Ce site est édité par l'INRS
Livraison de colis

Charger à hauteur pour réduire les douleurs des livreurs

Positionnée en bout de chaîne de livraison de colis pour les particuliers, l’entreprise Capucine fait évoluer les conditions de travail de ses salariés. Son site de Poligny, dans le Jura, est le premier à faire sa mue, avec notamment l’aménagement des fourgons et le réhaussement du tapis à rouleaux permettant la répartition des paquets entre les livreurs.

5 minutes de lecture
Damien Larroque - 23/09/2022
Lien copié
Des livreurs prennent des colis sur le tapis à rouleaux et les chargent dans leur camion

Capucine fête ses trente ans cette année. C’est en effet en 1992 que Rémy Gatt a fondé cette entreprise de transport routier de fret de proximité. Aujourd’hui, Capucine emploie 156 salariés et possède une flotte de 170 véhicules légers de 12 à 17 m3. « Notre activité est centrée sur ce qu’on appelle, dans le secteur de la livraison, le “dernier kilomètre”. Ce qui ne signifie pas pour autant que les tournées sont courtes, explique Rémy Gatt. Nous travaillons très majoritairement en territoire rural où, si la quantité de colis est moindre qu’en ville, les distances à parcourir sont bien plus élevées. Certains trajets peuvent aller jusqu’à 250 km. »

Les salariés de Capucine sont répartis sur huit sites de chargement de colis différents. Tous localisés dans l’est de la France. Cinq d’entre eux appartiennent à l’entreprise ou sont loués et les trois autres sont la propriété de ses clients. Le site de Jonage, dans le Rhône, géré par le transporteur UPS, possède un convoyeur réhaussé qui améliore les conditions de travail. Déterminée à faire sienne cette bonne pratique, la direction de Capucine s’est tournée vers le réseau prévention.

Soulager les jambes et le dos

« Ayant appris l’existence d’aides financières accordées par les Carsat, nous avons pris contact avec les caisses dont dépendent nos implantations, raconte Rémy Gatt. C’est le dossier concernant notre site de Poligny, dans le Jura, qui a abouti le premier. » « Après une étude réalisée par un cabinet extérieur dont le diagnostic corroborait l’intérêt de surélever le tapis sur lequel défilent les colis, nous avons signé avec l’entreprise un contrat de prévention portant non seulement sur cette modification mais aussi sur l’aménagement des fourgons et la mise en place de sessions de formation APS (acteur prévention secours) », précise Richard Faivre, contrôleur de sécurité à la Carsat Bourgogne-Franche-Comté.

Ainsi, depuis juillet 2021, les 25 employés du site de Poligny, qui traitent quotidiennement en moyenne 1 700 paquets – 1 400 livraisons et 300 retours –, n’ont plus à monter et descendre de leurs camions des dizaines de fois lors du chargement comme c’était auparavant le cas. La plate-forme qui supporte désormais le tapis à rouleaux est au même niveau que le plancher des véhicules, qui viennent se garer perpendiculairement au trajet des colis. Un soulagement pour les jambes et le dos que le port de charge, allié aux multiples allers et retours dans les fourgons, mettait à rude épreuve. « Quant au risque de chute, s’il n’a pas disparu puisqu’il faut toujours emprunter deux marches pour accéder à la plate-forme, il est drastiquement réduit. Une fois sur la plate-forme, le chargement s’effectue sur un seul niveau », souligne Richard Faivre.

Des aménagements à l'intérieur des véhicules de livraison

En complément de cette amélioration, Capucine a acquis un dispositif pour alimenter le tapis à rouleaux avec les paquets acheminés par des navettes depuis le centre de Nuits-Saint-Georges, à un peu plus d’une heure de route. Il s’agit d’un convoyeur télescopique piloté par les employés qui le font progresser à l’intérieur du véhicule, au fur et à mesure qu’ils vident la navette de ses colis. « C’est un super investissement, s’enthousiasme Suleyman Elveren, un chauffeur livreur. Avant son installation, effectuée en octobre 2021, cette opération nécessitait de nombreux allers-retours entre le camion et le tapis à rouleaux, les bras chargés de cartons pouvant être lourds. Tout le monde rechignait à prendre ce poste qui était particulièrement contraignant. Ce n’est plus le cas ! »

Des fourgons bien aménagés

Deuxième levier actionné par Capucine pour améliorer les conditions de travail, l’aménagement intérieur des fourgons, réalisé au rythme du renouvellement de la flotte. À la fin du mois de juin dernier, les 30 véhicules du site jurassien en avaient bénéficié. Les étagères diminuent le nombre de colis au sol, ce qui signifie moins de flexions pour les livreurs. « Elles permettent aussi d’organiser le chargement suivant l’ordre de livraison, avec les colis express devant être acheminés en premier à part, ajoute Bastien Neyron, également chauffeur livreur. Cela nous fait gagner du temps et évite les nombreuses reprises pour atteindre les paquets au fond du camion. »

Autre nouveauté, la porte dans la cloison qui sépare le conducteur de sa cargaison. Grâce à elle, il est possible de récupérer un colis sans ouvrir la porte latérale. « On ne prend plus le risque de se faire renverser par une voiture lorsque l’on n’a pas trouvé de place de stationnement positionnant la porte latérale côté trottoir, avance Édouard Laversenne, un autre chauffeur livreur. Et c’est pratique quand il pleut pour ne pas tremper les paquets pendant que l’on cherche celui à livrer. » Enfin, pour améliorer le confort visuel, un éclairage à leds s’allume par détection de mouvement. Il présente l’avantage de faciliter la lecture des étiquettes.

1 700 colis en moyenne passent chaque jour par le site de Poligny.

Troisième point soutenu financièrement par le contrat de prévention de la Carsat, la formation APS ouvre de nouveaux horizons aux salariés. « Depuis que j’applique les bonnes pratiques en matière de manutentions manuelles apprises en mai dernier, je sens que j’impose moins de contraintes à mon organisme. Je pense qu’en fin d’année je n’aurai pas mal au dos comme c’était jusqu’à présent le cas à cause des cartons de bouteilles, anticipe Delphine Guerre, chauffeuse livreuse. On nous a aussi expliqué comment repérer les risques dans des situations de travail. On pourra signaler au management les éventuels problèmes pour trouver une solution », espère-t-elle.

« C’est tout frais et toute l’équipe n’a pas encore suivi le stage. Mais nous comptons bien formaliser des canaux de remontées terrain. Instaurer des rendez-vous réguliers pour échanger sur ces questions de sécurité pourrait être la bonne formule », envisage Élodie Gautier, la responsable des ressources humaines.

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Capucine
Activité : transport routier de fret de proximité
Lieu : Poligny (Jura). Huit sites au total, situés dans l’est de la France
Effectif : 156 salariés, dont 25 sur le site de Poligny
Flotte : 170 véhicules de 12 à 17 m3 dont 30 à Poligny
Chiffre d’affaires : 8 millions d’euros en 2021

Partager L'article
Lien copié
Sur le même sujet

À lire aussi