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Construction

Quand la maison individuelle adopte les protections collectives

Ces dernières années, le constructeur de maisons individuelles (CMI) Maisons Claire, installé en Moselle, a pris à bras-le-corps la sécurité de ses salariés et des entreprises qui interviennent sur ses chantiers. Des progrès qui lui valent d’être récompensé par la Carsat Nord-Est dans le cadre de la deuxième édition du Challenge sécurité CMI.

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Corinne Soulay - 12/10/2023
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Vue d'un chantier de l'entreprise Maisons Claire.

230 m2 de surface habitable ; 1 300 m2 de terrain ; 5,80 m de hauteur sous plafond dans le séjour… Le pavillon en cours de construction à Dommartemont, en Meurthe-et-Moselle, près de Nancy, promet d’être cossu. En ce matin de juin, la propriétaire est venue faire le tour du chantier et elle se réjouit : les travaux avancent bien. Le gros œuvre est terminé. Restent quelques menues reprises de maçonnerie à réaliser, et les charpentiers et couvreurs pourront intervenir. En prévision de leur arrivée, un imposant échafaudage a été érigé tout autour du bâtiment. Une protection collective peu commune sur ce type de chantier, mais habituelle pour l’entreprise Maisons Claire, qui dirige les travaux : elle vient d’être lauréate d’or du Challenge sécurité constructeurs de maisons individuelles (CMI) 2022, organisé par la Carsat Nord-Est, qui récompense les bonnes pratiques en prévention dans ce secteur.

« Lorsque j’ai débuté dans le métier, il y a onze ans, il n’était pas rare de voir les couvreurs en équilibre sur des planches ou les maçons travailler à proximité de clous apparents, se souvient Fabrice Frangiamore, directeur technique de Maisons Claire. En matière de sécurité, il n’y avait rien et c’était difficile d’avancer car la profession a peur du changement. Mais la Carsat a fait un super travail : au lieu de nous imposer des choses, elle nous a aidés, aiguillés sur les méthodes à mettre en œuvre et, petit à petit, on a progressé. »

195 maisons ont été bâties par Maisons Claire en 2022.

À ses côtés, Patrick Lagarde, contrôleur de sécurité à la Carsat Nord-Est, acquiesce : « En 2017, en partenariat avec la Carsat Alsace-Moselle, nous avons lancé une action pour sensibiliser les CMI de la région, en particulier sur les chutes de hauteur. Puis nous avons réalisé une campagne de contrôle qui s’est soldée par de nombreuses injonctions : l’idée n’était pas d’infliger des sanctions financières, mais de provoquer une rencontre et de les accompagner pour qu’ils nous proposent un plan d’action sur quatre thèmes prioritaires (les remblais périphériques, les protections collectives en rive de dalles, la protection des trémies d’escalier et la sécurisation des travaux de charpente et de couverture). Là, ça a commencé à bouger. » En 2021, la Carsat Nord-Est enfonce le clou en créant le Challenge sécurité CMI. Objectif : offrir une reconnaissance aux entreprises qui font des efforts et créer de l’émulation entre les constructeurs.

S'adapter aux spécificités

Le chantier de Dommartemont témoigne des progrès accomplis. Autour du bâtiment, des remblais périphériques et une allée permettent un accès de plain-pied à la maison. « Ils ont été aménagés dès que la dalle a été coulée, indique Omur Simsek, le conducteur de travaux. Cela permet de réduire le risque de chutes lors des va-et-vient des ouvriers, mais aussi lors de l’approvisionnement en matériaux. » L’échafaudage est mis à la disposition des couvreurs et charpentiers par Maisons Claire qui, pour ce faire, a fait appel à une société extérieure spécialisée dans ces structures temporaires.

« Comme c’est une maison un peu atypique avec des plafonds très hauts, il y aura aussi un échafaudage à l’intérieur pour sécuriser le travail des plâtriers », souligne Fabrice Frangiamore. Pour protéger les trémies d’escalier, là encore, il a fallu s’adapter aux spécificités du pavillon qui a un demi-étage. « Impossible d’installer un plancher métallique, comme sur nos autres chantiers, mais nous avons mis des garde-corps », précise le directeur technique.

Vue d'un chantier de l'entreprise Maisons Claire.

Outre ces protections collectives pour prévenir les chutes, Maisons Claire a réduit drastiquement les manutentions. « Nous mécanisons dès que nous pouvons, reprend Fabrice Frangiamore. Nous choisissons des maçons qui utilisent des camions-grues pour l’approvisionnement des matériaux et nous avons travaillé sur le port de charges en remplaçant, par exemple, les hourdis de béton – des éléments préfabriqués qui s’insèrent entre les poutrelles du plancher et servent de coffrage – par des modèles en plastique, beaucoup moins lourds. »

Par ailleurs, à l’entrée du terrain, une armoire électrique provisoire a été installée, à laquelle tous les artisans peuvent se raccorder – ce qui évite de multiplier les groupes électrogènes et les risques associés (intoxication, électrocution, brûlures…) –, ainsi qu’un sanitaire et une base-vie servant de réfectoire, témoignages de l’attention portée à l’hygiène sur le chantier.

UN CHALLENGE POUR FAIRE AVANCER LA SÉCURITÉ

Pour participer au Challenge sécurité CMI, organisé par la Carsat Nord-Est, les entreprises doivent intervenir sur le territoire couvert par la caisse (départements 08, 10, 51, 52, 54, 55 et 88) et respecter les bonnes pratiques sur les chantiers, soit, a minima : un remblai périphérique avant élévation des murs du rez-de-chaussée ou, à défaut, une passerelle sécurisée pour accéder de plain-pied au bâtiment ; des protections collectives en rive de dalles et balcons à l’avancement ; la protection des trémies et la sécurisation des travaux de charpente et de couverture. Inscriptions au prochain challenge, début 2024.

Pour en savoir plus : www.carsat-nordest.fr/home/entreprises/challenge-securite-cmi.html

Si la prévention a été anticipée par la mise en place d’un « plan général simplifié de coordination de sécurité et de protection de la santé » (PGSC SPS), les questions de sécurité sont affinées en permanence et suivies de près par le conducteur de travaux qui tient un registre : tablette à la main, Omur Simsek arpente quotidiennement le chantier afin de suivre l’avancée des travaux, mais aussi de vérifier si toutes les mesures de sécurité sont respectées. « Si ce n’est pas le cas – par exemple, si une tige d’acier dépasse sans protection – on prend des photos et un mail est envoyé directement à l’artisan, qui doit réagir rapidement, explique-t-il. Tout est tracé. »

« Ces différentes actions contribuent à rendre la vie plus sûre et facile sur le chantier, se réjouit Fabrice Frangiamore. Et, pour nous, il y a un double bénéfice : les entreprises – maçons, plâtriers, couvreurs… – sont plus enclines à travailler avec nous, ça nous permet d’avoir le choix. »

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Maisons Claire
Activité : construction de maisons individuelles sur mesure en Moselle, Meuse et Meurthe-et-Moselle
Effectif : 25 salariés (service travaux et service commerce)
Chiffre d’affaires : 35 millions d’euros

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