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Construction

Conditions de travail améliorées et performance globale accrue : l'innovation au cœur du chantier d'un hôtel

Boulevard de l’île Vertime, aux Sables-d’Olonne, les travaux de second œuvre du futur hôtel 4-étoiles qui fera face au ponton de course du Vendée Globe sont en cours. Un chantier où Eiffage Construction parvient, avec la mise en œuvre d’éléments préfabriqués (prémurs, salles de bains…), à optimiser les délais tout en améliorant les conditions de travail.

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Grégory Brasseur - 09/11/2023
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Des ouvriers en situation de travail sur un chantier btp.

La livraison du bâtiment est prévue le 1er mars 2024. Aux Sables-d’Olonne, en Vendée, l’Hôtel Vertime proposera alors, notamment aux amoureux du Vendée Globe, 105 chambres luxueuses donnant directement sur le ponton de course. Pour l’heure, en cet été 2023, les travaux de second œuvre ont commencé sur le site du futur 4-étoiles dont la construction est conduite par Eiffage Construction. « Le chantier a entièrement été conçu sous BIM », déclare Maxime Viel, conducteur de travaux chez Eiffage construction, l’entreprise générale.

Le BIM, pour Building Information Modeling, est un processus utilisant une maquette numérique 3D comme élément central des échanges entre les parties prenantes. L’idée étant d’instaurer un mode de management participatif, de la programmation jusqu’à la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance de l’ouvrage. « Lors des consultations, nous avons demandé que tous les lots fluides travaillent sous BIM : électriciens, plombiers, charpentiers… C’était l’un des critères de choix des sous-traitants », affirme le professionnel. En se projetant au plus près du réel, il s’agit d’éviter les écarts de conception et d’avancer de façon fiable, rapide et à coûts maîtrisés, avec des synthèses régulières partagées entre corps d’état.

Construire hors site pour réduire les risques 

Le chantier, dès la phase gros œuvre, avait d’importantes contraintes de place. Eiffage Construction a donc intégré des méthodes hors site innovantes et opté pour la préfabrication sur toutes les périphéries du bâtiment. Des prémurs de 3 m et plus ont ainsi été montés à la grue. Il s’agit de structures préfabriquées comportant deux pans de béton unis par des armatures et devant être comblés et liés entre eux une fois installés. « L’intérêt premier était de respecter des délais ultra tendus et d’optimiser la place. Mais cela a aussi permis de réduire la coactivité et de mieux maîtriser la sécurité sur chantier », reprend Maxime Viel.

Les travaux de stabilisation et de remplissage des prémurs peuvent se faire depuis l’intérieur du bâtiment. « Il n’y a pas à poser de banche ni à la régler à la barre à mine… On évite un certain nombre de postures contraignantes et de situations dangereuses », complète Maximilien Pesneau, contrôleur de sécurité à la Carsat Pays de la Loire. Si la question des délais revient, c’est que, en début de chantier, la présence d’amiante a été découverte pour la dépollution des zones arrières. Un imprévu qui a généré un retard de deux semaines qui doit désormais être absorbé.

88 % des maladies professionnelles reconnues par le régime général en 2021 sont des TMS. Dans le BTP, le lien entre TMS et manutentions manuelles fait de la prévention de cette atteinte à la santé l’un des axes majeurs d’amélioration des conditions de travail.

Autre élément clé de l’organisation : la pose de salles de bain industrialisées, des modules entièrement préfabriqués conçus sur mesure et en série. Ces blocs de deux tonnes ont été montés à la grue jusqu’à leur emplacement définitif. Pour cet hôtel, huit types de salles de bain ont ainsi été préfabriqués. Avec, bien sûr, la mise en œuvre d’une organisation spécifique, tant pour le stationnement des semi-remorques qui les ont livrées que pour le levage, le renforcement des planchers et la préparation de décaissés pour intégrer les modules, composés d’un socle de béton supportant les éléments constitutifs de la salle de bain.

« Une fois le module en place, il n’y a plus qu’à travailler sur les raccordements », indique Fabrice Geeraert, chef plombier chauffagiste chez F2E, une des entreprises intervenant sur le chantier. « On a quelques doubles blocs en vis-à-vis derrière lesquels il y a pas mal de place pour accéder à la gaine technique. Pour les autres, l’accès est un peu plus étroit », évoque Sébastien Grandin, plombier chauffagiste.

Deux salariés travaillent sur une maquette numérique.

Dans tous les cas, la conception a été pensée pour que ces opérations puissent se faire à hauteur d’homme. « Ils sont parvenus à réduire drastiquement la quantité de travail nécessaire sur le chantier et la coactivité dans une zone où, traditionnellement, plusieurs corps d’état interviennent en simultané, constate Maximilien Pesneau. Moins d’interventions dans des postures contraintes, moins de port de charges lourdes, moins de risques de chutes de hauteur… Les conditions de travail sur chantier y gagnent. »

Le contrôleur de sécurité souligne également le poids de la charge mentale au sein de cette activité. D’où la nécessité, défend-il, d’une organisation planifiée par phases, avec une logistique prévue en amont et des moyens définis pour la mécanisation des levages. « Cela fait aujourd’hui partie de la culture de l’entreprise et cela va dans le sens de l’amélioration de la performance globale », insiste Maxime Viel. Ainsi, les aléas de chantiers peuvent être gérés de manière beaucoup plus réactive. « N’oublions pas non plus que pratiquement 30 % du temps de travail d’un ouvrier est consacré à la manutention manuelle de charges », déclare-t-il.

Mutualiser les moyens renforce la sécurité

En partie supérieure, toute la charpente en bois et la verrière métallique ont été approvisionnées à la grue. « Dans le cas de chantiers allotis, tous les corps de métier ne profitent pas toujours des moyens de levage mis en œuvre, remarque Maximilien Pesneau. Au départ de la grue, il a été prévu une mise en service des ascenseurs définitifs en phase chantier. C’est bien au maître d’ouvrage, en sa qualité de donneur d’ordres, de permettre de mutualiser les moyens. »

L’ascenseur définitif, protégé par un habillage en bois, est emprunté par les ouvriers pour monter le matériel et les matériaux aux différents étages. « En huit ans de chantiers en Vendée, je n’ai pas vu ça souvent, affirme Fabrice Geeraert. J’ai déjà travaillé dans des immeubles de quinze étages sans ascenseur ni monte-charges à disposition. Imaginez le boulot et la fatigue, quand il faut monter une centaine de radiateurs dans la journée ! Sans compter que lorsqu’on peut se décharger de ce poids, on est beaucoup plus concentré sur son cœur de métier. »

FICHE D'IDENTITÉ

Chantier : réalisation d’un hôtel 4-étoiles sur 5 étages comprenant 105 chambres, un sauna, un bar, un restaurant, une salle de séminaire ainsi qu’une piscine en roof top

Lieu : Les Sables-d’Olonne (Vendée)

Entreprises : Eiffage Immobilier (maître d’ouvrage) et Eiffage Construction

Effectif : la phase de gros œuvre a mobilisé 25 personnes sur le chantier. Pour le second œuvre, ils sont une cinquantaine pour l’ensemble des corps d’état.

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