Ce site est édité par l'INRS
Menuiserie

Port de charges et poussières de bois : des investissements contre les risques

Bruno Simard Menuiseries, en Haute-Saône, est restée dans le giron familial depuis sa création. Proche de ses salariés et consciente des réalités du métier, la direction considère les conditions de travail comme un sujet primordial et investit régulièrement pour les améliorer. Avec notamment en ligne de mire les risques liés au port de charges et ceux découlant de l’exposition aux poussières de bois.

5 minutes de lecture
Damien Larroque - 15/12/2023
Lien copié
Une salarié de l'entreprise Bruno Simard Menuiseries en situation de travail.

Aujourd’hui, ils sont sept salariés à travailler dans les ateliers de l’entreprise Bruno Simard Menuiseries, à Saint-Sauveur, en Haute-Saône. Auxquels s’ajoutent deux ouvriers en charge de la pose sur les chantiers et trois administratifs qui gèrent l’activité. À sa création dans les années 1930, il s’agissait d’une simple menuiserie de village qui accompagnait la vie des habitants : de son atelier sortaient des salles à manger pour jeunes mariés, des chambres d’enfants ou encore des cercueils.

Quand, dans les années 1950, le mobilier en formica commença à concurrencer celui en bois, la société se tourna vers la menuiserie pour bâtiments, intérieure (escaliers, agencements…) comme extérieure (fenêtres, portes…). Cette réorientation réussie fut suivie, en 1990, par une autre décision stratégique payante engagée par Bruno Simard, l’actuel dirigeant : la diversification de son offre, en ajoutant des produits en PVC puis en aluminium à son catalogue.

« Mon père a commencé sur le terrain et il a continué à mettre la main à la pâte tout au long de sa carrière. De mon côté, je ne suis pas du genre à m’enfermer dans mon bureau. Je m’intéresse au travail dans nos ateliers et sur les chantiers. Nous avons donc conscience des contraintes du métier, affirme Thibaud Simard, le fils de Bruno, qui occupe le poste de chargé d’affaires. S’inquiéter de la santé des salariés est naturel dans une affaire familiale comme la nôtre. Et l’entreprise est rentable, cela nous permet d’être plus à l’aise pour investir dans la prévention. » Aussi, lorsqu’un centre d’usinage aux multiples outils de coupe, de taille et de perçage est installé en 2017 dans l’atelier bois, les poussières qu’il génère alertent la famille Simard qui se rapproche d’un installateur de ventilation.

Alors qu’il réalise le devis pour une aspiration centralisée, le prestataire informe la menuiserie que la Carsat Bourgogne-Franche-Comté peut l’accompagner financièrement sur ce dossier. « Nous connaissions la caisse avec sa casquette de contrôle. Nous l’avions vu manier le bâton avec les maîtres d’ouvrage sur de gros chantiers auxquels nous participions, se rémémore Thibaud Simard. Nous avons été ravis d’apprendre qu’elle savait aussi manier la carotte ! » Un contrat de prévention est donc signé en 2018.

90 000 euros ont été investis dans l’aspiration centralisée à laquelle sont reliées les machines de travail du bois. Compressés en briques, les copeaux et poussières alimentent le chauffage des ateliers.

Non seulement le réseau de captage auquel sont reliées toutes les machines de travail du bois est financé à hauteur de 20 %, mais en plus les deux parties s’accordent sur des aides pour d’autres équipements. « Des plates-formes individuelles roulantes légères (Pirl) pour prévenir les risques de chutes de hauteur, un préhenseur à ventouses pneumatique pour la manutention de vitrages et une cadreuse, énumère Fabrice Baretti, contrôleur de sécurité à la Carsat Bourgogne-Franche-Comté. L’entreprise Simard avait la volonté d’agir et elle l’aurait fait sans notre accompagnement. Notre soutien lui a permis d’aller plus loin. »

Des préhenseurs adaptés à chaque atelier

C’est dans l’atelier PVC qu’a été installé le préhenseur à ventouses. Il est utilisé pour poser les vitres dans les cadres de fenêtres et de portes. « Avant, on portait les vitrages qui pèsent parfois plus de 90 kg, explique Michael Guyot, menuisier. Ça facilite vraiment cette opération en épargnant le corps. » L’efficacité du dispositif donne des idées à Gauthier Simard, second fils de Bruno qui, plus manuel que son frère jumeau, a opté pour le métier de menuisier.

Pour l’atelier aluminium, il conçoit lui-même un autre préhenseur à ventouses pour déposer les vitres sur la cadreuse. Celle-ci assemble les cadres autour des vitrages, rendant obsolète l’utilisation du maillet pour cette opération. « L’espace imparti pour mon préhenseur était limité. J’ai donc opté pour des ventouses qui fonctionnent sur batteries. Cette option limite l’encombrement du dispositif, précise Gauthier Simard. C’est toute la problématique de la manutention de vitrages. Il faut s’équiper de différents outils de manutention pour s’adapter à la taille et au poids de la charge, mais aussi aux contraintes du lieu où ils sont mis en œuvre, qu’il s’agisse des ateliers ou des chantiers. »

Un salarié de l'entreprise Bruno Simard Menuiseries en situation de travail.

Et justement, pour réaliser les poses de vitrages et d’huisseries déjà assemblées sur les chantiers, deux autres outils sont utilisés. Le premier est un palonnier à ventouses de 500 kg de charge utile acheté en 2017. Il permet de réaliser des opérations de grande hauteur dont la limite est fixée par la capacité de la grue à laquelle il est arrimé. Le second est un robot acquis en 2021 après une phase de test en location, afin de valider sa pertinence. Sa faible envergure, de 80 cm, et sa maniabilité lui permettent de rentrer dans les bâtiments pour des poses depuis l’intérieur. Avec sa capacité de charge de 420 kg, ses ventouses réglables pour s’adapter à toutes les dimensions des fenêtres et son bras qui s’élève à 2,60 m, il limite les manutentions manuelles et supprime par extension le risque de chute de hauteur.

Et lorsqu’il est nécessaire de déplacer un vitrage sur un chantier, un support équipé d’une roue et d’une ventouse facilite ce transport, même si en terrain accidenté. « Je suis en veille permanente pour identifier des solutions qui pourraient faciliter le travail de nos compagnons, confie Thibaud Simard. Nous cherchons actuellement à recruter une seconde équipe de pose et un menuisier pour répondre à la demande client. Nos équipements qui améliorent les conditions de travail devraient peser dans la balance auprès des postulants. »

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Bruno Simard Menuiseries

Localisation : Saint-Sauveur (Haute-Saône)

Activité : menuiseries bois, aluminium et PVC

Superficie des ateliers : 2 700 m2

Effectif : 12 salariés

Chiffre d’affaires : 2 millions d’euros

Partager L'article
Lien copié
En savoir plus

À découvrir aussi