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Étude

Lorsque la sinistralité est en hausse, la performance est en berne

Des chercheurs de l’INRS ont analysé les données de près de 2 millions d’entreprises françaises, sur une période de quinze ans. Résultat : une fréquence plus élevée des accidents de travail est bien associée à une baisse du profit et de la productivité de l’entreprise.

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Corinne Soulay - 08/01/2024
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Vue d'un logiciel de suivi de la sinistralité dans une entreprise.

Plus une entreprise comptabilise d’accidents de travail, moins elle est performante d’un point de vue économique. Mais, jusqu’à présent, les fondements scientifiques étaient peu étayés. Une étude statistique, menée par trois économistes de l’INRS – Balla Khouma, Bertrand Delecroix et Christian Trontin – confirme désormais ce lien de causalité. Pour ce faire, les chercheurs se sont penchés sur les données de 1,977 million d’entreprises françaises, issues du régime général, tous secteurs confondus. « Nous disposions de données longitudinales sur la période 2003-2017, à la fois celles de la Cnam sur le nombre d’accidents de travail pour chaque entreprise et des informations financières délivrées par l’Insee, précise Bertrand Delecroix, co-auteur de l’étude. Nous sommes partis d’un modèle économétrique existant, qui explique la performance d’une entreprise par les quantités de travail et de capital mobilisées, et nous y avons intégré des variables de sinistralité (fréquence et gravité des accidents de travail). Les statistiques obtenues nous ont permis de valider ce modèle. »

La sinistralité a un impact négatif sur la performance économique de l’entreprise

Concrètement, plusieurs enseignements ressortent de cette étude. D’abord, celle-ci montre que la hausse de la sinistralité a un impact négatif sur la performance économique de l’entreprise. Plus précisément, une augmentation de 10 % de la fréquence d’accidents du travail (AT) diminue en moyenne la productivité des entreprises de 0,12 % et leur profit de 0,11 % au cours de la même année. Cette baisse observée est encore plus nette pour les petites entreprises (moins de salariés).
Deuxième leçon : quelle que soit la taille de l’entreprise, cet effet négatif sur la performance se poursuit l’année qui suit la hausse de sinistralité.

Enfin, l’étude met en lumière un autre phénomène : la fréquence des accidents de travail influe davantage sur la performance économique de l’entreprise que leur gravité. « On observe que la production est plus perturbée par un grand nombre d’AT courts que par un petit nombre d’AT longs, confirme l’économiste. Cela s’explique par le fait que la survenue d’un AT se traduit par un coût immédiat élevé pour l’entreprise qui doit gérer l’événement et apporter une réponse rapide à la désorganisation. Mais ce coût diminue avec le temps car l’entreprise s’adapte pour absorber l’absence du salarié sur une durée plus longue. »

Ces diverses conclusions constituent des arguments de poids pour encourager les entreprises à développer une démarche de prévention des risques professionnels afin de réduire leur sinistralité.

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