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Les salariés intérimaires

Temporaires ou permanents, des travailleurs à égalité

Le projet de construction du canal Seine-Nord Europe va faire appel à un nombre important de travailleurs intérimaires. D’ores et déjà, les institutionnels se coordonnent pour organiser l’accueil et les missions de ce public dans les meilleures conditions possibles.

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Céline Ravallec - 02/06/2023
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Casques de chantier.

C’est un projet d’envergure. La construction du canal Seine-Nord Europe (CSNE), qui reliera d’ici à 2030 Compiègne, dans l’Oise, à Aubencheul-au-Bac, dans le Nord, démarre. Pour construire ce canal de 107 km de long, incluant plusieurs ouvrages d’art, jusqu’à 6 000 personnes vont être mobilisées sur plusieurs années, et même 10 000 à 12 000 si l’on inclut les emplois indirects. La moitié d’entre eux devraient être des intérimaires.

En amont de ce chantier d’ampleur, les acteurs institutionnels en santé et sécurité au travail (SST) ont profité de l’intégration du projet dans le Plan régional santé travail 4 pour mettre sur pied une coordination avec les entreprises impliquées afin d’organiser la sécurité des intervenants. « Parmi les sujets figure le renforcement de la SST sur ce chantier, et plus spécifiquement celle des intérimaires », présente Jean-Charles Marzin, directeur QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement) de la Société du canal Seine-Nord Europe.

Cette action coordonnée et expérimentale vise ainsi à augmenter le niveau de prévention pour l’ensemble des intérimaires. Une préoccupation particulièrement justifiée puisque les chiffres montrent que dans le BTP ces derniers souffrent d’une sinistralité significative : si l’intérim représente 11 % des heures travaillées, il constitue 28 % des accidents recensés et 19 % des jours d’arrêt. « Sur la plupart des chantiers de BTP, les intérimaires sont perçus comme des “pièces rapportées”, observe Alain Reffas, ingénieur-conseil à la Carsat Hauts-de-France. Cette approche permet de traiter les intérimaires de la même façon que les autres salariés, qu’il s’agisse de leur intégration, du passeport prévention, ou de leur suivi de mission. Ça permet aussi de définir des standards de sécurité et de les intégrer dans les appels d’offres des futurs lots. »

Coréflexion, coconstruction et formation

Ainsi, l’inspection du travail, l’Anact, l’OPPBTP, la Carsat Hauts-de-France, trois services de prévention et de santé au travail interentreprises, la Dreets mais aussi des agences d’emploi, des organisations professionnelles ainsi que des entreprises utilisatrices se rencontrent régulièrement depuis plus d’un an pour mettre sur pied les actions d’ici à la fin de l’année. Une instruction spécifique Intérimaires va par exemple être annexée au système de management de la sécurité. « C’est la première fois que nous sommes associés aussi tôt sur les conditions de travail des intérimaires, commente Stéphane Cuny, responsable prévention sécurité chez Adecco France. On sent une volonté d’inclure l’intérim au cœur de la démarche de prévention du CSNE. » « Cette coréflexion et cette coconstruction est une vraie nouveauté », confirme Cyrille Bourasseau, coordinateur prévention sécurité BTP dans le même groupe.

Afin de pourvoir aux besoins et d’élaborer un véritable parcours professionnel est aussi prévu un important volet formation destiné aux intérimaires. « Les enjeux ici sont de différents ordres : préparation des intérimaires à l’entrée sur le chantier, en matière d’emploi, ainsi qu’une anticipation des volumes d’intérimaires qui seront nécessaires, résume Jean-Michel Schweitzer, pilote de la coordination pour le compte du Fonds d’action sociale du travail temporaire. Il est rare que l’intérim soit à ce point pris en compte dans les dispositifs de prévention. Le déploiement des actions dans les prochains mois au fil des recrutements concrétisera cette démarche conjointe. »

LE CHANTIER EN CHIFFRES

  • 6 secteurs techniques divisent le tracé du canal, chacun répondant à un calendrier précis. Les travaux d’infrastructure ont démarré en 2022 pour le secteur 1 (Compiègne-Passel). Ils comprennent successivement : les opérations de terrassement et le creusement du canal, la construction des ouvrages, le rétablissement des voies de circulation, la phase de remplissage.
     
  • 72 ouvrages d’art (dont 3 ponts-canaux et 7 écluses) ponctueront le tracé de 107 km du canal. Il comptabilisera également 62 franchissements routiers et ferroviaires. Plus de 1 100 hectares feront l’objet d’aménagements paysagers et environnementaux.
     
  • 5 milliards d’euros, c’est le budget de ce chantier, financé par l’Union européenne, l’État français et les collectivités territoriales.
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