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Une journée avec

Un médecin du travail

Les médecins du travail ont des missions multiples. S’assurer que les salariés sont médicalement aptes à exercer les tâches pour lesquelles ils sont recrutés, suivre l’impact de leur activité professionnelle sur leur santé, leur permettre de se maintenir dans l’emploi malgré des pathologies mais aussi participer activement à la prévention des risques professionnels. Rencontre avec le Dr Sylvie Flageul, médecin du travail chez Efficience, à Paris.

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Damien Larroque - 28/03/2024
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Sylvie Flageul, médecin du travail en situation de travail.
  • 8 h

    Arrivée au cabinet

    Sylvie Flageul, médecin du travail chez Efficience, service de prévention et de santé au travail interentreprises (SPSTI) francilien, arrive dans son cabinet du VIe arrondissement de Paris. Avant que les consultations ne commencent, elle fait le point sur les dossiers du jour avec son assistante qui lui confirme que la patiente de 10 heures, une femme de chambre, a bien eu un entretien avec l’assistante sociale. Elle lui remet également le rapport de l’ergonome sur le poste de travail d’un laborantin qui a, lui, rendez-vous à 10 h 30. « Notre équipe pluridisciplinaire recueille des informations par le biais d’échanges avec les salariés ou d’études sur leurs conditions de travail, qui me servent dans le suivi des travailleurs, explique Sylvie Flageul. La communication entre nous est donc primordiale, qu’elle soit organisée, à la manière de nos réunions régulières, ou lors d’échanges informels avec les équipes. » Avec environ 400 entreprises employant plus de 4 000 salariés dans son secteur, pouvoir s’appuyer sur les compétences de ses collègues et leur déléguer certaines missions lui permet de gagner en efficacité.

  • 9 h 30

    Visite d'embauche

    À raison d’un rendez-vous toutes les demi-heures, le médecin du travail accueille son troisième patient de la matinée. Il s’agit d’une visite d’embauche. La salariée, qui officie dans l’événementiel, devra voyager régulièrement en avion pour des destinations lointaines comme Dubaï, Pékin ou Rio de Janeiro. Après lui avoir rappelé les vaccins obligatoires ou conseillés pour certains pays et lui avoir recommandé des bas de contention pour les vols long-courriers, le médecin l’interroge sur son ressenti par rapport au décalage horaire. « Je suis traitée pour un Covid long, ce qui me fatigue, mais je pense que cela devrait aller », estime la jeune femme. « Revenez me voir dans six mois pour faire le point. Si vous supportez mal les changements de rythme, nous pourrons envisager un aménagement de poste, lui propose Sylvie Flageul. Comme vous avez effectué la reconnaissance de votre qualité de travailleur handicapé (RQTH), vous pouvez informer dès maintenant votre employeur de votre statut. »

    Sylvie Flageul, médecin du travail, lors d'un échange informel avec une collègue.
  • 11 h 15

    Maintien dans l'emploi

    Arrivée d’une vendeuse en magasin de vêtements dont les troubles psychologiques ont détérioré ses relations avec ses collègues. « Après notre première rencontre, nous avons convenu d’un temps partiel à 40 % et convaincu son employeur, réticent dans un premier temps, de la changer de boutique, se remémore Sylvie Flageul. Elle a pu augmenter ses horaires petit à petit et aujourd’hui je l’autorise à reprendre à 100 %. C’est une réussite de maintien dans l’emploi. » Suit un travailleur du secteur tertiaire atteint de la maladie de Parkinson dont le poste a été adapté, mais dont les symptômes s’aggravent. « Dans ce dossier, l’employeur est de bonne volonté. Il a accepté de financer et de mettre très rapidement en place tous les aménagements ergonomiques adaptés et d’accorder davantage de télétravail à la carte à son salarié. Il comprendra le passage à mi-temps. » La dernière personne reçue avant d’aller déjeuner souffre de syndrome anxio-dépressif depuis un drame familial concomitant à des difficultés relationnelles au bureau. Après avoir suivi un traitement, elle vient de reprendre. « Cela se passe bien, je peux assurer à 100 % », affirme-t-elle. « Je vous laisse finir la semaine et on se revoit lundi. Si c’est trop dur, je préconiserai un mi-temps thérapeutique », lui répond le médecin du travail.

    UN SPSTI GRANDEUR NATURE

    Efficience est un service de prévention et de santé au travail interentreprises (SPSTI) francilien. Il possède 26 centres dans la région et ses 300 spécialistes (médecins du travail, infirmières, assistantes médicales, assistantes sociales, toxicologues, ergonomes, assistants techniques en santé ou travail, ingénieurs hygiène santé environnement, juriste en droit du travail) assurent le suivi de 270 000 salariés officiant dans ses 20 000 entreprises adhérentes.

  • 13 h

    Agir en faveur de l'inclusion

    Sylvie Flageul arrive dans l’externat médico-éducatif (Eme) du quartier du Luxembourg, qui, au sein de l’association Asei, agit en faveur de l’inclusion de personnes en situation de handicap. La visite de cette structure, qui accueille 60 jeunes de 6 à 20 ans atteints de déficience intellectuelle, a pour objectif de faire le point sur l’action en cours visant à éviter l’apparition de troubles musculosquelettiques (TMS) chez les salariés. « Seul l’un d’entre eux présentait des douleurs dues à la posture. Mais plutôt que d’agir uniquement pour celuici, j’ai proposé une étude ergonomique de tous les bureaux. Pour le reste de l’équipe qui ne souffre pour le moment pas de TMS, nous sommes donc dans une démarche de prévention primaire. » Après avoir identifié les points problématiques, comme le mobilier peu adapté ou le matériel informatique mal positionné, des tests de différents modèles de fauteuils, de bureaux, d’écrans… ont été organisés avec les effectifs afin que les premiers concernés soient satisfaits de leur nouveau matériel. Le point d’orgue des évolutions dans l’établissement se trouve à l’accueil. « Ce n’était auparavant qu’un simple comptoir face à la porte d’entrée, raconte Salima El Ouafi, la directrice du pôle enfance et ambulatoire de l’Asei. Aujourd’hui, c’est un vrai bureau isolé de l’entrée par une vitre antibruit. Cela améliore vraiment les conditions de travail car les enfants peuvent être passablement bruyants. Et adieu les courants d’air à chaque ouverture de la porte de l’établissement ! »

    Sylvie Flageul, médecin du travail dans les locaux de l'externat médico-éducatif (EME) du quartier du Luxembourg à Paris.
  • 16 h 30

    Un point hebdomadaire

    Sylvie Flageul retourne à son cabinet pour son point hebdomadaire avec l’infirmière en santé au travail. Cette dernière lui parle des dossiers qu’elle a vus, lui en soumet certains. « Pensez-vous que nous devrions augmenter la fréquence des visites de ce salarié ? C’est le deuxième employé de cette boutique arrêté pour lombalgie en trois mois. Il faut peut-être convoquer tout le monde pour s’assurer qu’il n’y a pas un souci… » Après trente minutes d’échanges, le médecin du travail rappelle une entreprise qui s’interroge sur la possibilité de mettre en place des congés menstruels avant de se plonger dans la lecture d’études de postes, réalisées par son équipe pluridisciplinaire. Elles nourriront ses réflexions pour lancer des actions correctrices et permettre à des salariés de conserver leurs attributions grâce à des conditions de travail améliorées.

    Sylvie Flageul, médecin du travail avec ses collègues de l'EME.
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