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Jeux d’argent

Au casino de Luxeuil-les-Bains, les bonnes conditions de travail ne doivent rien au hasard

La direction du casino JOA de Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône, a bien compris qu’on ne jouait pas avec la santé des salariés. Pour améliorer leurs conditions de travail, elle a fait le pari d’une démarche d’amélioration continue qui s’appuie sur le CSE de l’établissement.

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Damien Larroque - 14/11/2023
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Vue d'une croupière en situation de travail.

Luxeuil-les-Bains, comme son nom l’indique, est une ville d’eau. Une caractéristique qui l’autorise à disposer d’un casino. Fondé en 1890 et passé en 2008 sous pavillon du groupe JOA, celui-ci possède aujourd’hui 100 machines à sous, trois tables de jeux traditionnels (black jack, poker et roulette) et 29 jeux de tables électroniques. Il accueille 130 000 joueurs par an. « La législation nous impose de mettre un restaurant à la disposition de notre clientèle, indique Philippe Costa, directeur depuis 2019 et qui évolue depuis trente ans dans le métier. Un bar et un hôtel trois-étoiles complètent notre offre, à laquelle viendra s’ajouter un bowling en 2024. » Ces différentes activités occupent actuellement 68 personnes, dont 43 œuvrent au fonctionnement du casino, ouvert de 10 heures à 3 heures en semaine et jusqu’à 4 heures le week-end. Croupiers, chefs de table, caissiers, techniciens et responsables de salle sont sur le pont pour une ouverture 365 jours par an.

Limiter les gestes répétitifs et éviter les conflits 

Pour améliorer leurs conditions de travail, la direction s’appuie sur le CSE. Celui-ci se réunit tous les mois et ses élus vont régulièrement à la rencontre des employés pour s’enquérir de leurs éventuelles difficultés. C’est par le biais de ces remontées d’informations que, par exemple, les croupiers bénéficient aujourd’hui de repose-pieds qui leur permettent d’alterner les postures. « Ils peuvent ainsi s’asseoir s’ils le désirent. Nous leur avons fait tester différents modèles de fauteuils et chacun a pu retenir celui qui lui convenait le mieux », souligne Philippe Costa.

Deux salariées réalisent une opération de maintenance sur une machine à sous.

« Pouvoir alterner entre plusieurs positions, c’est vraiment plus confortable et moins fatigant, confirme Aimée Schiralli, croupière depuis seize ans. En plus, nous changeons de table toutes les heures afin de limiter les gestes répétitifs. » Ces professionnels ont également droit à une pause toutes les 20 minutes, et ce même en sous-effectif lorsqu’un croupier est malade par exemple. La table est alors fermée quelques minutes.

« Même si cela est rare, le personnel est formé à désamorcer les situations tendues. »

« Nos clients le comprennent, affirme Thomas Mouret, directeur général délégué. Mais parfois, lorsque la chance ne lui sourit pas, un joueur peut se laisser gagner par l’énervement. Même si cela est rare, le personnel est formé à désamorcer les situations tendues. » Le filtrage est un autre moyen de prévenir l’exposition à l’agressivité. « Si un client manque de respect à un salarié, il n’aura pas l’occasion de recommencer puisque l’entrée du casino lui est immédiatement interdite. Je suis intransigeant avec ce genre de comportement », martèle Philippe Costa.

Des tickets pour diminuer le port de charges 

L’entreprise s’est également attaquée au port de charges, reléguant la machine à sous déversant une avalanche de pièces dans un tonnerre métallique à une image d’Épinal. « Les bandits manchots » se contentent dorénavant de délivrer un ticket affichant le montant des gains… ou de ce qu’il reste de la mise de départ. « Auparavant, il fallait verser des seaux de pièces dans un appareil pour les conditionner en sacs qui réalimentaient les machines à sous, se souvient Mélanie Aubry, caissière. C’est moins d’efforts pour moi comme pour les techniciens. Et fini le bruit assourdissant qui accompagnait la constitution des sacs comme les gains des clients. »

La régulation de l’ambiance sonore a été renforcée par une nouvelle moquette, des panneaux acoustiques muraux et la diminution du volume des machines à sous dont les derniers modèles acquis facilitent par ailleurs la maintenance. « Ils sont conçus pour permettre de travailler le plus possible à hauteur, se félicite Maryline Metzger, une technicienne. Par exemple, l’intervention la plus courante qu’est le changement de rouleau de tickets ne nécessite plus de s’accroupir. »

120 000 joueurs annuels sur les machines à sous du casino JOA de Luxeuil-les-Bains. Ils sont 10 000 sur la même période à s’asseoir aux tables de poker, black jack ou roulette.

Comme tout ce qui concerne les jeux d’argent, la maintenance des machines est ultra-surveillée. Certaines pannes, celles sur le cœur des appareils, leur fonctionnement, ne sont pas traitées en interne. Une société agréée par le ministère de l’Intérieur s’en charge. « Et pour les opérations que nous sommes autorisés à réaliser, nous intervenons toujours à deux afin de s’assurer qu’aucune manipulation frauduleuse n’ait lieu », abonde Stéphanie Alemant, membre du comité de direction. Il est d’ailleurs interdit de déplacer l’une d’entre elles, ne serait-ce que d’un centimètre, sans en référer au service central des courses et des jeux. Lorsqu’une réorganisation est autorisée, les salariés s’équipent de chaussures de sécurité dont ils ont pu choisir le modèle.

Du côté du restaurant, une expérimentation visant à supprimer les longues pauses entre les services du midi et du soir a été plébiscitée par les équipes. Malheureusement, le sous-effectif dû aux difficultés de recrutement que connaît le secteur de la restauration a obligé l’entreprise à faire machine arrière. « Notre objectif est de revenir à cette organisation dès que possible, précise Thomas Mouret. C’est d’ailleurs un argument à faire valoir auprès des candidats. » « Même si ce nouveau rythme n’est pour l’instant pas pérenne ici, il a été déployé dans d’autres casinos du groupe JOA, note Fabrice Baretti, contrôleur de sécurité à la Carsat Bourgogne-Franche-Comté. Cela illustre bien l’esprit novateur et l’engagement de celui de Luxeuil-les-Bains dans une démarche d’amélioration des conditions de travail. »

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : casino JOA

Lieu : Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône)

Activité : jeux d’argent

Superficie : 1 600 m2 de salles de jeux et de restaurant

Effectif : 68 salariés

Chiffre d’affaires : 6,8 millions d’euros

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