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L'aménagement des lieux de travail

Lustucru : un entrepôt à la mesure de l’activité

C’est à Communay, dans l’est lyonnais, que Lustucru Frais a implanté sa nouvelle plate-forme logistique. Pour sa conception, l’entreprise s’est appuyée sur des acteurs externes, sa propre expérience et ses équipes en anticipant les risques liés à l’activité et aux situations de maintenance.

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Grégory Brasseur - 01/09/2022
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Un opérateur dirige un chariot autoporté chargé d'une palette

Une capacité de 70 000 tonnes de produits par an, 14 500 m2 de surface utile, 10 000 emplacements de palettes, des produits frais stockés 4 à 5 jours en moyenne, 24 portes de quai, 100 poids lourds quotidiens, une centaine de collaborateurs sur site, un fonctionnement du lundi matin 4 h au samedi 17 h… Bienvenue sur la nouvelle plate-forme logistique de Lustucru Frais, mise en service au début de l’été 2019 à Communay, dans le département du Rhône. La capacité de l’ancienne unité logistique de Montagny, à une quinzaine de kilomètres, ne permettait plus, malgré les extensions, de répondre aux besoins générés par la croissance. Le nouvel entrepôt a donc été construit sur la zone d’activités Val de Charvas, à proximité de l’un des sites de production du géant des pâtes.

Les produits issus des usines de production de Communay, Saint-Genis-Laval et Lorette transitent tous par ici. « En 2011, lors de l’extension du site de Montagny, nous avions mis en œuvre, avec l’appui de la Carsat Rhône-Alpes, des principes tels que la séparation des flux piétons et chariots, la marche en avant, le sens unique de circulation des poids lourds... Nous souhaitions aller plus loin pour la nouvelle unité et en profiter pour réintégrer des stockages externalisés de matières premières et d’emballages », explique Pierre Callet, en charge des relations clients et de la logistique. Pour l’avant-projet, l’entreprise fait appel à un cabinet d’ingénierie spécialisé en logistique et construction de bâtiment. Des groupes de travail sont constitués avec les salariés pour la définition des besoins.

PRODUCTION DE FROID

L’installation a été conçue en veillant à limiter la vitesse résiduelle de l’air à 0,2 m/s au niveau des postes de travail, afin de réduire la sensation de froid ressenti par les opérateurs. Les exigences de conception se sont également portées sur son niveau sonore, afin qu’il ne dépasse pas 53 dB(A) et ses variations 2 dB(A).

La plate-forme comprend deux cellules de stockage à température contrôlée (de 2 à 4 °C) de 6 000 m2 chacune. L’entreprise GSE a été mandatée pour la construction tandis qu’un bureau d’études spécialisé dans les usines de production et les entrepôts frigorifiques est intervenu en tant qu’assistant au maître d’ouvrage. « Ils nous ont aidés dans la rédaction du cahier des charges, la validation des offres constructeur, le suivi des objectifs », reprend Pierre Callet. « L’approche en prévention de la santé et la sécurité au travail a intégré l’usage du bâtiment et les besoins de maintenance ultérieure », souligne Éric Billiard, ingénieur-conseil à la Carsat Rhône-Alpes. « Pour des questions budgétaires, beaucoup d’industriels rognent encore sur les accès propres à la maintenance. Ça n’a pas été le cas ici, où une approche globale a pu être déployée », complète Nicolas Godard, chargé de projet au sein du bureau d’études.

Sécuriser les flux

Une réflexion importante a été menée autour des flux. On le comprend dès l’accès au site : voiries distinctes entre les poids lourds et les véhicules légers du personnel et des visiteurs, sens uniques de circulation, parkings avec accès piétons sécurisés, aires de stationnement pour les poids lourds en attente… Dans l’entrepôt, de part et d’autre des cellules, une allée principale remontant vers les quais d’expédition est réservée aux piétons. « De la réception des palettes à l’expédition, en passant par le picking, nous voulions éviter que les préparateurs de commandes croisent les chariots autoportés. C’est un challenge, car ça ne permet pas d’optimiser les volumes, affirme Nicolas Ghibaudo, le directeur du site. En revanche, le gain est très net en sécurité et en efficacité sur la préparation de commandes. »

DES EXTÉRIEURS AMÉNAGÉS

À l’ouest de l’entrepôt, le parking des salariés permet de se garer en marche arrière (plus de 100 places) et comporte des circulations sécurisées pour les piétons depuis l’arrière des véhicules jusqu’à l’entrée. À aucun moment la circulation des poids lourds ne croise celle des piétons. Un accès et une zone de stationnement pour les véhicules utilitaires légers du personnel ont été aménagés à proximité de la zone technique. Un bassin de rétention des eaux pluviales et de confinement des eaux d’extinction est quant à lui aménagé au nord-ouest de l’entrepôt et clôturé.

« Il n’y a plus de chariot autour de nous, moins de risques de heurt. Les allées de picking sont larges, l’emplacement des stocks bien pensé », précise Virginie Perrin, préparatrice de commandes. « Même le samedi matin, quand nous sommes nombreux, le travail est serein. Et puis, on voit bien plus clair », ajoute Brigitte Bonjour, sa collègue. La Carsat a beaucoup insisté sur l’éclairage naturel, demandant l’ajout de châssis en façade, du côté des quais ou encore de l’atelier copacking, où sont préparées les offres promotionnelles. S’il y avait quelque chose à refaire ? « On gagnerait sans doute à avoir un ou deux mètres de recul supplémentaire au niveau de la zone tampon, entre la préparation de commandes et l’expédition, où se croisent les caristes qui viennent chercher leurs palettes et ceux qui vont charger le camion », reconnaît le directeur.

Du côté des quais, la conception a suivi les préconisations de la brochure Conception et aménagement des plates-formes et entrepôts logistiques de l’INRS. Un mécanisme de calage automatique évite au chauffeur de descendre positionner sa cale. Les portes de quais sont motorisées. « L’entreprise a prévu un système de maintien de la remorque à quai, des niveleurs et des boudins d’étanchéité », commente Éric Billiard. « Cela permet d’éviter la déperdition de froid, le ruissellement d’eau à l’intérieur et l’inondation du niveleur en cas de pluie, qui peut être source d’accident », soutient Pierre Callet. Un dispositif qui devait permettre aux chauffeurs d’ouvrir les portes de leur remorque depuis le quai a été également conçu mais, peu pratique, il n’est pas utilisé.

Des boudins d'étanchéité ont été installés au niveau des quais

Les futurs probables sont dans les tiroirs

À l’autre bout du bâtiment, un local est dédié aux opérations de charge des batteries des chariots élévateurs. Dimensionné en fonction des besoins, il est doté d’une porte dédiée aux piétons et d’accès sécurisés jusqu’aux chariots. Un atelier de maintenance est aménagé, les prestataires disposant de places de stationnement dédiées à proximité de la zone et des locaux techniques. Pour l’accès aux installations de diffusion du froid dans les cellules, un escalier intérieur et une passerelle technique ont été mis en place et des zones de dégagement permettent la manipulation des pièces.

L’accès à la toiture se fait par un escalier sécurisé à l’extérieur. « L’emplacement des accès maintenance a été défini en intégrant les possibilités d’extension, afin qu’ils puissent rester fonctionnels », souligne Nicolas Godard. Car, à terme, un tunnel de liaison à température dirigée est envisagé entre l’unité de production de pâtes et l’entrepôt. L’entreprise s’est également laissé la possibilité d’installer une troisième cellule. En termes de futurs probables, plusieurs scénarios sont dans les tiroirs.

UN VOLET PARTICIPATIF POUSSÉ

À l’une des extrémités du bâtiment, l’atelier copacking a bénéficié d’un important travail sur l’ergonomie. « Nous ne travaillons plus au milieu des caristes. Nous avons des tables réglables à hauteur variable pour préparer les offres promotionnelles, une vue dégagée sur l’extérieur », évoque Sonia Hanini, une opératrice. Pour la conception des espaces de repos, l’entreprise a, là aussi, vu les choses en grand : à l’intérieur, avec l’accès à un open space « où l’on se croise tous, que l’on travaille dans le stock ou à la direction » ; et à l’extérieur, où les salariés vont se détendre sur la terrasse. Des grilles protègent les piétons des véhicules. « Nous avons été consultés, aussi bien sur nos besoins aux postes de travail que sur les lieux collectifs, jusqu’au choix d’éléments de décoration. C’est l’idéal pour se sentir investis », assure Virginie Perrin, une préparatrice de commandes.

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