Tout a été pensé à la conception du bâtiment pour rendre la production plus fluide et améliorer les conditions de travail.
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© Guillaume J. Plisson pour l'INRS/2022
« On était arrivés au bout du bout, nous ne pouvions plus pousser les murs », raconte Anna Bochard, directrice générale de Design Bois, menuiserie spécialisée dans la conception, la réalisation et l’agencement de mobiliers pour grands comptes. Depuis le vaste atelier flambant neuf et baigné de lumière, celle-ci ne cache pas sa satisfaction d’avoir déménagé dans un nouveau bâtiment de 6 000 m2 situé à La Tour-de-Salvagny, à proximité de Lyon. « Ce fut une formidable opportunité de repenser nos locaux pour qu’ils soient mieux adaptés à notre activité et plus sûrs pour nos équipes », explique-t-elle.
Créée en 2006 à Lozanne, déjà dans le Rhône, Design Bois se développe rapidement. En 2019, malgré plusieurs agrandissements, force est de constater que le site n’est plus dimensionné pour faire face à sa hausse d’activité. « On manquait de place, on avait même du mal à installer nos nouveaux collaborateurs », explique Loïc Recorbet, manager d’atelier. Après plusieurs mois de recherches, l’entreprise finit par acquérir un ancien entrepôt de stockage de graines.
Le hasard fait parfois bien les choses. À la même période, la Carsat Rhône-Alpes contacte Design Bois dans le cadre du programme Risques chimiques Pros. « Il s’agissait de faire un diagnostic de leur démarche de réduction de l’exposition des salariés aux poussières de bois », explique Catherine Wilhelm, ingénieure-conseil et responsable du laboratoire interrégional de chimie de la Carsat Rhône-Alpes. Au vu du contexte, c’est finalement l’ensemble du projet de réhabilitation du nouveau site qui fait l’objet d’échanges avec la Carsat.
FAVORISER LES ÉCHANGES
Dès la conception du nouveau bâtiment, l’aménagement a été pensé pour encourager les échanges entre salariés. « Nous souhaitions réduire les clivages entre équipes, notamment entre l’atelier et les bureaux », explique Anna Bochard, directrice générale de Design Bois. Les séparations physiques ont en effet été limitées. Dans les bureaux, l’open space a été privilégié. Situés au même étage, les services administratifs, les équipes de conception et la direction sont séparés par des châssis vitrés. L’atelier est également visible depuis les bureaux grâce à de grandes vitres. L’organisation du travail va aussi dans le sens d’une plus grande mixité. Ainsi, les menuisiers doivent se rendre dans les bureaux pour travailler sur la programmation des machines à commande numérique. Enfin, des espaces de pause communs sont à disposition.
« Il y avait chez Design Bois une envie de faire au mieux pour améliorer les conditions de travail », explique Éric Billard, ingénieur-conseil à la même Carsat. Tous les sujets de prévention sont abordés : manutentions, circulations, ventilation, éclairage… « L’aide de la Carsat a été cruciale, assure Anna Bochard. Sans eux, nous aurions commis des erreurs et, compte tenu des sommes engagées, leurs conseils ont été précieux. »
Design Bois crée un comité pour penser la future implantation. Il réunit la direction et des représentants de chaque activité : conception, logistique, technique, production, pose, maintenance… Une boîte à idées est également mise à disposition. « On a apprécié d’être sollicités, confie Anthony Altobelli, chargé du parc machines. Cela a permis de prendre en compte l’avis et les contraintes de tous. »
Un progrès majeur
À l’issue de ces nombreux échanges, le projet prend forme. Le bâtiment sera finalement mis à nu pour créer de nouvelles ouvertures et ainsi favoriser l’éclairage naturel et générer de grands espaces ouverts. Les flux et l’organisation des différentes activités sont pris en compte. La réduction des risques professionnels irrigue l’ensemble du projet. L’ancien propriétaire réalise le gros œuvre et Design Bois, de par son expertise métier, pilote l’aménagement. Après huit mois de travaux, les équipes s’installent dans leurs nouveaux locaux.
De l’avis de tous, l’éclairage est un progrès majeur. « On partait de très loin, reconnaît Matthieu Marsande, coordinateur chantier. L’ancien site était très sombre. Maintenant, la lumière naturelle pénètre tout l’atelier, c’est bien plus agréable. » L’organisation des espaces, selon le principe de marche en avant qui consiste à assurer une progression continue des flux, est également plébiscitée. Les matériaux arrivent au sous-sol, où ils sont stockés puis découpés et plaqués, avant d’être acheminés à l’étage supérieur dans l’atelier de menuiserie pour l’usinage, le montage et les finitions.
« Notre organisation est bien plus fluide qu’avant, reconnaît Matthieu Marsande. Par exemple, nos scies sont désormais installées au sous-sol et à proximité de la zone de stockage des panneaux. On gagne ainsi du temps et on limite les nuisances sonores pour les menuisiers travaillant dans l’atelier. » Côté manutentions, l’installation de potences à ventouses, baptisées « mobylettes », soulage également les menuisiers. « Avant il fallait être plusieurs pour manipuler les panneaux de bois, maintenant on peut le faire seul », confie Raphaël Mendoza, un menuisier fabricant.
L'installation de potences à ventouses soulage les menuisiers. Elles permettent de manipuler seul les panneaux de bois, là où précédemment il fallait être plusieurs.
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© Guillaume J. Plisson pour l'INRS/2022
Clé de la réduction des expositions aux poussières de bois, le système d’aspiration épouse au plus près l’activité, en termes de disposition et de puissance. « C’est tout l’intérêt d’avoir pensé l’emplacement des machines avant de concevoir le réseau de ventilation », indique Catherine Wilhelm. Deux réseaux ont été créés : le premier est relié aux machines fixes, le second dessert chaque établi afin de connecter les machines portatives (ponceuses, lamelleuse…) et les outils de nettoyage.
De multiples avantages
Dans les open spaces accueillant les services administratifs et les équipes de conception assistée par ordinateur, l’éclairage naturel, l’installation de matériaux absorbants pour réduire la propagation du bruit contribuent également à améliorer le confort. « Nous aurions voulu faire plus, indique Anna Bochard. Mais les choix de conception imposent de faire des compromis entre la prévention des risques, les coûts et les contraintes de production notamment. »
Pour autant, la directrice générale reconnaît qu’investir dès la conception est toujours plus économique que corriger a posteriori. Elle y voit aussi un atout pour attirer les talents et gagner en attractivité auprès de clients toujours plus soucieux des conditions de travail de leurs prestataires. « C’est aussi une opportunité de gagner en productivité », reconnaît-elle. Les exemples sont nombreux. Les aides à la manutention font gagner du temps, le réseau de ventilation des machines portatives améliore la qualité du produit fini, qui est plus propre, et l’organisation des flux en marche en avant réduit les temps de déplacement. « Cela montre qu’en prenant en compte la prévention dès la conception, une entreprise peut aussi gagner en performance », explique Bertrand Grange, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes. « J’ai deux fois plus de surface, davantage de lumière, et il y a moins de bruit et de poussières. Donc moins de fatigue », conclut Raphaël Mendoza.
UNE OFFRE COMPLÈTE D’AMÉNAGEMENT D’ESPACE
Créée en 2006 avec trois salariés, Design Bois accueille aujourd’hui 94 collaborateurs. Cette entreprise propose des solutions pour l’aménagement d’espaces commerciaux (accueil, vente…), dans les secteurs de la restauration et de la grande distribution notamment. Mc Donald’s, Roland Garros et Géant Casino comptent parmi ses clients. L’offre de Design Bois comprend la conception et la réalisation de mobiliers et d’agencements en bois, ainsi que la maîtrise d’œuvre des chantiers, la plâtrerie, la peinture, les faux plafonds et les sols souples, sans oublier la pose chez le client. Design Bois dispose également de frigoristes pour l’intégration de vitrines réfrigérées dans ses propositions. Son chiffre d’affaires annuel est de 16 millions d’euros.
