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Les salariés intérimaires

Un accueil de qualité pour des missions en sécurité

Afin de fidéliser son personnel intérimaire en lui assurant de bonnes conditions de travail, l’entreprise de logistique STG a mis sur pied une information et un accueil étoffés. Une pratique qui a fait l’objet d’une observation par le service de prévention et de santé au travail qui la suit.

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Céline Ravallec - 02/06/2023
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Un intérimaire prépare une commande au gel, à - 22 °C.

« Où travaillent les intérimaires ? », « Que font-ils ? », « Comment le font-ils ? », « Comment sont-ils intégrés aux équipes ? »... Ce sont ces questions qui ont motivé un rapprochement entre le service de prévention et de santé au travail (SPST) Ametif ST, dans le Val-d’Oise, et sept entreprises volontaires de son secteur. Parmi elles, l’entreprise de logistique STG, basée à Saint-Ouen-l’Aumône, qui réalise l’approvisionnement de restaurants (groupe Le Duff, Popeye’s, Flunch, Havi) sur toute l’Ile-de-France.

« Il existe peu d’études et de littérature sur la relation triangulaire intérimaire-agence d’emploi-entreprise utilisatrice, remarque Jean-Michel Schweitzer, consultant en relations sociales et conditions de travail pour le Fonds d’action sociale du travail temporaire. C’est pourquoi nous nous efforçons avec des SPST interentreprises volontaires de réaliser des observations de terrain. Elles mettent au jour des spécificités liées à cette relation tripartite et aident à engager des actions de prévention mieux adaptées. La santé et la sécurité des intérimaires jouent aussi favorablement pour tout le collectif de travail. » D’où l’intérêt d’une telle approche sur le terrain.

Le site saint-ouennais de STG a été créé en 2021. Viandes, fruits et légumes, produits laitiers, boulangerie, boissons… transitent par cette plate-forme de 10 000 m2. Parmi tous les métiers rencontrés dans l’entreprise, quatre ont fréquemment recours à des missions d’intérim : préparateurs de commandes, agents réceptionnaires, agents logistiques d’expédition et caristes. Afin de garantir la qualité et la sécurité alimentaire de ces produits, l’entrepôt présente des zones de travail dans trois ambiances thermiques différentes : température ambiante pour les produits secs, entre 0 et 4 °C pour les produits frais et - 22 °C pour les produits surgelés.

Un intérimaire déplace une palette de produits à l'aide d'un chariot autoporté.

« Tout le monde est amené à travailler au gel, afin qu’il n’y ait pas de traitement de faveur sur les conditions de travail, présente Audrey Rycerz, chargée des ressources humaines du site. Si l’environnement de travail au frais est plus clément, les préparations de commandes y sont plus compliquées de par la diversité des produits à manutentionner. Alors qu’au gel, il n’y a que des colis, c’est plus simple mais dans des températures plus contraignantes. »

Session de préintégration

Les intérimaires qui sont affectés aux préparations de commandes commencent leur activité au frais, accompagnés d’un tuteur. Dès la deuxième semaine, ils passent au secteur gel. Car savoir qu’il faut travailler au froid est une chose, le pratiquer concrètement en est une autre. « Nous avions beaucoup d’abandons dans les premières 48 heures, quand les intérimaires découvraient ce que représentait le travail au froid, se souvient Audrey Rycerz. C’est pourquoi nous avons décidé de fournir un livret d’accueil aux agences de travail temporaire pour qu’elles informent très tôt les intérimaires de l’activité de notre entreprise, du contexte, des contraintes. »

UNE OBSERVATION IN SITU DE L’AMETIF ST

Une journée d’observations et d’échanges menée par le SPST Ametif ST s’est tenue au sein de STG en novembre 2022. « Le but était d’analyser ce qui se passe entre intérimaires, agence d’emploi et entreprise utilisatrice, explique Véronique Borotto, technicienne hygiène et sécurité à l’Ametif ST, et d’estimer comment sont pris en compte les risques entre intérimaires et permanents, voir si, sur des mêmes postes, ces deux populations sont exposées aux mêmes risques. » Une autre journée est prévue pour suivre une session de préintégration et voir ce qui en découle sur le terrain. « On cherche à entrer par la porte de la prévention, à la fois dans le champ du donneur d’ordres et de celui qui vend le service, afin que tout le monde soit doté des mêmes connaissances, résume Gérald Demortière, médecin coordinateur à l’Ametif ST. On sort ainsi des enjeux uniquement commerciaux entre agence d’emploi et entreprise utilisatrice au bénéfice d’une dynamique “gagnant-gagnant”. »

Une session de préintégration a également été mise sur pied par l’entreprise afin d’informer les intérimaires du contenu précis des missions avant qu’elles ne débutent. Ainsi, tous les lundis, STG évalue ses besoins en intérimaires et en informe les agences d’emploi avec lesquelles elle travaille. La préintégration se tient le mercredi, avec une visite du site, en vue de débuter la mission le mardi suivant. Les questions de santé et sécurité au travail (SST) y figurent en bonne place. Car les risques rencontrés dans l’activité sont divers : manutentions manuelles exposant aux TMS, chutes de plain-pied, collisions engins-piétons ou entre chariots, blessures par coupure ou écrasement, pression temporelle par rapport aux commandes à réaliser, travail au froid qui accentue les risques de troubles musculosquelettiques.

Outre cette information préalable, l’accueil dans l’entreprise et au poste fait ensuite l’objet d’un accompagnement attentif. « Il y a toujours un binôme qui assure la prise en charge d’un nouvel arrivant de A à Z, explique Fabio Neves, chef d’équipe à la préparation de commandes. Pendant les trois premières semaines, j’effectue un suivi particulier des nouveaux, avec un entretien une fois par semaine pour faire le point sur ce qui va, ce qu’il faut améliorer. C’est l’occasion d’un échange qui permet d’avancer ensemble. »

Suivi

« Je suis ici depuis novembre 2022, c’est un travail que j’aime, témoigne Jonathan Compper, intérimaire à la préparation de commandes qui travaille exclusivement en zone gel. J’avais déjà travaillé en logistique, mais pas dans les mêmes conditions qu’ici. L’ambiance de travail est bonne, on est accompagné aux postes quand on arrive dans l’entreprise. » À l’ouverture du site il y a deux ans, il n’y avait que des intérimaires à la production. Selon la chargée des ressources humaines, ils représentent aujourd’hui moins de 50 % de l’effectif. La plupart des actuels salariés sont d’ailleurs d’anciens intérimaires.

« Savoir qu'il faut travailler au froid est une chose, le pratique en est une autre. »

« Ce qui change par rapport à ce que j’ai connu dans une précédente entreprise de logistique, c’est le travail au gel. Mais on s’adapte vite, commente Jonathan Deffit, intérimaire depuis février à la préparation de commandes. J’ai vite été mis à l’aise par le chef d’équipe et les collègues qui apportent des conseils. Le suivi des trois premières semaines est utile aussi, ça permet de voir avec le chef d’équipe s’il y a des problèmes particuliers, et d’établir une bonne confiance entre nous. » À travers cette prise de conscience collective et une implication de tous, les conditions de travail gagnent en sécurité, tant pour le personnel permanent que pour le personnel intérimaire.

LE TÉMOIGNAGE DE...

Fabien Duplan, responsable qualité, hygiène, sécurité, environnement de STG

« Nous travaillons conjointement avec les ressources humaines sur les questions de santé et sécurité. Je réalise pour ma part plus l’animation technique au quotidien sur le terrain. Outre l’accompagnement sur les documents réglementaires (document unique, plan de prévention avec les prestataires…), ma fonction me situe à un carrefour entre la direction, les prestataires extérieurs, les équipes, sans faire de distinction entre permanents et intérimaires. Des contrôles hebdomadaires sur le site contribuent à faire remonter des problèmes : une porte de quai qui bloque, un chariot qui fonctionne mal, des soucis de maintenance divers... Nous réalisons aussi des analyses d’accidents pour comprendre comment ils surviennent. De mon point de vue, il y a trois facteurs pour faire baisser les accidents du travail : une bonne maintenance du bâtiment, une bonne maintenance des chariots, et le management, assurant une bonne communication pour effectuer des rappels réguliers des bonnes pratiques et le respect des procédures. »

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