de verre, situés pour la plupart en France... »
Pour fabriquer ces vitrages sur mesure, l’entreprise utilise de grands panneaux de verre, d’épaisseur variable. Ces panneaux, de 6 m de long sur plus de 3 m de large, pèsent jusqu’à plusieurs centaines de kilos. Leur manutention manuelle présente des risques de troubles musculosquelettiques (TMS), dont les lombalgies, mais pas seulement : leur chute peut être très dangereuse, du fait de leur poids et du risque de coupure.
Dès 2010, le site a été pilote pour le groupe dans la mise en place d’une ligne automatisée intégrant les process de découpe et d’assemblage, tradi-tionnellement séparés : de la réception des panneaux de verre jusqu’à l’évacuation des produits finis, plus aucun port de charge n’est nécessaire. Stockée verticalement, la plaque de verre est prise en charge par un portique muni d’un palonnier à ventouse. Elle est alors mise en position horizontale par bascule sur la navette de transfert qui alimente la table de découpe à rompage automatique. Une fois découpé aux dimensions, chaque verre est positionné mécaniquement dans un trieur automatique. Ce dernier est constitué de chariots qui alimentent la cellule de nettoyage des verres.
D’UNE DÉMARCHE DE PRÉVENTION À UNE CULTURE SÉCURITÉ PARTAGÉE
« C'est en 2007 que notre démarche de prévention des risques professionnels s’est structurée, après que j’ai participé à une formation organisée par la Carsat Centre-Ouest, relate Olivier Heudron. Des groupes de travail ont été constitués avec des membres de la direction, du CHSCT et de la médecine du travail. Au début, nous avons travaillé sur l’amélioration des postes existants. Aujourd’hui, nous intégrons la prévention des risques professionnels dès la conception d’une nouvelle ligne. Par ailleurs, tous nos opérateurs ont suivi la formation Prap (prévention des risques liés à l'activité physique) en 2012. » « Le CSSCT est consulté de plus en plus tôt dans les projets de l’établissement. Une véritable culture sécurité s’est développée chez tous », relève Karine Pied, secrétaire du CSSCT et salariée de l’entreprise depuis 19 ans.
Après son passage dans la machine à laver, il est inspecté par une caméra. Un opérateur de contrôle visualise, sur un écran dédié, le niveau de qualité de chaque verre. Les verres sont ensuite assemblés dans la presse, et le vitrage est transféré vers une cellule robotisée qui dépose un joint assurant l’étanchéité du vitrage isolant. La dépose de pastilles anti-frottement est assurée par un robot. Un autre robot récupère les produits finis pour les déposer sur un chariot d’expédition.
Automatisation et nouveaux risques
Automatisation ou pas, sept opérateurs sont nécessaires pour faire fonctionner chaque ligne. Les 21 salariés qui travaillent sur la ligne automatisée sont des volontaires formés au préalable à ces postes davantage informatisés, qui nécessitent d’effectuer la maintenance de premier niveau des machines. « La ligne a également permis de féminiser les postes de découpe et d’assemblage du verre, apprécie Christophe Cina. Par ailleurs, nous observons un gain en qualité de produits finis, avec deux fois moins de rayures notamment. Et il y a aussi moins de perte de matière car il y a moins de casse. » Depuis, cette ligne a été déployée sur deux des quatre autres sites français du groupe.
« L’automatisation a permis de réduire significativement l’exposition de nos salariés aux risques de TMS, de chutes de verre et de coupures, souligne Olivier Heudron. Elle a fait en revanche apparaître de nouveaux risques liés aux machines et à leurs éléments en mouvement. C’est pour cela que nous avons équipé nos installations de protections collectives, notamment de barrières matérielles et immatérielles qui asservissent le fonctionnement de la machine (systèmes d’arrêt de cycle). » L’intervention sur tous les éléments mobiles et les accès aux zones dangereuses nécessitent le suivi d’une procédure de consignation machine via des cadenas personnels.
Sur les quatre lignes classiques de l’entreprise, des améliorations ont été apportées pour limiter ou assister les manutentions des plaques de verre de plus de 15 kg. Sur chaque poste d’entrée et de sortie de ligne, un palonnier à ventouse aide l’opérateur à la manutention des verres et vitrages isolants. Un équipement appelé retourneur a également été intégré en entrée de ligne afin d’inverser le sens des plaques de verre à la demande du client. « Avant l’installation de cette machine en 2012, deux opérateurs effectuaient manuellement ce retournement », précise Olivier Heudron.
En sortie des cinq lignes, les chariots chargés des produits finis sont récupérés par les opérateurs qui les amènent dans le camion pour expédition : c’est ainsi qu’ils seront livrés aux clients. Ceux-ci peuvent être lourds, une fois pleins de vitrages isolants. Ils servent aussi au transport des plaques de verres découpées vers la ligne d’assemblage, par les quatre lignes non automatisées. « Nous en utilisons plus de 1 000 par jour », précise Christophe Cina. Pour faciliter leur déplacement, un modèle de timon électrique a été validé par les équipes opérationnelles, soutenues par les membres du CSSCT. Sept équipements sont à disposition dans l’atelier. Facilement manœuvrables, ils peuvent tracter jusqu’à une tonne. « On force beaucoup moins pour les déplacer », témoigne Cyril Élouet, coordinateur au secteur coupe.
« L’entreprise a développé, de manière autonome, de nombreuses solutions pour limiter les risques professionnels associés à la manutention des plaques de verre », apprécie Guillaume Garbay, contrôleur de sécurité à la Carsat Centre-Ouest. Pour aller plus loin, SGGSMI a aujourd’hui pour objectif de poursuivre l’automatisation de son outil industriel dans le but de réduire drastiquement toutes les opérations de manutentions manuelles de verre qui représentent plus de 100 000 manipulations de verre par jour pour les 600 salariés des quatre sites de la société. ■
LES PARTICULARITÉS DU VERRE FEUILLETÉ
Le verre feuilleté, constitué de deux verres collés l’un à l’autres séparés par un film plastique, représente 10 % des vitrages produits sur le site. Il est apprécié pour sa résistance et ses performances en isolation acoustique et thermique. Il est aussi plus épais et plus difficile à détacher de la plaque de verre, une fois que celle-ci a été prédécoupée par la machine. Un ingénieur méthode de l’entreprise a développé une pince pour saisir le morceau de verre et aider l’opérateur à le rompre en appuyant sur la poignée. L’outil, qui permet de limiter les risques de TMS, a été également adopté par d’autres sites du groupe.
Katia Delaval