Ce site est édité par l'INRS
Déchèterie

Brumiser les bennes à gravats pour limiter la poussière

La déchèterie de Saint-Thibault-des-Vignes possède des rampes de brumisation au-dessus de ses bennes à gravats. Un outil qui limite la mise en suspension de poussières provenant de déchets issus de travaux, et protège ainsi le personnel et l’environnement de travail.

5 minutes de lecture
Céline Ravallec - 01/09/2022
Lien copié
Deux usager de la déchèterie vident une remorque dans une benne à gravats

En ce lundi après-midi de juin, sec et ensoleillé, l'activité sur la déchèterie de Saint-Thibault-des-Vignes, en Seine-et-Marne, est représentative d'un début de semaine : plutôt calme. Si la station accueille en moyenne près de 5 000 personnes par mois, l'affluence est très variable selon le jour de la semaine et l'heure de la journée. Néanmoins, au fil de l'après-midi se succèdent des voitures de particuliers apportant déchets verts, vieux meubles, gravats, pots de peinture et autres cartons... S'agissant d'une déchèterie à quai, chaque usager dépose lui-même ses détritus dans les bennes installées en contrebas après avoir été orienté par l'agent d'accueil vers la bonne zone de dépôt. Le site compte quatorze bennes de stockage pour divers types de déchets apportés exclusivement par des particuliers.

Parmi ces bennes, les deux dédiées au dépôt de gravats sont équipées d’un dispositif de brumisation : une rampe a été installée sous le toboggan qui aide à déverser les déchets. Lors des dépôts de gravats – qui sont les déchets les plus à risque de contenir des poussières dangereuses pour la santé telles que des particules de silice cristalline ou des fibres d’amiante –, la rampe se déclenche à l’approche d’une personne. Ainsi, les poussières sont rabattues au fur et à mesure du déversement dans la benne.

« Ce système comble la difficulté du contrôle de la nature des matériaux à l’entrée des déchèteries, et protège ainsi les agents d’accueil et leur environnement de travail », souligne Séverine Barlier, contrôleuse de sécurité à la Cramif. Il limite en effet la dispersion des particules dans l’environnement direct, protégeant à la fois les usagers et le personnel de la station. « On sent une vraie différence, on respire beaucoup moins de poussières de gravats », témoigne Zaher, agent à la déchèterie.

Cibler les poussières à effet spécifique 

Ce dispositif a été installé par l’ancien exploitant du site, Suez, en accord avec le Sietrem, propriétaire du site. À l’époque, son installation avait fait l’objet d’une subvention de la Cramif. Lorsque Veolia, par le jeu des appels d’offres, récupère l’exploitation de cette déchèterie en novembre 2019, l’entreprise hérite du dispositif. « La prise en main s’était faite au fil de l’eau, puis la crise sanitaire est arrivée très vite, entraînant l’interruption de l’activité, détaille Nabila Makhloufi, responsable de l’agence d’Émerainville. Au moment de la remise en service du dispositif de brumisation, en juin 2021, on a constaté qu’il était en panne. Nous avons dû nous pencher sur le sujet, demander un diagnostic de remise en route et un devis pour la réparation. »

L’exploitant s’est alors orienté vers un contrat de maintenance, avec contrôle semestriel par un prestataire, mise en route du système au printemps et mise hors gel à l’automne. Les rampes comptent douze buses dont le diamètre a été dimensionné pour rabattre efficacement les poussières à la source. Il faut en effet que la quantité d’eau soit suffisante, mais pas excessive, au risque de faire baigner les déchets dans des flaques et de gaspiller de l’eau.

test

Du fait de l’organisation des déchèteries, notamment du lien commercial entre le propriétaire (le plus souvent un établissement public de coopération intercommunale) et l’exploitant, peut se poser la question du financement d’un tel système. « Entre le fonctionnement et la maintenance, cela revient ici à environ 2 500 € par an », estime Nabila Makhloufi. La consommation d’eau est également une préoccupation des collectivités, en particulier dans les périodes de sécheresse comme en connaît actuellement le pays. « La brumisation permet une consommation d’eau maîtrisée et limitée, commente Sylvain Pouget, contrôleur de sécurité à la Cramif. Elle nécessite aussi beaucoup moins de nettoyage autour des bennes. »

1 034 tonnes de gravats ont été déposées en 2021 à la déchèterie, soit 30 % en poids de l'intégralité des déchets recueillis.

Bien que concluant, ce dispositif reste pour l’heure encore expérimental : quand les deux rampes sont simultanément activées, le déclenchement ne se fait pas toujours de façon instantanée sur l’une des deux. La zone de détection du capteur de mouvement, qui actionne la rampe, a été réduite car, initialement, le passage d’une voiture déclenchait le dispositif. Mais il nécessite encore d’affiner la zone de passage des usagers, peut-être par un système de rayon laser.

« La rampe de brumisation est un élément pour sécuriser le personnel face à la découverte accidentelle d’amiante dans les gravats, mais pas le seul, souligne Honorine Pélicier, responsable prévention, santé, sécurité chez Veolia. En parallèle, il y a aussi des formations au repérage, la définition de modes opératoires précis… » Cela nécessite de la pédagogie, tant en interne qu’auprès des usagers et des collectivités. « Il existe différents dispositifs techniques (rampes, canons…), que l’on peut envisager de déployer progressivement sur le terrain en fonction de la capacité de chaque site, de la fréquentation, etc. Notre direction technique et performance, qui est toujours en veille sur les nouveaux dispositifs, recense en interne et en externe les systèmes les plus performants qui pourront à terme être déployés sur le terrain », conclut-elle.

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : déchèterie de Saint-Thibault-des-Vignes 
Activité : recueil dans des bennes à quai de déchets de particuliers préalablement triés
Lieu : Saint-Thibault-des-Vignes (Seine-et-Marne)
Exploitant : Véolia 
Effectif : 2 agents d'accueil sur site

Partager L'article
Lien copié
Sur le même sujet

A lire aussi