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Bâtiment

La logistique de chantier, vecteur de sécurité et de performance

Un nouveau centre chirurgical est en cours de construction au sein du CHU de Pontchaillou, à Rennes. Dans un espace restreint où de multiples flux se croisent, le recours à un logisticien de chantier permet d’assurer le bon déroulement du programme, en tenant les délais et en assurant la sécurité de tous.

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Céline Ravallec - 19/12/2023
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Vue du chantier du nouveau centre chirurgical du CH de Pontchaillou.

Construire un bâtiment au cœur d’un centre hospitalier en activité est un défi de taille : espace contraint par les bâtiments et les parkings avoisinants, flux divers à prendre en compte, activité médicale qui ne doit en aucun cas être interrompue. Comment organiser un chantier en toute sécurité pour les salariés dans un tel environnement ? C’est la principale question qui s’est posée en amont du projet de construction du nouveau centre chirurgical et interventionnel sur le site du CHU de Pontchaillou, à Rennes, en Ille-et-Vilaine. Il s’agit d’un bâtiment carré, dont la structure comprend quatre patios, conçu pour accueillir 55 blocs opératoires, un service de réanimation et 240 chambres hospitalières.

12 personnes sont dédiées à la logistique sur ce chantier, dix sur le site et deux en base arrière.

Les chiffres sont impressionnants : 55 000 m2 de planchers sur sept niveaux, 24 ascenseurs monte-charge et monte-malade, 3 grues durant la phase de gros œuvre, 400 personnes au pic d’activité cet automne… « Le site est enclavé dans un environnement hospitalier très contraint avec de nombreux flux partagés, explique Orphélie Collenot, conseillère prévention chez Sogea Bretagne BTP. Les nuisances sont nombreuses et vite sensibles pour un centre hospitalier : bruits, vibrations, poussières, pollution visuelle. »

Sogea Bretagne BTP, mandataire unique de ce marché en conception-construction, a très tôt associé de nombreux partenaires pour étudier tous les cas de figure qui allaient se poser aux différentes phases de construction. « Le projet a connu deux phases : la phase préalable de conception à partir de février 2020 avec toute l’analyse des flux, puis la phase de gros œuvre à partir de 2021 », souligne Marc Fischer, directeur de projet chez Sogea Bretagne BTP.

Gérer et anticiper les flux

La phase préparatoire a demandé un an et demi de travaux. « Il s’agissait dans un premier temps d’analyser les flux internes à l’emprise du chantier, les flux horizontaux propres au CHU, etc. Ensuite, il y a eu un gros travail d’anticipation, notamment avec les services méthodes et le CSPS (NDLR : coordonnateur de sécurité et de protection de la santé). » « Nous avions contractualisé très tôt avec la maîtrise d’ouvrage, abonde Jean-Luc Mounier, le CSPS, du groupe Apave. Et, à l’image de la gestion des flux, la mise en commun de moyens pour les différentes entreprises intervenantes a été pensée très tôt : plates-formes sur bimâts, échafaudages partagés dans les patios, mise en service anticipée d’un monte-malade. »

L’emprise du chantier se situe à la place d’un ancien bâtiment qui a été démoli et qui était relié à d’autres bâtiments par des galeries souterraines. D’où beaucoup de réseaux, y compris souterrains, à dévier, diverses circulations dévoyées, comme le déplacement des entrées des urgences ou certains cheminements piétons, la pose de clôtures… Dans un tel contexte, la sécurité au sens large était un impératif : celle des compagnons sur le chantier, mais aussi celle des personnels hospitaliers, des sous-traitants intervenant dans le cadre de l’activité hospitalière, des patients ainsi que du public.

Vue du chantier du nouveau centre chirurgical du CHU de Pontchaillou.

Le mandataire a donc fait appel à un prestataire pour gérer la logistique du chantier et organiser les flux. « La logistique n’est pas le métier des entreprises de construction, explique Guillaume Mandagot, responsable d’exploitation chez KS services BTP. On les décharge de ces tâches pour qu’elles se consacrent à leur cœur de métier. » Ainsi, douze personnes sur le site sont dédiées aux questions logistiques : livraisons, gestion de la coactivité, évacuation des déchets, mais aussi circulation des véhicules coordonnées par un homme trafic, circulations dans les étages sous la responsabilité d’un liftier... Toutes ces missions ont relevé des attributions du logisticien. « On mise sur la polyvalence parmi notre personnel, poursuit-il : Caces manutention et formation élingage permettent au personnel d’alterner les activités. »

La gestion des livraisons est au cœur du bon phasage des opérations. « Nous utilisons un logiciel de planification et de gestion de la coactivité, remarque Christian Thébault, responsable de site chez KS services BTP. Pour chaque tâche, notre rôle est d’attribuer la bonne zone au bon moment aux entreprises intervenantes. » Du fait de flux tendus lors des phases d’approvisionnements, une base arrière de 4 100 m2 de plate-forme, dont 2 800 m2 de stock tampon, a été aménagée à quelques centaines de mètres, avec un sens de circulation en marche avant. « Le logiciel apporte de la souplesse dans notre organisation, complète-t-il. Sur le papier, il nous offre environ quatre jours de visibilité. Dans la réalité, c’est moins mais ça permet de mieux gérer les imprévus, et qu’ils aient moins de conséquences sur l’organisation globale. »

Un planning participatif facilite également la communication entre les entreprises. « Nous définissons un phasage sur plusieurs semaines qui est présenté chaque semaine au CHU, précise Marc Fischer. Les échanges permettent à chacun de comprendre les contraintes des autres, nous avons toujours réussi à trouver un terrain d‘entente. » Comme le résume Franck Bourien, contrôleur de sécurité à la Carsat Bretagne, « dans le triptyque organisation-technique-humains, la logistique répond aux différents impératifs de prévention et de performance, et à la tenue des délais ». Cette opération est la première d’un programme de construction qui va s’étendre sur plusieurs années sur le site hospitalier de Pontchaillou. Si un gros travail de coordination a été nécessaire au début, aujourd’hui, les échanges se passent bien. Et cette organisation pourra être reproduite pour les futures phases de travaux.

FICHE D'IDENTITÉ

Projet : construction d’un centre chirurgical et interventionnel, comprenant 55 blocs opératoires, un service de réanimation et 240 chambres, répartis sur sept niveaux.

Entreprise mandataire : Sogea Bretagne BTP (filiale Vinci Construction)

Lieu : Rennes (Ille-et-Vilaine)

Effectif en pic d’activité : autour de 400 personnes

Date de livraison : juin 2024

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