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Risque chimique

Le butadiène, un danger qui gagne à être connu

L’INRS et les Carsat viennent de clôturer une campagne nationale de mesures pour établir un état des lieux sur l’exposition au 1,3-butadiène en entreprise. Entretien avec Gautier Mater, responsable de laboratoire au département métrologie des polluants à l’INRS, et Joël Rebuffaud, contrôleur de sécurité à la Carsat Normandie.

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25/11/2022
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Le butadiène est un gaz, incolore, classé cancérogène et mutagène, sans effet de seuil. Il peut avoir des effets même à très faible dose.

Travail & Sécurité. Qu’est-ce qui a motivé la campagne nationale de mesures au 1,3-butadiène qui s’est terminée cet été ?

Gautier Mater. En 2016, une étude menée par l’INRS avait aidé à identifier les secteurs les plus concernés par l’usage du 1,3-butadiène. Nous avions alors constaté une méconnaissance du risque par les entreprises. D’où cette campagne nationale menée depuis 2019 avec la Direction des risques professionnels de l’Assurance maladie et l’ensemble des laboratoires des Carsat, afin d’établir un état des lieux des usages et avoir une meilleure connaissance des niveaux d’exposition en entreprise.

Qu’est-ce que le 1,3-butadiène ? Et à quels risques expose-t-il ?

G. M. Il s’agit d’un gaz, incolore, classé cancérogène et mutagène, sans effet de seuil. Il peut avoir des effets même à très faible dose. On le rencontre sous forme d’expositions dites « primaires », c’est-à-dire lorsqu’il est produit, ou utilisé directement, mais aussi d’« expositions secondaires », lorsque les personnes fabriquent des produits à base de butadiène. Il existe aussi des unités de production où le 1,3-butadiène se trouve sous forme de traces. Depuis 2017, il est inscrit au tableau des maladies professionnelles n° 99. Des travaux de l’Anses 1 ont montré un risque additionnel de décès par leucémie de 1 personne sur 1000, pour une exposition tout au long de la carrière à 0,8 mg/m3.

Joël Rebuffaud. Les secteurs d’activité concernés sont principalement les raffineries, les entreprises de la chimie fine, celles qui réalisent la transformation du caoutchouc ou l’embouteillage de gaz, ou encore transportent du butadiène (sous forme liquéfiée). Le risque Atex (atmosphères explosives) était aussi à considérer lors des prélèvements. La plupart des entreprises utilisant ce produit sont concernées de façon plus large par le risque chimique. Mais toutes n’ont pas forcément connaissance des caractéristiques de cette substance.

Quelle méthodologie avez-vous suivie pour réaliser les mesures ?

J. R. Il s’agit d’une méthodologie développée par l’INRS. Un dispositif composé de deux tubes en inox était positionné près des voies respiratoires des opérateurs. La durée du prélèvement était variable : 10 minutes, 1 heure, et jusqu’à 6 heures. Deux laboratoires de Carsat ont été dédiés ensuite aux analyses : Marseille et Rouen. Il s’agit de la métrologie de mesurage atmosphérique la plus performante au moment de la campagne. Plus sensible que la méthode utilisée par les organismes de contrôle réglementaire accrédités, elle permet de mesurer des niveaux très bas. Nous avons ainsi pu comparer des concentrations mesurées tant à la VLEP 2 réglementaire qu’aux les concentrations recommandées par l’Anses [NDLR : plus protectrices que la VLEP réglementaire].

Et quels ont été les résultats ?

G. M. Pour les secteurs d’« exposition secondaire », concernés par la fabrication de produits à base de plastique et de caoutchouc par exemple, les niveaux d’exposition étaient inférieurs aux valeurs réglementaires. En revanche, pour les autres types d’expositions et de secteurs, des dépassements des valeurs réglementaires ont été observés. Néanmoins, les concentrations mesurées restent majoritairement inférieures aux recommandations de l’Anses, ce qui traduit une prise en compte du risque par les entreprises.

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