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Les établissements et services d’aide par le travail (Esat)

Améliorer les conditions de travail avec les travailleurs handicapés

L’Adapei de la Meuse a créé voilà sept ans un « CHSCT ouvriers ». Depuis, cette instance se penche régulièrement sur les conditions de travail des travailleurs handicapés, en les impliquant directement dans l’amélioration de leurs conditions de travail.

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Céline Ravallec - 02/11/2022
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Des bénéficiaires et employés de l'ESAT Ithac de Saint-Etienne.

C’est la première réunion en présentiel depuis la survenue de la crise sanitaire il y a deux ans. Les membres de la Commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT, ex-CHSCT) ouvriers de l’Adapei de la Meuse se retrouvent en ce début de mois de mars 2022 sur le site de Bar-le-Duc. À l’ordre du jour : les derniers sujets en santé et sécurité des six sites que comptent les quatre Esat de l’association. Au total, 360 usagers travaillent dans différents secteurs d’activité : blanchisserie industrielle, espaces verts, restauration-cuisine centrale, connectique-câblage, métallerie-soudure, nettoyage automobile, entretien et nettoyage de locaux, prestations de services en entreprise (recyclage de papier, destruction d’archives, maraîchage, horticulture, routage de colis…). L’instance a été créée en 2015 pour donner aux travailleurs handicapés une place à part entière dans la gestion de leurs conditions de travail. « Ce sont eux qui connaissent le mieux le métier, ils sont les mieux placés pour prendre en charge leur sécurité, observe Didier Rambeaux, directeur du pôle industriel de l’association. Ils sont tout à fait aptes à gérer leurs propres conditions de travail. »

LE TÉMOIGNAGE DE...

Adeline Caillet, cheffe de service accompagnement

« Dans le cadre de la CSSCT travailleurs, un travail de fond est en cours pour rendre accessibles aux travailleurs les indicateurs sécurité. Le taux de gravité ou le taux de fréquence ne sont pas des notions forcément simples à appréhender. Nous réfléchissons à une façon de les présenter simplement et de les rendre plus facilement compréhensibles. Nous faisons souvent appel à la méthode Falc (facile à lire et à comprendre), par exemple pour rédiger les comptes rendus de réunion. Nous avons également réalisé des fiches sécurité pour chaque machine afin de faciliter la formation sur poste, avec peu de texte, et qui sont conçues pour trouver facilement l’information en quatre rubriques : quels sont les risques ? Les interdits ? Comment se protéger ? Que faire en cas de problème ? »

Comme pour toute entreprise, cette réunion est l’occasion de revenir sur les remontées de terrain, d’analyser les accidents survenus ou encore d’aborder les projets d’aménagement ou d’achat de matériel contribuant à améliorer les conditions de travail. Au cours de la réunion de ce jour, plusieurs décisions vont être prises. En premier lieu, l’achat de matériels électriques pour les espaces verts : tondeuses électriques, taille-haies, débroussailleuses. « On voit bien la différence de poids, c’est moins lourd à porter, et les appareils électriques font moins de bruit aussi », commente Michel David, ouvrier espaces verts. Il a également été décidé de s’équiper d’un exosquelette à l’atelier bois de chauffage, afin de rendre les manutentions moins sollicitantes physiquement. Des tests préalables sont prévus. L’acquisition d’une balayeuse électrique est également en projet.

Impliquer les personnes 

Les motivations pour être acteur dans l’instance sont multiples. « J’avais envie de connaître la commission, de savoir en quoi ça consistait, et ça permet d’être porte-parole de mes collègues », explique Pierre Sido, agent d’entreposage à La Poste. « J’étais déjà représentant dans le CSE, je voulais continuer à participer à l’amélioration des conditions de travail et à la sécurité des collègues », témoigne pour sa part Christian Collot, conducteur de la scie à l’atelier bois de chauffage. « Avant, il n’y avait personne à qui signaler les dangers au travail que l’on repérait, souligne Corentin Bouquot, ouvrier maraîcher. Ça facilite le dialogue avec les collègues, tout le monde vient me voir maintenant quand il y a des demandes à faire. »

En plus des réunions plénières, chaque représentant – qui n’est pas élu mais volontaire – se voit attribuer quatre heures de délégation par mois à consacrer aux discussions, aux observations de postes pour voir ce qui va ou ne va pas. Le fait d’être membre de l’atelier facilite les échanges. « Les collègues auraient peut-être plus de mal à parler avec d’autres personnes, ils nous connaissent et savent qu’on sait de quoi ils nous parlent », estime Mathieu DeCarli, ouvrier maraîcher. Même si elle n’a pas de personnalité juridique, cette CSSCT a fait ses preuves depuis sa création, et montre tout son intérêt à impliquer ainsi les travailleurs. « C’est une forme d’aboutissement de tout un travail que nous menons depuis de nombreuses années pour faire évoluer le statut actuel d’usagers vers un statut de salariés protégés », conclut Didier Rambeaux.

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