En 2022, l’Agence régionale de santé (ARS) de Normandie a lancé un appel à projets concernant la qualité de vie au travail dans les établissements sociaux et médico-sociaux de la région. Les répondants ayant mis en avant la nécessaire formation de leur personnel sur de tels sujets, l’ARS a proposé une expérimentation visant à déployer un réseau de formateurs en prévention des risques liés à l’activité physique dans le secteur sanitaire et social (Prap2S). Au total, ce sont une quarantaine de personnes sur quatre départements (sur les cinq que compte la Normandie) qui ont été formées par l’organisme retenu, H2S Formation. Autant de formateurs qui ensuite pourront former le personnel du secteur et diffuser ainsi les bonnes pratiques.
Pour le recrutement, l’ARS s’est appuyée sur la Carsat et l’Aract. Un recrutement qui n’a pas été si facile, compte tenu du temps nécessaire pour cette formation : pas moins de quatorze jours de formation par stagiaire, répartis en trois sessions sur le dernier trimestre 2023. « Même si nous prenons en charge le coût de la formation, les établissements doivent dégager du temps pour les salariés stagiaires, non seulement pour qu’ils se rendent aux sessions de formation, mais aussi pour les travaux d’intersessions à réaliser », explique Juliette Joly, responsable du pôle attractivité des métiers au sein de l’ARS Normandie, qui précise : « Pour cela, nous avons pris soin de réunir les employeurs pour leur expliquer ces contraintes et valider leur engagement dans ce projet. »
Amélie Fortin, chargée de prévention des risques professionnels à Amaelles Calvados, une association d’aide à domicile, avait déjà initié une démarche de prévention des risques professionnels au sein de sa structure : « Quand cet appel à projets est bien tombé, nous étions en cours de réflexion pour former des personnes en interne Prap2S. » Elle s’inscrit, avec deux assistants de vie de son association, à la formation : « Nous avons dégagé du temps pour les formations. Il a été plus compliqué d’estimer le temps nécessaire pour les travaux d’intersessions. »
Faire vivre le projet
Le premier travail demandé par la formatrice lorsque les stagiaires reviennent dans leur établissement est la réalisation de la carte de la sinistralité de leur établissement, ainsi que son analyse. « Certains ont découvert les chiffres et ont pris conscience de l’intérêt d’un tel travail, remarque Marion Chombeau, la formatrice et gérante de l’organisme de formation. Trop souvent, les chiffres sont considérés comme une fatalité. » « Nous avons mis en évidence que 58 % de nos accidents du travail étaient dus aux risques physiques lié à la manipulation, c’est donc un axe de travail prioritaire pour la structure », remarque Amélie Fortin.
Alors que les dernières formations s’achèvent, Marion Chombeau attend les réunions du premier trimestre 2024, avant de se prononcer sur la suite du projet. En effet, afin de maintenir la dynamique, les stagiaires continueront d’être accompagnés, pendant deux ans, par la formatrice, à raison d’une réunion par département et par trimestre. « Pour que cela donne des résultats, il faut absolument que les employeurs raisonnent sur le moyen et le long termes, remarque la formatrice. Car cela perturbe voire déstabilise un service lorsque l’on envoie des soignants en formation pendant quatorze jours. Mais il faut avoir conscience que c’est un vrai investissement sur l’avenir. » « Nous avions préparé le projet en amont et prévu de former treize personnes actrices de prévention au sein de l’association. Elles seront nommées début 2024, et les sessions se dérouleront sur le premier semestre 2024, précise pour sa part Amélie Fortin. Notre objectif est que cela débouche sur une baisse de sinistralité. »