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Construction

Du bois, du béton et de la coactivité

À Laxou, près de Nancy, GTM Hallé, filiale de Vinci Construction, dirige les travaux de construction d’un bâtiment de quatre étages, en bois et béton, destiné à accueillir des bureaux. Un chantier qui présente différentes particularités, prises en compte pour déterminer les mesures de prévention.

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Corinne Soulay - 14/09/2023
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Vue d'ensemble du chantier.

Vingt-trois mois. Le délai est serré. C’est pourtant le temps dont dispose GTM Hallé, filiale de Vinci Construction, pour ériger un immeuble de bureaux de quatre étages et 12 200 m2 de plancher, pourvu d’une structure mixte, bois et béton, surmontée d’une imposante verrière, ainsi qu’un parking silo de 400 places. En matière de prévention des risques professionnels, ce chantier, situé à Laxou, en Meurthe-et-Moselle, présente, en plus des risques classiques liés au secteur du BTP – chute de hauteur, manutention manuelle… – quelques spécificités, auxquelles il a fallu s’adapter.

D’abord, le terrain. Sur le papier, pas de difficulté particulière : le bâtiment préexistant ayant été démoli, au début des travaux en février 2022, les compagnons bénéficient d’un espace vierge. Mais après quelques semaines, la phase de terrassement révèle la présence de failles karstiques dans le plateau calcaire, des cavités creusées par la circulation d’eaux souterraines. GTM Hallé réagit rapidement. « Pour sécuriser le travail de nos collaborateurs, nous avons déroulé une géogrille, une sorte de tapis suffisamment rigide pour retenir les chutes des salariés en cas d’instabilité du terrain », souligne Julien Herreye, le directeur des travaux.

Un an plus tard, cet aléa est de l’histoire ancienne et le projet a bien avancé. Le gros œuvre en béton est achevé, et les structures en bois – poteaux, poutres et planchers des quatre étages – sont installées. Perchés à 12 m de hauteur, les uns sur des nacelles à ciseaux, d’autres opérant directement sur la charpente, sécurisés par le port du harnais, des ouvriers interviennent justement sur les dernières pièces de bois, d’imposantes poutres de pin de 23 à 27 m, destinées à soutenir la verrière qui couvrira l’atrium au centre du bâtiment.

5 800 m3 de béton et 2 000 m3 de bois ont été nécessaires pour ériger les 1 000 m2 de verrière et 5 500 m2 de façade vitrée qui composent le bâtiment.

Dans ce mode constructif, l’usage du bois présente des particularités à prendre en compte. Contrairement au béton que l’on peut reprendre sur le chantier si besoin, les structures en bois sont entièrement finalisées en usine. « Les réservations sont définies à l’avance pour éviter d’avoir à percer le bois une fois posé, explique Xavier Da Silva, responsable QPE (qualité prévention, environnement) pour GTM Hallé. Cela nous permet d’anticiper un certain nombre de tâches, ce qui réduit par conséquent les risques potentiels liés à des interventions non prévues. Par ailleurs, les fixations des garde-corps provisoires ont dû être adaptées pour le bois. » Des tests d’arrachement des vis d’ancrage ont été réalisés pour s’assurer de la bonne sécurité des installations.

Une telle architecture mixte induit aussi l’intervention de plusieurs entreprises spécialisées dans ces différents matériaux, sans compter les électriciens, plombiers, plaquistes, plâtriers, peintres… Avec quinze corps de métiers, les risques liés à la coactivité ont dû être anticipés avant le début du chantier. En particulier, pour éviter la multiplication des engins de levage et compte tenu du délai serré, il a été décidé que les travaux de gros œuvre et l’édification des structures en bois se dérouleraient l’un après l’autre et qu’une unique grue mise à la disposition de tous les corps d’état, serait installée au centre du bâtiment, pour transporter les matériaux.

Gestion spatio-temporelle

« Nous avons dû terminer le gros œuvre avant qu’Arbonis, la filiale de Vinci Construction spécialisée dans la conception et construction bois, n’intervienne, ce qui a supposé d’adapter nos modes constructifs, précise Julien Herreye. Nous avons d’abord construit les cages d’ascenseur et d’escalier en béton jusqu’au 4e étage, puis nous avons monté la structure bois du bâtiment autour de ces noyaux de circulation verticale. Si nous avions dû construire le bâtiment entièrement en béton, l’ensemble des éléments auraient été réalisés en même temps. » L’installation d’échafaudages et de passerelles sécurisés a donc été nécessaire.

Des ouvriers interviennent sur des poutres de pin.

Par ailleurs, si un planning des différents travaux a été établi en amont du chantier, pour gérer la coactivité, il est affiné chaque lundi, lors d’une réunion de tous les acteurs. L’objectif étant que les professionnels opèrent dans des zones les plus indépendantes possibles et qu’aucune équipe ne se retrouve à travailler l’une sous l’autre, avec des risques de chutes de matériel. GTM Hallé utilise également un logiciel d’optimisation de la supply chain. « Il permet une gestion spatio-temporelle du chantier : on sait qui travaille à quel moment à quel endroit, note Xavier Da Silva. Cela permet de réduire au maximum la coactivité sur certaines zones, mais aussi de piloter avec précision les flux de matériaux : quand vous livrez les produits au bon étage, au bon moment, cela évite les ports de charge inutiles et réduit le risque de TMS. » Ainsi, des dessertes provisoires de matériaux ont été aménagées à chaque étage, au plus proche des équipes. « Des solutions techniques permettent aussi de limiter les efforts physiques. Par exemple, pour poser les imposants vitrages de la façade, nous avons fait appel à une entreprise spécialisée qui utilise des palonniers à ventouse », indique Julien Herreye.

« Globalement, c’est un chantier où la prévention est très bien prise en compte et où le recours à la mécanisation est privilégié dès que c’est possible, confirme Benoît-Yves Lozach, contrôleur de sécurité à la Carsat Nord-Est. Pour le moindre travail en hauteur, par exemple, les ouvriers disposent d’une plate-forme adaptée. Cela va de la mini-nacelle individuelle automotrice, pour des travaux dans des espaces contraints, aux imposantes nacelles hydrauliques, munies de stabilisateurs et de plateaux étirables pour stocker du matériel, pour les façadiers. »

FICHE D'IDENTITÉ

Chantier : construction d’un bâtiment de quatre étages – 12 200 m2 de plancher, structure en bois et béton, pourvu d’un atrium surmonté d’une verrière –, d’un parking silo de 400 places et d’une chaufferie.
Lieu : Zac de la Sapinière, à Laxou (Meurthe-et-Moselle)
Gros œuvre : GTM Hallé
Coût : 41 millions d’euros
Durée des travaux : 23 mois

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