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Une journée avec

Une infirmière en santé au travail en entreprise

Véronique Brinon est infirmière en santé au travail en entreprise depuis 21 ans chez Antartic. Dans l’usine de Saint-Martin-d’Abbat, spécialisée dans la production et l’embouteillage de boissons non alcoolisées, elle assure au quotidien des missions de prévention auprès des salariés. Ses journées ne sont jamais écrites à l’avance.

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Grégory Brasseur - 25/08/2022
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Une journée avec - Une infirmière en santé au travail en entreprise
  • 9 h 15

    Gérer les entretiens infirmiers

    En 30 minutes, trois salariés se sont succédé dans son bureau. « Je les reçois pour des soins ponctuels. Là, j’ai un stagiaire en 2e année de bac pro qui ne se sent pas bien. Il va manger un peu et rentrer chez lui. Son test Covid est négatif. » Depuis 21 ans, Véronique Brinon est infirmière en santé au travail en entreprise, chez Antartic, à Saint-Martin-d’Abbat, dans le Loiret. L’entreprise du groupement Les Mousquetaires est spécialisée dans la production et l’embouteillage de boissons non alcoolisées : eaux, jus de fruit, sirops, sodas… L’usine, où tout le monde connaît bien l’infirmière, emploie 283 salariés et autour de 50 intérimaires entre avril et août. Une fois le jeune homme parti, Véronique appelle la secrétaire du médecin du travail du Comité interentreprises d’hygiène du Loiret (CIHL). « Le médecin a des visites médicales de reprise à prévoir. Il m’autorise de mon côté à gérer les entretiens infirmiers », explique-t-elle. Ici, beaucoup la voient comme « la grande sœur ». De nombreux entretiens informels s’ajoutent à la demande des salariés.

  • 10 h 10

    Travailler sur des projets d'amélioration continue

    Véronique retrouve Jordan Berthias, coordinateur de la performance, dans son bureau. Ensemble et avec le responsable sécurité du site, ils travaillent sur des projets d’amélioration continue. En chemin, elle dépose à un chef d’équipe un casque pour un salarié de nuit qui a perdu ses bouchons moulés et ne supporte pas les protections jetables. Avec Jordan, ils reprennent certains dossiers. « Une salariée souffrant du dos et des épaules, reconnue travailleuse handicapée, rencontre des difficultés sur plusieurs postes. J’ai fait venir une ergonome, avec qui elle a évoqué sa situation. Elle a proposé des aménagements », explique l’infirmière. Véronique est référente handicap et, à ce titre, impliquée dans le suivi des reconnaissances, la sensibilisation des salariés et la participation aux actions visant le maintien au poste de travail et dans l’emploi. « On fait tester les solutions par un panel de salariés : jeunes, moins jeunes, avec ou sans problèmes de dos, précise Jordan Berthias. L’aménagement de poste doit améliorer le quotidien de chacun et ne pas induire de gêne. » En discussion notamment, des changements de hauteur de palettes pour réduire les contraintes de manutention des cartons de bouchons, ainsi que la mise à disposition d’un chariot pour déplacer les sacs de colle.

  • 11 h

    Recueillir le ressenti des salariés

    Dans l’usine, le binôme recueille le ressenti de salariés. Un transpalette électrique est à l’essai pour la manutention de cartons de pailles. Test concluant. En chemin, plusieurs salariés sollicitent l’infirmière. Chez Antartic, où le poste a été créé à son arrivée, son rôle est devenu central. Mais malgré sa connaissance du site, il peut lui arriver de se sentir isolée. « Depuis 2008, j’assiste aux journées d’étude dédiées aux infirmières de la région Centre-Val de Loire. Ce sont des journées annuelles qui sont organisées en collaboration avec le Groupement des infirmiers du travail (GIT) et la Carsat, qui permettent notamment d’échanger avec d’autres infirmiers sur les situations que nous rencontrons et de continuer à se former », explique Véronique. « Chaque infirmière formée représente l’opportunité de sensibiliser a minima une direction d’entreprise et 200 salariés, estime Christine Roques, ingénieure-conseil à la Carsat Centre-Val de Loire, qui anime ce réseau depuis seize ans. Les infirmiers d’entreprise ne disposent pas toujours de l’appui d’une cellule pluridisciplinaire comme les infirmiers de services interentreprises de santé au travail. Il faut leur permettre d’assurer pleinement leurs missions de prévention. »

    L'infirmière recueille le ressenti de salariés concernant de nouvelles installations

    REPÈRES

    • À travers le Groupement des infirmiers du travail, c’est un véritable réseau qui s’est constitué sur la région. Les infirmières ont l’opportunité d’échanger sur les actions qu’elles mènent dans leurs entreprises, d’évoquer leurs problématiques quotidiennes ou encore certains sujets émergents.
  • 11 h 45

    Organiser des sessions de sensibilisation

    Véronique a invité Fabienne Cuypers, infirmière coordinatrice au réseau Prévention Main Centre, pour deux sessions de sensibilisation destinées aux salariés. « Je l’ai proposé à la direction après avoir assisté à une présentation d’un médecin de SOS Mains. Depuis 2014, une infirmière spécialisée intervient sur site au sujet des risques de coupure », explique-t-elle. En 2022, après deux ans de pause à cause de la pandémie, il est prévu que 130 salariés assistent par petits groupes à la présentation.

  • 13 h 30

    Personnaliser le message de prévention

    « Chaque année, 2 millions de personnes sont accueillies aux urgences main, 62 000 en Centre-Val de Loire. Environ 50 % des victimes gardent des séquelles », présente Fabienne Cuypers, habituée à intervenir dans les entreprises, les CFA et les lycées professionnels. Elle marque les esprits en projetant des images chocs prises après un accident. Véronique s’assure que tout va bien dans l’assistance. La formatrice poursuit en personnalisant le message. « Il faut que les salariés du site se sentent concernés. On parle de leur vécu et des EPI qu’ils utilisent. Il est également question de la réaction à avoir si un collègue est victime d’un accident dans l’usine », précise Véronique. Les salariés sont aussi invités à partager leurs expériences. L’un d’eux évoque une brûlure chimique dont il a été victime dans son précédent emploi : on ne lui avait pas fourni de gants adaptés. « C’est bien de rappeler la vigilance à observer, pour que chacun puisse ensuite relayer le message », affirme-t-il. Après la formation, les deux infirmières poursuivent leurs échanges.

    Une session de sensibilisation aux risques professionnels destinée aux salariés.
  • 15 h 45

    Trouver des solutions concrètes

    Un salarié a appelé pour des problèmes d’irritation liés à l’utilisation des bouchons moulés. « Je vais téléphoner au labo, lui dit Véronique, après l’avoir observé et interrogé sur la gêne ressentie. La surface du bouchon pourra peut-être être modifiée. » Une solution doit être trouvée pour que l’EPI soit porté.

    Un salarié rend ses bouchons d'oreilles moulés responsables d'irritations.
  • 16 h 50

    Vérifier directement sur le terrain

    Véronique repart dans l’usine. Elle fait le point avec un opérateur sur la mise en place de palans mobiles au poste de préparation des sirops, où des manutentions de bidons étaient contraignantes. « Il n’y a pas de journée type. Je vais au-devant. J’essaie de répondre à leurs attentes », indique-t-elle. Pour ce poste, plusieurs salariés avaient témoigné, lors des entretiens infirmiers, des fortes contraintes physiques qu’ils subissaient. Une étude ergonomique a été menée. Les premiers retours sur la nouvelle installation sont satisfaisants.

    L'infirmière fait le point avec un opérateur sur la mise en place de palans mobiles
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