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Conception de locaux

Intégrer la prévention dès la conception d'une nouvelle usine

Entreprise espagnole de fabrication de contreplaqué, Garnica installe sa deuxième unité de production française dans l’Aube, à côté de Troyes. Un projet d’envergure qui nécessite encore plusieurs années pour être finalisé. La première étape, qui consiste à lancer l’activité de déroulage des troncs de peuplier, a bénéficié de l’intégration de la prévention sur plan et a anticipé les futurs développements.

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Damien Larroque - 23/09/2022
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Un homme présente une dérouleuse en cours d'installation

En 1941, une tempête traverse en Espagne la région de La Rioja, déracinant de nombreux arbres sur son passage. Au lendemain de ces violentes intempéries, la scierie Garnica est créée pour aider au dégagement des routes et à la sécurisation des forêts. Suivront trente ans dans le sciage du bois avant que l’entreprise ne se lance, en 1973, dans la transformation de peupliers en contreplaqué à deux couches, celui dont sont faites les boîtes de fromage et les caisses à huîtres.

En 1985, Garnica passe à du contreplaqué plus résistant, composé de 5 à 15 plis en général, que l’on retrouve dans les aménagements de caravanes, de voiliers ou de yachts, sur les façades de bâtiments ou dans le mobilier de cuisine. Restée familiale, Garnica possédait six sites de production, cinq dans la péninsule ibérique et un à Samazan, dans le sud-ouest de la France, avant la mise en fonctionnement cette année de sa septième usine installée à Sainte-Savine, dans l’Aube.

20 ha , c’est la surface du terrain qui accueille la nouvelle usine de Garnica.

Dans un premier temps, seuls l’écorçage, le billonnage et le déroulage des troncs de peuplier seront réalisés dans cette nouvelle installation. Les feuilles de bois seront envoyées dans les autres manufactures de l’entreprise pour être séchées et assemblées. « Un premier bâtiment de 4 000 m2 est sorti de terre, mais d’ici six à dix ans les locaux s’étendront sur 40 000 m2, indique Pierre Dhorne, le directeur de l’usine, qui en dirige la construction. Les réseaux électriques et de gaz ont été tirés sous toute la surface du terrain. Nous pourrons ainsi facilement y relier nos installations sans avoir à creuser des tranchées dans les dalles de béton déjà posées. Nous gagnerons ainsi du temps et de l’argent. »

Un esprit d’anticipation qui a prévalu en matière de prévention des risques professionnels, notamment grâce à l’implication de la Carsat Nord-Est dans le projet. « Nous avons appris l’arrivée de Garnica par le biais d’un article dans la presse locale en septembre 2018, se remémore Fanny Frappin, contrôleuse de sécurité à la Caisse. Nous nous sommes donc rapprochés de l’entreprise et, grâce à des rendez-vous réguliers, nous avons pu distiller nos conseils très en amont du lancement en mars 2021 des travaux. Gommer sur plan est plus simple et moins cher que de devoir effectuer des travaux correctifs sur un bâtiment. » Ainsi, le transformateur électrique est installé dans un local séparé, permettant de gagner en sécurité, mais aussi en espace puisque la salle de pause est plus vaste que ce qui avait été initialement prévu. Les vestiaires qui avaient quant à eux été imaginés à l’étage seront finalement au rez-de-chaussée, limitant ainsi les risques de chute.

Leds et puits de lumière

La Carsat a aussi attiré l’attention sur l’organisation des flux du site, dont l’activité devait démarrer en septembre 2022 (le reportage a été réalisé avant le début de la mise en route de l’usine, en juillet 2022). Une entrée réservée aux salariés et aux visiteurs est pleinement dissociée de la circulation des camions de matière première. Le trajet des transporteurs a été pensé pour leur permettre de décharger les grumes dans le parc à bois qui, à terme, s’étendra sur 80 000 m2, et de ressortir du site sans croiser d’autres véhicules. « Bien entendu, nous réorganiserons les flux, intérieurs comme extérieurs, au fur et à mesure de la construction du reste de l’usine », souligne Pierre Dhorne.

Autre précaution qui prendra tout son sens lorsque les autres parties de l’usine seront en place, les attache-fusibles qui relient les bâtiments connexes et permettent, en cas de sinistre, d’éviter un effet domino en empêchant qu’une charpente n’entraîne les voisines en s’écroulant. Les murs en béton cellulaire ont été retenus pour leur qualité isolante, tandis que le plafond a été traité acoustiquement par la pose de plaques perforées.

Quant à l’éclairage, il sera assuré par des leds associées à des puits de lumière placés à des endroits stratégiques afin de ne pas avoir de sources lumineuses au-dessus des scanners qui servent à évaluer la qualité des feuilles de peuplier. « L’accès au toit se devait d’être permanent pour permettre aux opérateurs de maintenance d’y monter sans risque, explique Charles Rougeaux, contrôleur de sécurité BTP à la Carsat Nord-Est. Plutôt qu’une échelle à crinoline peu pratique, voire dangereuse lorsqu’il s’agit de l’emprunter avec des outils, Garnica va prochainement installer un escalier en colimaçon équipé d’une rampe. »

Un homme présente les attache-fusibles qui relient les bâtiments connexes

Au-dessus de la dérouleuse, qui dévide les troncs de peuplier un peu à la manière d’un immense taille-crayon, un pont roulant sera utilisé par la maintenance pour déplacer les grosses pièces. Il servira aussi à libérer les billons de bois pouvant se coincer sur le convoyeur en provenance des machines extérieures qui retirent l’écorce des troncs avant de les débiter. La lame de la dérouleuse nécessitant d’être régulièrement démontée pour affûtage, Garnica a travaillé avec le fabricant de la machine pour qu’il y intègre un support pour le robot en charge de récupérer et de remettre en place cette pièce. Réduisant ainsi les risques mécaniques, de chute et de coupures pour les opérateurs.

Et du fait de la grande technicité du métier de dérouleur, une attention particulière a été portée à l’intégration et à la formation des salariés de la nouvelle usine. « Ils ont suivi une formation sur le site de Samazan, en binôme avec un technicien chevronné, rapporte Audrey Baudry, responsable des ressources humaines de Garnica France. Pour se familiariser avec le monde de l’industrie et les principes du lean, les nouveaux embauchés participent à un stage de l’UIMM (NDLR : Union des industries et métiers de la métallurgie) et une session dans une école forestière locale leur fait acquérir des connaissances utiles pour travailler le peuplier. »

La première étape de conception de cette nouvelle usine a été franchie avec succès par Garnica. En poursuivant sa collaboration avec la Carsat et en s’appuyant sur les ressources de l’université technologique de Troyes, l’entreprise va étudier différents scénarios afin de définir, grâce à un logiciel de simulation 3D, les flux les plus sûrs pour les installations à venir.

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Garnica Troyes
Activité : fabrication de contreplaqué
Lieu : Sainte-Savine (Aube)
Effectif : 50 salariés fin 2022, 300 à terme
Production : objectif de 130 000 tonnes de peuplier transformées en feuilles fin 2022

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