À la veille de l’an 2000, JeanFrançois et Joëlle Furic fondent une conserverie de poissons sur le port de Saint-Guénolé, à la pointe sud-ouest du Finistère. « À l’époque, il n’y avait que mes parents, deux salariés, et moimême, raconte Sten Furic, qui a repris les rênes de l’entreprise en 2012. Je devais seulement donner un coup de main car j’étais encore étudiant. Finalement, je ne suis jamais reparti ! » Aujourd’hui, l’entreprise compte 85 salariés dans des nouveaux locaux, pensés par et pour les salariés, autour de la production. Les nombreuses préparations à base de sardines, maquereaux et thons (filets, rillettes, soupes, plats cuisinés) sont écoulées dans les neuf boutiques de l’entreprise et dans des épiceries fines. Une partie de la production est destinée aux professionnels de la restauration, et la conserverie met aussi en boîte des poissons pour d’autres acteurs du secteur.
Une expertise technique bienvenue
Avec l’essor de l’activité, les équipes se sont senties peu à peu à l’étroit dans les locaux historiques. « Nos flux formaient un véritable imbroglio, avec des croisements et des superpositions, relate Sten Furic. Notre productivité, comme les conditions de travail, en pâtissaient. Après quelques années de questionnement, en 2013, nous nous sommes lancés dans un projet de construction d’une nouvelle usine. » S’appuyant sur un diagnostic réalisé par les ergonomes de la Carsat Bretagne, un groupe de travail est constitué en 2014 pour réfléchir à l’organisation de la future manufacture.
Les salariés sont mis à contribution pour comprendre les liens entre les différentes zones, et les difficultés rencontrées lors des déplacements de chacun. Et, en 2016, un plan consignant les flux et l’implantation des différentes lignes est présenté à la Carsat. La caisse régionale enrichit le projet de son expertise technique, notamment sur la ventilation, la glissance des sols ou encore l’ambiance lumineuse. « Nous nous sommes également penchés sur l’acoustique de l’atelier, indique Pierre-Yves Le Gall, contrôleur de sécurité à la Carsat Bretagne. Nous avons par exemple proposé de dresser une cloison pour séparer, sur la ligne d’emboîtage, les postes de remplissage des conserves de celui de la machine qui les scelle, qui est assez bruyante. »
Le maître-mot est de laisser le temps aux échanges afin de faire les bons choix. En 2018, la construction des nouveaux locaux débute à Penmarc’h, à quelques kilomètres du site d’origine. « En 2020, le déménagement a été l’occasion de tester la sociocratie, un type de gouvernance partagée qui permet, en développant l’intelligence collective, de donner du pouvoir de décision aux personnes concernées par les choix, explique Sten Furic. Cela a très bien fonctionné et nous déployons actuellement ce mode de fonctionnement. À terme, cela permettra à chacun d’avoir une influence sur les orientations de l’entreprise. » Aujourd’hui, les équipes bénéficient de bonnes conditions de travail, mais la conserverie Furic ne se repose pas sur ses lauriers.
Des réflexions qui se poursuivent
Sa démarche de prévention perdure par le biais d’évolutions qui ont été prévues lors de la conception de son usine. Si les manutentions ont été prises en compte lors de la conception de la nouvelle usine, d’autres améliorations sont déjà prévues. « Certaines lignes sont d’ores et déjà équipées de dispositifs limitant ports de charge et gestes répétitifs, comme des renverseurs de bacs, des systèmes de transfert en tuyauterie pour remplir les bocaux de soupe, des tables élévatrices, un tireur-pousseur électrique pour transférer les chariots de conserve jusqu’aux autoclaves…, liste Sten Furic. D’autres postes n’attendent qu’une conjoncture économique favorable pour être équipés du matériel qui a déjà été choisi, comme l’alimentation en conserves vides de la ligne d’emboîtage qui va être automatisée à l’aide d’un préhenseur magnétique. »
Dans la même logique, alors que le déménagement dans les nouveaux locaux date de quelques années, l’entreprise est toujours en cours de réflexion afin d’identifier la solution la plus adéquate pour certaines tâches. « Nous avons réservé de l’espace pour les accueillir, se félicite Sten Furic. Par exemple, un espace entre les stocks de boîtes de conserve et la ligne d’emboîtage a été prévu pour qu’un convoyeur puisse être mis en place afin de relier les deux espaces et permettre l’alimentation automatique de la ligne. » À l’extérieur, un vide entre deux cuves d’eau chaude, récupérée pour alimenter les locaux, et une cuve d’huile de tournesol a été laissé pour accueillir à terme une cuve de marinade et une autre d’huile d’olive.
« Lors de la conception de locaux professionnels, il y a souvent des contraintes comme des plans auxquels on ne peut plus toucher ou un terrain déjà acquis, affirme Pierre-Yves Le Gall. La conserverie Furic s’en est affranchie, car ce n’est qu’après avoir défini la position des postes, travaillé sur leur ergonomie et déterminé les besoins en matériel que la forme et les dimensions du bâtiment ont été calculées afin de choisir le terrain. » La Carsat a récompensé l’exemplarité de cette conception par le biais d’un prix Acanthe.
FICHE D'IDENTITÉ
Nom : conserverie Furic
Lieu : Penmarc’h (Finistère)
Activité : conserve de poissons
Superficie : 6 100 m2 dont 4 000 m2 d’ateliers
Production : 1 500 tonnes de matières premières transformées par an
Effectif : 85 salariés
Chiffre d’affaires : 20 millions d’euros en 2022.