Éric rapproche la camionnette, Julien vient prêter main-forte pour la vider. « On se met toujours à trois, ça va plus vite », remarque Éric. La balance indique 128 kg pour les sacs des deux boulangeries, 136 kg (-44 kg de tare) pour la box jaune, manipulée à l’aide d’un chariot. Éric et Marie passent au tri, pour enlever les plastiques et papiers des invendus des grandes surfaces, et rompre les pains trop longs pour la déchiqueteuse. « Nous avons rencontré M. Bruyère en 2018, à l’occasion d’une matinée employeur organisée par la Carsat. Il voulait progresser en prévention des risques professionnels… il partait de loin », souligne Bérengère Meunier, contrôleuse de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes. Photos à l’appui, elle nous montre la situation d’alors : pas de box jaunes s’ouvrant latéralement, mais des caddies et des cartons un peu partout ; la ligne de tri n’existait pas, le tri se faisait sur une planche posée sur des palettes. Bérengère Meunier incite le directeur à réaliser une analyse des situations de travail et des entretiens hors poste avec les salariés. Après avoir constitué un groupe de travail et échangé avec d’autres structures équivalentes, des solutions ont été identifiées. Aujourd’hui, un tapis convoyeur, alimenté par trois personnes, apporte le pain jusqu’à la déchiqueteuse. Les morceaux de pain obtenus sont mis dans des clayettes. « La couche de pain ne doit pas être trop épaisse pour qu’il puisse sécher facilement », explique Marie. Sous le convoyeur et la déchiqueteuse, des miettes s’accumulent, obligeant un salarié à balayer fréquemment. Un problème qui pourrait être résolu en positionnant un bac dessous, selon la contrôleuse de sécurité. Les clayettes sont empilées par douze au fur et à mesure de leur préparation sur un plateau muni de roulettes, permettant de les déplacer jusqu’au séchoir qui tourne la nuit. « Il ne faut pas empiler les clayettes trop haut pour ne pas travailler les bras en l’air, remarque Éric Colas. On a d’ailleurs tracé un repère sur le mur pour que chacun puisse voir la hauteur à ne pas dépasser. » « On accueille un public qui a parfois du mal avec l’écrit, explique Thierry Bruyère. On met beaucoup de consignes visuelles et on répète que les chaussures de sécurité sont obligatoires et que les bouchons d’oreilles doivent être portés quand le broyeur fonctionne. On va aussi proposer des casques antibruit, pour qu’ils soient acceptés plus facilement. Enfin, lors de déplacements de nuit, comme en ce moment pour les tournées, les gilets fluorescents sont obligatoires. » Une fois sec, le pain est broyé pour faire de la panure, un poste que le directeur souhaite revoir entièrement. « Pour l’alimenter, les opérateurs ont les bras un peu haut, insiste la contrôleuse. Cela devra être pris en compte lors de votre étude de poste ainsi que le bruit. » Thierry Bruyère a déjà une petite idée de la solution, avec un convoyeur pour alimenter un nouveau broyeur encoffré. « Vous devez faire participer les opérateurs, poursuit Bérengère Meunier, pour faire remonter d’autres problèmes et trouver ensemble des solutions. »