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Le réemploi des déchets de production

La seconde vie du lave-glace

Les entreprises ne savent pas toujours quoi faire de leurs déchets et, pourtant, des aides extérieures existent. Exemple avec l’entreprise de démantèlement et de recyclage automobile GPA 26, basée dans la Drôme, qui s’interroge sur la façon de revaloriser les liquides lave-glace. Entretien avec Olivier Dierckx, responsable QSE de l’entreprise.

3 minutes de lecture
Céline Ravallec - 14/02/2023
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L'entreprise GPA26 cherche à revaloriser les liquides lave-glace des véhicules hors d'usage.

Travail & Sécurité. Parmi tous les composants d’une automobile qui peuvent se recycler, vous travaillez actuellement sur le réemploi des liquides lave-glace. Pourquoi cette approche ?

Olivier Dierckx. Encore récemment, c’était un liquide considéré comme un déchet, qui était expédié dans une usine de collecte et de traitement de déchets industriels. Or, d’un côté, on récupère ce produit sur les véhicules en fin de vie pour l’évacuer, de l’autre, on achète ce même produit en tant que matière vierge. C’est pourquoi nous cherchons comment nous pouvons réemployer directement les lave-glace encore présents sur les véhicules qui nous arrivent, que ce soit pour alimenter nos propres camions de transport mais aussi pour les proposer à prix réduit aux entreprises de transport de notre région.

DÉPOLLUER UN VÉHICULE

L’entreprise GPA 26 valorise les véhicules hors d’usage ou accidentés, qui sont considérés comme des déchets à leur arrivée. Elle cherche constamment des pistes pour valoriser les différents constituants d’un véhicule. Aujourd’hui, la réglementation impose de réutiliser et valoriser 95 % du poids d’un véhicule. Tous ces composants peuvent être valorisés sous forme de pièces détachées d’occasion, de matières réemployables (aluminium, polypropylène…), et une partie, comme les fluides (carburants, huiles, liquides de refroidissement, lave-glace…), peut être réutilisée.

Existe-t-il des blocages techniques ?

O. D. Sur le principe, il est possible de les récupérer à l’aide de systèmes de filtration. De la même façon, les carburants font déjà l’objet d’une filtration pour être réutilisés en interne. Par exemple, nous utilisons le gasoil issu de la dépollution pour nos chariots (hybrides) sur le parc et dans la chaudière de notre usine. Mais il existe deux types de liquide lave-glace, un pour l’été et un pour l’hiver, qui n’ont pas les mêmes teneurs, ni les mêmes effets. Si la base d’un lave-glace est composée d’eau déminéralisée, d’alcool et d’éthylène glycol, ceux utilisés en hiver contiennent une plus grande teneur en alcool. Or, pour l’heure, on ne sait pas faire la distinction entre les deux et ainsi garantir la qualité de ce qu’on souhaite vendre à nos clients.

Comment menez-vous les recherches pour déterminer les compositions ?

O. D. Dans le cadre de la démarche DiagEco-Flux, de l’Ademe, et par l’intermédiaire d’une société de conseil qui nous accompagne, nous avons été mis en contact avec le lycée Galilée de Vienne, qui propose un BTS métiers de la chimie. Une réflexion est en cours sur un process test, qui reste à développer à partir d’un volume de 1 000 litres. C’est encore en phase d’avant-projet et nous espérons que cela deviendra un sujet d’étude avec les étudiants à la rentrée 2023.

Au-delà de la technique, comment prenez-vous en compte les risques associés à ces nouvelles approches ?

O. D. L’organisation des postes de travail est une préoccupation constante : l’ergonomie des postes est toujours étudiée, mais aussi les manutentions ou l’exposition au risque chimique par exemple. Les systèmes d’aspiration et de récupération des fluides sont conçus notamment pour qu’il n’y ait aucun contact direct et aucune exposition des opérateurs. Les ventouses créent l’étanchéité autour du produit. Au poste de dépollution, le seul fluide visible est l’huile de vidange. Mais c’est un liquide épais qui, par sa densité, ne se répand pas partout.

Est-ce facile d’innover sur ces sujets de valorisation et de réemploi ?

O. D. C’est notre ADN, notre raison d’être depuis 60 ans. On travaille sur tous les sujets en lien avec le recyclage et la valorisation des déchets. Et quand on parvient à allier écologie et économie, les projets avancent beaucoup plus vite. Avoir cette double approche est gagnant pour l’entreprise. Nous avons un autre avant-projet en cours sur l’utilisation du GPL de récupération. Actuellement nous détruisons le GPL via une torchère, mais nous étudions l’achat d’un véhicule GPL pour utiliser ce gaz de récupération.

UN PROGRAMME DE L'ADEME

DiagEco-Flux est un programme d’accompagnement de l’Ademe, destiné aux entreprises, ayant pour objectif d’optimiser les coûts et de réaliser des économies durables en réduisant leurs pertes en énergie, matière, déchets et eau.

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