Ce site est édité par l'INRS
Entrepôt logistique

Conteneurs : limiter les risques, de l’ouverture au déchargement

Pour protéger ses salariés du risque chimique, lors de l’ouverture des conteneurs de marchandises, Katoen Natie a déployé sur son site logistique de Saint-Jean-de-Folleville, près du Havre, une démarche de contrôle systématique des gaz avant dépotage. Des aides à la manutention ont également été installées pour réduire le risque de troubles musculosquelettiques (TMS).

5 minutes de lecture
Lucien Fauvernier - 07/03/2024
Lien copié
Vue d'une procédure de contrôle gaz d'un conteneur.

Katoen Natie – du néerlandais « nations du coton » – est une entreprise logistique présente dans 36 pays à travers le monde. Parmi les sept établissements français, le site de Saint-Jean-de-Folleville, près du Havre, en Seine-Maritime, propose à ses clients une capacité de stockage de plus de 140 000 m2 répartie sur quatre séries de bâtiments. « La majeure partie de notre activité est réalisée avec une grande enseigne spécialisée dans le bricolage et un producteur de café, explique Samantha Dujardin, directrice des ressources humaines du site. Nous pouvons faire, à la marge, des activités dites “de débord” lorsque certaines entreprises ont des besoins de stockage temporaire liés à des pics d’activité. »

Près de 175 salariés, dont une dizaine d’intérimaires, s’activent au quotidien au sein de l’entrepôt pour assurer la réception des marchandises, le stockage puis la mise sur palette avant envoi. Compte tenu de sa proximité avec le port maritime du Havre, entre 20 et 40 conteneurs arrivent chaque jour, livrés directement par tracteurs routiers. « Les conteneurs proviennent essentiellement d’Asie et, avant d’être envoyés, sont souvent traités par fumigation afin de supprimer tout organisme nuisible, ce qui pose un certain nombre de problèmes lorsque nous devons les ouvrir pour réceptionner les marchandises… En effet, nous n’avons pas de visibilité sur les traitements effectués. »

La prévention de ce risque chimique, bien connu compte tenu de la survenue d’accidents lors de l’ouverture de conteneurs, a fait l’objet d’une attention toute particulière de la Carsat Normandie : « Nos investigations permettent de mettre en évidence que les conteneurs provenant notamment d’Asie peuvent parfois avoir été fumigés au gaz phosphine. Ce gaz pouvant entraîner, même lors d’une courte exposition, des atteintes neurologiques graves », explique Jean-Noël Clément, contrôleur de sécurité à la Carsat Normandie.

Un contrôle des gaz avant dépotage

Ainsi, depuis 2017, pour protéger ses salariés de tout risque lié à l’ouverture des conteneurs, l’entreprise fait procéder systématiquement à un contrôle dès leur arrivée sur les quais de déchargement : « Compte tenu du volume que nous recevons par jour, nous avons choisi de former des personnes dédiées à cette tâche en interne. Aujourd’hui nous avons deux salariés formés et nous souhaiterions en avoir un troisième afin de parer à toute éventualité », indique Pascal Lemire, coordinateur qualité, hygiène, sécurité, sûreté et environnement (QHSSE). C’est Olivier Le Foll, ancien cariste, désormais contrôleur gaz à temps complet qui sillonne les différents entrepôts au volant de sa voiturette électrique toute équipée afin de réaliser les relevés sur les conteneurs.

À l’aide d’une tablette, il connaît en temps réel l’emplacement et le statut des conteneurs. Une fois devant la porte d’un conteneur à tester, il introduit par la jointure des ouvrants une sonde et laisse son détecteur de gaz effectuer les mesures. « Au bout de trois minutes, j’ai le résultat : si celui-ci est négatif, je peux valider le “ok dépotage”. Si le relevé montre la présence d’un gaz parmi les six recherchés – gaz carbonique, phosphine, ammoniac, bromure de méthyle, benzène et formaldéhyde – j’utilise alors des tubes colorimétriques pour confirmer cette présence. »

Si le résultat est positif, le conteneur subit une aération naturelle pendant une heure. « Nous l’enlevons du quai, poursuit Olivier Le Foll, nous le stationnons dans une zone isolée du parking et j’ouvre les portes en portant un masque. Puis, si après un second contrôle, le risque est toujours caractérisé, nous procédons à une ventilation mécanique de plusieurs heures. » Cette démarche de contrôle, bien intégrée dans l’organisation de l’activité, permet aux opérateurs chargés du dépotage de travailler en toute sécurité.

Des manutentions manuelles facilitées

Autre sujet de préoccupation pour Katoen Natie : le risque de troubles musculosquelettiques (TMS). « En effet, l’activité des opérateurs implique beaucoup de manutentions manuelles, avec des colis qui peuvent aller jusqu’à 70 kilos, indique Pascal Lemire. Certaines opérations, notamment le conditionnement de palettes, nécessitent des postures contraignantes. Afin de trouver des solutions à ces situations, trois collaborateurs ont été formés, par la Carsat Normandie, à l’approche ergonomique des situations de travail. Cela nous a permis de mener une étude ergonomique en interne du poste de conditionnement des fenêtres et de trouver l’aide à la manutention la plus adaptée. »

Un salarié de l'entreprise Katoen Natie utilise une cercleuse automatique.

L’aide à la manutention en question est un transpalette autoporté auquel a été ajouté un bras manipulateur équipé de ventouses, un outil de travail qui donne pleinement satisfaction à Tony Duchossoy, un cariste : « Même si, avant, nous portions les fenêtres les plus lourdes à deux, là, c’est quand même beaucoup mieux pour le dos. J’ai juste à placer les ventouses sur la vitre et à télécommander le bras pour placer la fenêtre dans l’agrès de stockage. » Une seconde machine permettant, selon le même principe, de manutentionner des bacs de douche est en cours d’acquisition.

Du côté du conditionnement des palettes, une cercleuse automatique évite aux opérateurs d’avoir à se pencher : « Sans la cercleuse, il fallait faire passer le feuillard à la main sous la palette, c’était assez contraignant, explique Milan Baggio, cariste zone picking. Maintenant, grâce au guide escamotable de la cercleuse, le feuillard passe sous la palette et remonte à hauteur… et nous n’avons plus qu’à le sertir. » Dans le même esprit, une filmeuse automatique grande dimension a été installée pour filmer sans effort les palettes métalliques avec chandelles, réservées au transport d’objets volumineux comme les portes.

30 000 euros ont été investis par l’entreprise pour s’équiper d’une filmeuse automatique de grande dimension.

« Nous venons tout juste de faire les derniers réglages, d’installer les commandes déportées et, en plus des barrières physiques, des barrières immatérielles, en suivant les préconisations de la Carsat Normandie, indique Bruno Delaporte, responsable maintenance. Il n’y a que deux filmeuses en service de cette taille dans toute la France, et désormais nous pouvons l’opérer en toute sécurité. »

Cet effort soutenu de l’entreprise pour améliorer les conditions de travail est reconnu par Jean-Noël Clément : « Depuis 2015 environ, il y a une professionnalisation notable dans la prévention des risques professionnels au sein de l’entreprise avec de bonnes relations et échanges avec la Carsat Normandie. L’entreprise a bénéficié de conseils sur ses démarches de prévention concernant la pollution des conteneurs, l’analyse des accidents, le programme TMS Pros, mais aussi d’un accompagnement par la formation des salariés et des aides financières. Le tout crée un cercle vertueux très positif. »

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Katoen Natie

Activité : services logistiques

Lieu : Saint-Jean-de-Folleville (Seine-Maritime)

Superficie : 144 435 m2 de stockage répartis sur 4 séries de bâtiments

Effectif : 175 salariés

Partager L'article
Lien copié
En savoir plus

À découvrir aussi