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Les salariés intérimaires

L’information et la prévention déployées sur le terrain

Avec la multiplication des missions des services de prévention et de santé au travail (SPST), le suivi médical des intérimaires se heurte à diverses difficultés. Entretien avec Bruno Antoinet, directeur du CIHL45, un SPST qui mène actuellement des essais autour d’une démarche collective en faveur des travailleurs temporaires.

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Céline Ravallec - 02/06/2023
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Illustration d'une visite médicale.

Travail & Sécurité. En partenariat avec l’université d’Orléans, vous menez actuellement une expérimentation de visites d’information et de prévention (VIP) collectives auprès des intérimaires. Quelle est l’origine de cette démarche ?

Bruno Antoinet. Le suivi de la santé au travail de la population intérimaire n’est pas simple. Du fait de la courte durée de nombreux contrats, beaucoup d’intérimaires disparaissent aussi vite qu’ils apparaissent. Pour les services de prévention et de santé au travail (SPST), c’est compliqué de les suivre correctement. D’autant que nous manquons également de temps médical. Nous avons donc cherché une solution pour parvenir à les toucher plus largement. Le département du Loiret compte de nombreuses bases logistiques, un secteur qui emploie un pourcentage important d’intérimaires. C’est une zone propice à une telle expérimentation.

Quel en est le principe ?

B. A. Plutôt que de recevoir individuellement les intérimaires dans le cadre de VIP, nous organisons des sessions par groupes de dix à quinze. Elles se déroulent dans l’entreprise utilisatrice ou chez nous, et réunissent des personnes occupant un emploi identique. Une infirmière du travail l’anime, et aborde différents thèmes : les risques présents au poste qu’ils occupent, les moyens de prévention mis à leur disposition, les points de vigilance. L’animation dure entre 15 et 30 minutes afin de conserver l’attention des participants.

Une séance de cette durée a-t-elle un effet ?

B. A. C’est une première sensibilisation au sujet. Cette présentation permet d’ouvrir le dialogue entre les intérimaires. Ils posent plus facilement certaines questions, et continueront peut-être à en discuter entre eux ensuite. Précisons que le public ciblé est une population relativement jeune, présentant potentiellement peu de problèmes de santé. Au terme de l’animation en salle, un questionnaire de santé est remis et chaque personne est reçue individuellement. Si l’infirmière décèle un élément laissant penser qu’il peut y avoir un problème de santé, elle sera alors réorientée vers le médecin du travail. Si tout va bien, le participant reçoit une attestation de visite d’information et de prévention. Et chaque intérimaire repart avec un pack prévention, dans lequel figurent les principaux messages de prévention, comme des fiches repères de sensibilisation par risque, par type d’exposition, etc.

Il apparaît que beaucoup d’intérimaires sont étrangers ou maîtrisent mal la lecture ou l’écriture. Comment parvenez-vous à surmonter cette barrière ?

B. A. Notre questionnaire est traduit en une dizaine de langues, parmi les plus fréquemment rencontrées, et rédigé de façon à être compréhensible pour les personnes peu à l’aise avec la lecture. On a eu le cas de travailleurs originaires de Mongolie. Dans ce cas, le questionnaire a été traduit dans leur langue maternelle.

Et au terme de cette expérimentation ?

B. A. Une évaluation va être réalisée par l’université d’Orléans afin d’orienter le développement de cette initiative, et voir si cette approche peut être déployée plus largement.

LA QUESTION DU SUIVI MÉDICAL DES INTÉRIMAIRES

« Les réformes successives ne changent rien pour nous, les difficultés d’accès aux visites médicales pénalisent les intérimaires, déplore Dominique Delcourt, directrice des affaires juridiques chez Prism’emploi, qui met en lumière un problème récurrent rencontré dans le secteur de l’intérim. Nous sommes dans une situation atypique, avec des embauches tout le temps, sur des temps courts, on a bien conscience que l’on complique la tâche des services de prévention et de santé au travail, poursuit-elle. Mais il est compliqué d’admettre que le défaut de visite médicale est un frein à l’emploi des intérimaires, surtout quand ils font l’objet d’un suivi individuel renforcé. Nous avons des remontées de nos adhérents toutes les semaines sur la réelle difficulté que cela représente. »

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