DOSSIER

© Fabrice Dimier pour l’INRS

Il a fallu changer les habitudes dans l’atelier d’ébénisterie de Patrick Avrilla lorsqu’il a installé des aspirateurs pour les machines électroportatives à chaque établi et un autre branché sur l’aspiration générale. Mais le résultat est là.

Chacun des quatre établis est équipé de systèmes d'aspiration très maniables et qui s’adaptent à chacune des machines portatives.

Chacun des quatre établis est équipé de systèmes d'aspiration très maniables et qui s’adaptent à chacune des machines portatives.

Dans l’ébénisterie de Patrick Avrilla, à Saint-Hilaire-de-Riez, en Vendée, il n’y a ni poussières de bois ni copeaux. Créé en 1987, l’atelier compte, en plus du dirigeant, deux salariés et une apprentie. L’entreprise y fabrique des meubles contemporains ou copies d’anciens, en restaure quelques-uns et réalise des agencements de cuisine, des escaliers… L’atelier a toujours été équipé d’une aspiration centralisée, qui a été changée en 2006. Mais Patrick Avrilla a fait réaliser des mesures de vitesse d’air et des prélèvements d’atmosphère qui ont montré que ce n’était pas suffisant.

En 2011, avec deux autres adhérents de son syndicat professionnel, l’Union nationale de l’artisanat des métiers de l’ameublement (Unama), et accompagné par la Carsat Pays-de-la-Loire et le Cimpo, l’ébéniste s’est engagé dans une démarche visant à trouver des solutions pour réduire la quantité de poussières de bois dans les ateliers. Ensemble, ils ont créé un groupe de travail en associant d’autres adhérents de l’Unama de la région pour réfléchir sur les questions de l’aspiration centralisée, les problèmes de poussière à l’établi et les cabines de vernis. Chacun s’est ensuite tourné vers la solution la plus adaptée à son travail.

TEMOIGNAGE

© Gaël Kerbaol/INRSPatrick Avrilla, artisan ébéniste
« La solution mise en place dépend des ateliers, de leur organisation et des moyens financiers qu’ils peuvent y consacrer. Ce n’est pas simple de trouver l’installation adéquate, certains fournisseurs proposent des solutions surdimensionnées et donc très onéreuses. Il faut se renseigner, se poser les bonnes questions et se faire aider, par la Carsat par exemple. Pour nous, la solution la plus appropriée nous a semblé l’aspirateur. Beaucoup d’ateliers installent des bras avec un aspirateur, l’air comprimé et l’électricité. Il est partagé par plusieurs postes de travail. Or, dans notre atelier, chacun a son établi, son travail et son matériel, dont il est responsable. Cela ne nous aurait pas convenu.

Aidé de la Carsat, Patrick Avrilla s’est servi des conclusions de son groupe de travail pour équiper dernièrement les postes de travail d’aspirateurs qui se branchent sur les outils électroportatifs et aspirent les poussières à la source d’émission. « Chacun des quatre établis est équipé, explique-t-il. L’aspirateur est très maniable et s’adapte à chacune de nos machines portatives. Maintenant, il n’y a plus du tout de poussière à l’établi. Ce qui n’est pas pratique, ce sont les fils électriques qui traînent au sol mais nous allons les faire passer dans des gaines sous le plancher. Par ailleurs, les défonceuses n’étaient pas adaptées, il leur manquait les câbles et les embouts pour être reliées. Nous les avons donc changées. »

« Il faut prendre l’habitude de brancher la machine, constate Christophe Crépeau, l’un des ouvriers. Il faut y penser. Mais au final, c’est un gain de temps pour le nettoyage et le travail est de qualité. Car lorsqu’il reste des copeaux, ils peuvent rayer les planches et il faut à nouveau les poncer. » « Cela nous apporte du confort, apprécie Blandine Dupont, apprentie en première année de CAP. Car, avant ces aspirateurs, à la fin de la journée, j’avais souvent le nez qui coulait. » Lorsqu’ils vont sur un chantier, pour installer un escalier par exemple, les ouvriers emportent l’aspirateur.
 

Nouveau nettoyage

En revanche, cette installation n’est pas adaptée aux travaux manuels. « L’idéal serait une table aspirante pour ce genre de tâches, remarque Dominique Pied, contrôleur de sécurité à la Carsat Pays-de-la-Loire. Mais cela peut coûter cher à l’achat et en électricité, et être compliqué à gérer en termes d’organisation du travail. C’est toutefois un achat qui peut être envisageable dans un second temps. »

Tous les vendredis soir, c’est le grand nettoyage. Lui aussi a évolué. « Avant, nous passions un coup de soufflette sur les établis et les machines pour faire tomber par terre les copeaux. Puis nous passions le balai. Il nous fallait 20 à 25 minutes à tous les quatre pour nettoyer correctement », décrit Patrick Avrilla. « Beaucoup d’entreprises utilisent cette méthode car elles pensent que c’est ce qu’il y a de plus efficace et rapide », indique Dominique Pied. L’inconvénient est que les poussières sont remises en suspension et inhalées par les opérateurs. Maintenant, le nettoyage de l’atelier est réalisé avec un aspirateur branché sur l’aspiration centrale. « C’est très efficace, il permet même de nettoyer dans les rainures, se réjouit le dirigeant. Avant, il restait toujours de la poussière sous certaines machines, même après le nettoyage. Maintenant, il n’y en a plus du tout. Et cela ne prend que 10 minutes par personne pour nettoyer son établi et 20 minutes pour moi pour le reste de l’atelier. C’est donc un gain de temps. »

Patrick Avrilla ne s’est pas arrêté là. Il a aussi refait, lui-même, la cabine de vernis, sur la base des connaissances qu’il avait acquises dans le groupe de travail. « Nous nous sommes aussi aperçus que nous avions un problème de stockage des produits. Nous avons donc acheté une armoire avec un bac de rétention », explique-t-il. Enfin, par le biais de la Chambre des métiers, il intervient auprès des personnes qui s’installent afin de les sensibiliser à la problématique des poussières de bois.

POUSSIERES DE BOIS, L’ENNEMI INVISIBLE

Le guide « Poussières de bois, l’ennemi invisible » sensibilise les artisans aux risques liés aux poussières de bois et les conseille pour mettre en place une aspiration adaptée à leurs besoins : comment optimiser son usage, où trouver des aides et des contacts, quelle est la réglementation ? Il est publié par l’Union nationale de l’artisanat des métiers de l’ameublement et la Carsat Pays-de-la-Loire. Il est complété par des vidéos montrant les bonnes pratiques à avoir en atelier. La Carsat Pays-de-la-Loire va déployer ce guide en 2014 auprès des TPE de la région pour les sensibiliser à ce risque et les amener à améliorer leurs systèmes d’aspiration. Pour en savoir plus : www.carsat-pl.fr.

Leslie Courbon

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