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Tôlerie industrielle

Quand l’objectif est de mettre une « tôle » aux risques

Ce n’est pas parce que l’on n’emploie que neuf personnes qu’on ne peut pas leur offrir de bonnes conditions de travail… C’est ce que souhaite démontrer chaque jour le gérant de Tôlerie industrielle de la Mayenne, ou TIM, installée à Ernée, en Mayenne. Démonstration.

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Delphine Vaudoux - 15/04/2024
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Un salarié sur la ligne d’accrochage des éléments à peindre.

« J’aime le travail bien fait, que les choses soient en ordre dans un environnement propre », lance Philippe Picard, gérant de TIM pour Tôlerie industrielle de la Mayenne, à Ernée. Là, il n’a de cesse d’appliquer ces principes qui s’accompagnent d’une recherche permanente du meilleur équipement pour ses salariés. Ce que confirme Christophe Boudy, le contrôleur de sécurité de la Carsat Pays de la Loire : « À chaque acquisition, Philippe Picard s’interroge sur la sécurité et l’ergonomie de la machine. »

C’est en 2010 que Philippe Picard, ancien soudeur, crée son entreprise, en bénéficiant d’aides de la mairie d’Ernée et de la communauté de communes. L’entreprise compte alors deux salariés. Ils seront rejoints quelques mois plus tard par d’autres membres de la famille. Aujourd’hui, TIM emploie neuf personnes pour un chiffre d’affaires de 1,8 million d’euros, et est spécialisée dans la tôlerie fine industrielle, avec des tôles travaillées n’excédant pas 6 mm d’épaisseur destinées à des sous-traitants de nombreux secteurs (réalisation de hottes, centrifugeuses, ascenceurs basse vitesse...). La matière première est constituée de feuilles de métal en acier, inox, aluminium, électrozinguées ou encore galvanisées. Elles peuvent être coupées, poinçonnées, pliées, soudées et éventuellement peintes.

350 tonnes de métal sont transformées chaque année.

Le premier contact de Philippe Picard avec la Carsat date de 2018 : « Ce n’est pas à cause de sa sinistralité que je suis intervenu ici. C’est M. Picard qui est venu à moi pour être accompagné sur les fumées de soudage et l’affûtage des pointes TIG », précise Christophe Boudy. « Un fournisseur m’avait indiqué que la Carsat pouvait m’aider », confirme le dirigeant. Un travail débute alors sur la rédaction du cahier des charges pour trouver des solutions d’aspiration des fumées de soudage qui débouchera sur l’acquisition de torches aspirantes et de capteurs laminaires aux postes de soudage. Ceux-ci sont aussi équipés de marbres (tables de soudure), réglables en hauteur, permettant de fixer facilement les éléments à souder.

« Ici, les pièces sont soudées au TIG, remarque Christophe Boudy. Les torches aspirantes peuvent être lourdes, et avoir une collerette encombrante lorsqu’il s’agit de souder dans des zones étroites. Après les avoir fait tester par les salariés, l’entreprise a opté pour les deux solutions, reliées à un groupe d’aspiration autonome haute dépression avec rejet à l’extérieur après filtration. » Par la suite, au fil des ans, avant chaque investissement, pour bénéficier d’un accompagnement technique et parfois financier, le chef d’entreprise consultera Christophe Boudy qui fera aussi intervenir le Centre interrégional des mesures physiques de l'Ouest (Cimpo).

À la cisaille par exemple, la sécurité et l’ergonomie du poste de travail ont été prises en compte : un bras maintient la tôle sur le tapis d’évacuation, pour éviter à l’opérateur de passer d’un côté puis de l’autre de la machine. Pas très loin de là, la poinçonneuse est dotée d’un manipulateur à ventouses qui déplace les pièces les plus grandes et les plus lourdes, celles-ci pouvant faire plus de 1,25 x 2,5 m et dépasser 140 kg. Et sous la machine a été installé un petit convoyeur pour récupérer les chutes dans un bac qui bascule automatiquement, évitant ainsi les manipulations.

La découpe laser CO2 est également équipée d’un manipulateur à ventouses et les particules générées sont aspirées et stockées dans un contenant. « Nous allons recevoir une nouvelle découpe laser, de type fibre, en août, explique le gérant. Cette nouvelle technologie me fera faire des économies d’énergie et sera dix fois plus rapide. » « Elle permettra de supprimer le dégrappage manuel, cette étape qui consiste à taper sur les éléments prédécoupés pour détacher les éléments… un geste répétitif pouvant être à l’origine de TMS », renchérit Christophe Boudy.

Des réflexions en amont de l'agrandissement

Lors du dernier agrandissement, les murs ont été traités acoustiquement pour réduire le bruit, la lumière naturelle privilégiée, et les flux de circulation repensés. Dans l’extension datant de 2021, trois plieuses sont en activité. La plus récente est dotée de toutes les options : butées réglables automatiques et deux bras accompagnateurs équipés de ventouses et d’aimants qui « permettent de maintenir et d’accompagner les tôles… c’est très efficace », remarque Paul Picard, l’un des fils du dirigeant qui travaille dans l’entreprise comme plieur.

Quant à l’ébavureuse, elle est constituée de brosses qui « lèchent » les tôles d’inox ou d’aluminium pour enlever les aspérités. « Nous avons accompagné M. Picard lors de l’acquisition de cette machine, souligne le contrôleur de sécurité. Pour limiter les manipulations, elle est équipée d’un tapis amont et aval. » De plus, cette machine est dotée d’une filtration à l’humide et d’un caisson anti déflagration pour ébavurer l’aluminium en toute sécurité.

Un soudeur en situation de travail.

La ligne de peinture constitue la toute dernière acquisition du dirigeant. Philippe Boulanger, l’un des deux peintres, accroche les éléments à peindre. « Un palan réglable permet de travailler à la bonne hauteur lors de l’accrochage, explique-t-il. Ça facilite le travail. » Les pièces sont ensuite dirigées vers la cabine de peinture à l’aide de rails au plafond. Ici, les pièces sont peintes à l’aide de peinture poudre de type epoxy. « Pour le pistolage, la mise à hauteur des pièces reste un des points à améliorer pour soulager le peintre », remarque Christophe Boudy.

Partout, tout est propre et rangé : les salariés travaillent sur 4 jours, une partie du vendredi étant consacrée au nettoyage, effectué par une entreprise extérieure. « Les locaux sont nettoyés par zones, de façon que toutes les cinq semaines, la laveuse soit passée au moins une fois dans tous les ateliers… d’ailleurs, j’aime les lundis, ça sent bon ! », plaisante le dirigeant.

« C’est une entreprise de neuf salariés, insiste le contrôleur de sécurité, qui fait beaucoup pour l’amélioration des conditions de travail. » « Ce qui est important, renchérit le chef d’entreprise, c’est d’investir très régulièrement et de se faire accompagner pour prendre les bonnes décisions. Car le risque est de se faire très vite dépasser. »

FICHE D'IDENTITÉ

Entreprise : Tôlerie industrielle de Mayenne (TIM)

Lieu : Ernée (Mayenne)

Activité : tôlerie fine industrielle, destinée à des sous-traitants réalisant des hottes, centrifugeuses, ascenseurs basse vitesse, carters, matériels de désinfection…

Effectif : 9 salariés

Chiffre d’affaires : 1,8 million d’euros

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