Ce matin de printemps 2024, Maxime Baraban se trouve sur la place Stanislas de Nancy. Spécialiste de l’installation d’ouvrages métalliques, il intervient sur le chantier de rénovation du Grand Hôtel de la Reine pour la pose d’une charpente venant renforcer une ancienne trémie d’escalier. À une trentaine de kilomètres de là, dans l’atelier de la Métallerie du Saintois à Tantonville, également en Meurthe-et-Moselle, Rémi Parisot, le chargé de production de la même entreprise, réalise les travaux de finition sur des boîtes aux lettres et parois blindées conçues pour une banque. À l’étage, enfin, Mathurin Emery, le responsable du bureau d’études, dessine des plans sur ordinateur.
Trois hommes, trois parcours complémentaires, mais une même passion. Celle qui a conduit ces anciens compagnons du devoir à s’associer pour créer en 2021 leur propre structure : la Métallerie du Saintois, qui emploie aujourd’hui sept salariés. Elle est spécialisée dans la fabrication sur mesure d’escaliers en métal, de garde-corps contemporains, marquises traditionnelles, portes, grilles, et autres ouvrages d’art en fer forgé. « On travaille l’acier sous toutes ses formes, du dessin en 3D à la réalisation puis la pose sur chantier. Ce n’est jamais le même boulot », décrit Mathurin Emery. Leurs clients, particuliers ou professionnels, sont répartis sur le Grand Est. Mais les chantiers se diversifient et les récents investissements – plus de 200 000 euros – dans des machines de découpe et de formage dernier cri n’y sont pas pour rien. L’entreprise y a gagné en flexibilité et les salariés en conditions de travail.
Situé au cœur du Saintois, l’atelier a d’abord été un coup de cœur. Ancien garage un temps occupé par un plombier, il a été réaménagé en métallerie. Mathurin Emery y a même installé son habitation, qu’il quittera cette année pour implanter, à la place, un showroom, deux vestiaires, une salle de repos, de nouveaux espaces de stockage et des bureaux neufs. Au milieu des 400 m2 d’atelier, plusieurs équipements de pointe retiennent l’attention. Découpeuse plasma, presse horizontale hydraulique 40 tonnes, presse plieuse hydraulique, cintreuse trois galets… Ils ont été acquis avec l’aide d’un contrat de prévention, signé avec la Carsat Nord-Est, prévoyant également la participation d’un membre de l’équipe dirigeante à la formation « Maîtriser les compétences de bases en prévention ».
Mieux protégés et plus réactifs
« À la création de la société, nous avons investi en commettant quelques erreurs. Puis, avec la Carsat, nous avons pu bénéficier d’une expertise technique sur la prévention des risques professionnels dans l’activité et les moyens, notamment, de réduire les contraintes physiques à la découpe et les risques de troubles musculosquelettiques (TMS) », explique le responsable du bureau d’études. « Nous leur proposions un accompagnement global et une montée en compétences. Ils ont investi dans du matériel et en ont recueilli immédiatement les bénéfices », complète Benoît-Yves Lozac’h, contrôleur de sécurité à la Carsat Nord-Est.
La découpeuse plasma permet de travailler des tôles de 1 500 x 3 000 mm et 10 à 25 mm d’épaisseur. « Elle fonctionne sur un bain d’eau 1 dans lequel sont retenus les polluants qui se dégagent en perçant. On ne voit aucune fumée », indique Rémi Parisot, devant le pupitre de commande. Depuis le bureau, les dessins sont réalisés et modifiés sur les logiciels reliés à chaque machine. « Nous avions demandé l’intervention du laboratoire interrégional de chimie de l’Est pour étudier la solution pouvant être mise en œuvre en matière de ventilation. La difficulté ici, en zone pavillonnaire, est qu’il n’y avait pas la place suffisante pour installer une centrale avec rejet à l’extérieur », reprend le contrôleur de sécurité.
Autre investissement notable, la presse horizontale hydraulique de 40 tonnes. Elle permet de réduire drastiquement les risques de TMS lors des découpes de pièces métalliques à la cisaille ou à la disqueuse, et d’éviter de louer du matériel. Ou encore la plieuse numérique six axes, avec protection de la zone en mouvement par barrière immatérielle. Des machines sécurisées qui font économiser beaucoup de temps et gagner en autonomie. Pour la ferronnerie courbe, une cintreuse trois galets manuelle est utilisée. L’opérateur introduit la pièce qui est maintenue et tourne lentement jusqu’à prendre la courbure souhaitée. « Avant, sur les plaques d’acier, on frappait. Cela demande maintenant beaucoup moins d’efforts », assure Rémi Parisot.
Des appareils de levage sur chantier
Ces outils ont transformé l’organisation. La cintreuse peut être placée horizontalement et verticalement et apportée sur chantier, où la charge mentale est également diminuée. « C’est là que nous devons faire face aux situations les plus complexes. Les équipements de l’atelier nous permettent d’être plus réactifs, de moins se mettre en danger aussi. S’il faut refaire une pièce, répondre à un imprévu sur un chantier, on a les moyens », témoigne Maxime Baraban. L’établissement a acquis un robot de pose automatisé avec palonnier à ventouse prenant en charge plus de 600 kg et levant à quatre mètres de haut. Une autre version, manuelle, est apportée sur chantier pour accéder à des zones où il y a peu de dégagement. « Au début, on n’avait pas d’appareil de levage, se remémore Mathurin Emery. Gérer une tôle d’acier de 80 kg, ça peut être faisable. Mais quand il y en a plusieurs dizaines dans la journée, ce n’est plus possible, si on ne veut pas être complètement cassé à 40 ans. »
Dans l’atelier, un espace est dédié à la finition. Les artisans travaillent à la main, chaque poste disposant d’une cantine, d’une paire de tréteaux et bientôt de marbres à trous. Il faudrait désormais plus de matériel à hauteur réglable. Les stocks de matière première sont limités et le travail se fait à flux tendu. Mathurin Emery évoque le projet d’achat d’un rack à tôles automatisé, pour optimiser la place en limitant les manutentions. « Aujourd’hui, il faudrait que nous puissions racheter la parcelle à l’arrière du bâtiment. En s’agrandissant, on pourrait installer un pont roulant, évoque-t-il. On est bien dans le Saintois. On dispose d’un ancrage local, le bâtiment est bien isolé, avec un système de chauffage par géothermie. Nos machines nous rendent réactifs sur des projets complexes. Ce qui manque, c’est juste un peu d’espace. »
FICHE D'IDENTITÉ
Nom : Métallerie du Saintois
Lieu : Tantonville (Meurthe-et-Moselle)
Activité : conception, dessin, réalisation et pose d’ouvrages métalliques sur mesure
Effectif : 7 salariés