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Une journée avec

Une ingénieure sécurité et environnement

Réunions consacrées au déménagement de l’entreprise, visites des ateliers, animations QSE… Les journées de Cécile Poirieux, ingénieure sécurité et environnement pour l’entreprise Proform, spécialisée dans la transformation de pièces de métal, sont bien remplies. Avec un objectif : ne pas se contenter d’imposer des contraintes, proposer avant tout des solutions.

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Corinne Soulay - 06/12/2022
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Cécile Poirieux
  • 7 h 15

    Avant la première réunion

    Les yeux rivés sur son ordinateur, Cécile Poirieux, ingénieure sécurité et environnement chez Proform, entreprise spécialisée dans le cintrage et le formage de pièces de métal, trie ses mails avant sa première réunion. Autour d’elle, l’immense bâtiment de 25 000 m2, situé à Vourles, près de Lyon, est quasiment vide. Dans quelques mois, il accueillera les 200 salariés de l’entreprise, aujourd’hui basés à Chaponost, à moins de 10 km. Mais, pour l’heure, le déménagement est loin d’être finalisé. « C’est une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), soumise à de nombreuses réglementations. Il y a donc beaucoup de contraintes à prendre en compte », précise Cécile. Tous les jeudis matin, l’équipe dédiée au projet se réunit sur place pour faire le point.

    Cécile Poirieux
  • 8 h 30

    Jongler avec les injonctions contradictoires

    Autour de la table, Cécile Poirieux, le PDG, Gilles Poichot, et Laurent Blayon, chargé de coordonner la réhabilitation du nouveau site. À l’ordre du jour, des injonctions contradictoires liées à la protection incendie. « Nous sommes dans l’obligation d’avoir des murs extérieurs, des murs séparatifs et une toiture coupe-feu, ce qui signifie : aucune baie vitrée. Or, le Code du travail impose la lumière naturelle et une vue sur l’extérieur pour le salarié », pointe Cécile Poirieux. Une demande de dérogation est envisagée. Puis le groupe s’attelle à la préparation d’une réunion d’information : « Nous avons un “correspondant déménagement” dans chaque secteur. Nous les rencontrons une fois par mois pour évoquer l’avancement du projet et leur donner des consignes afin qu’ils progressent dans la réflexion sur l’implantation de leur activité à Vourles. Le correspondant est chargé de faire redescendre l’information auprès de son équipe », explique l’ingénieure. Sur un écran géant, défile un tableau Excel sans fin, où se mêlent acronymes et arrêtés ministériels. L’ingénieure s’est lancée un défi de taille : présenter de manière synthétique toutes les règles à respecter en matière de sécurité et d’environnement aux correspondants et aux membres du CSE. « Si nous voulons associer les gens au projet et qu’ils acceptent les contraintes, il faut qu’ils comprennent d’où elles viennent, à quoi elles servent, et ce qu’on risque si on ne les suit pas. »

    Cécile Poirieux
  • 10 h

    Présenter des solutions

    Nouvelle réunion. Objectif : valider les devis du service achat. « Les acheteurs ont été associés dès le départ. C’est toujours mieux d’anticiper que de corriger a posteriori », insiste Cécile Poirieux. Gilles Poichot acquiesce et soutient cette logique de prévention. Ce travail a porté ses fruits : « J’ai vite compris qu’il ne fallait pas juste apporter des contraintes, rapporte-t-elle, mais qu’il était nécessaire de présenter des solutions. » Depuis février, une ergonome a été embauchée et une infirmière devrait bientôt la rejoindre.

    REPÈRES

    • Mécanicienne de formation, Cécile Poirieux a débuté son parcours chez Proform en 2007, en tant que technicienne qualité dans le secteur automobile.
    • Sensibilisée aux questions de prévention lors d’une expérience au CHSCT, elle a suivi un master spécialisé en QSE en 2016. Une formation qui a permis la création de son actuel poste d’ingénieure sécurité environnement.
  • 12 h

    Une logique d'amélioration continue

    Quinze minutes de trajet en voiture et Cécile arrive à Chaponost. Il y a quatre ans, l’entreprise a été ciblée TMS Pros (programme lancé en 2014 par l’Assurance maladie-risques professionnels, qui vise à permettre aux entreprises d’agir en matière de prévention des troubles musculosquelettiques). Aujourd’hui, la jeune femme, épaulée par Valérie Tracol, l’ergonome, et le responsable de fabrication Yoann Hamon, organise une restitution des actions entreprises devant une vingtaine de salariés du secteur formage vertical (FV). « Souvent, lorsque le parcours imposé par la Carsat se termine, l’action retombe, mais chez Proform, il y a l’idée d’une amélioration continue », se réjouit Marjorie Poupet-Renaud, contrôleuse de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes. Pendant 1 h 30, Cécile Poirieux énumère les 72 situations de travail identifiées dans le cadre de la démarche et l’état des actions mises en œuvre : soldée, en cours ou à prévoir sur le nouveau site. Des postures contraignantes ont été repérées à certains postes ? Un transpalette autonome va être déployé. Soldé. Les employés portent des goulottes très lourdes ? Une étude est menée pour les remplacer par des outillages en deux parties. En cours… À l’aise sur tous les sujets, Cécile Poirieux sait capter l’attention de son auditoire et l’encourage à prendre la parole. « On manque de lumière : pour contrôler les pièces, c’est compliqué », lance un salarié. Un point de plus à prendre en compte. La présentation est terminée, mais Cécile Poirieux a prévu de la refaire auprès de l’équipe de nuit.

    Cécile Poirieux échange avec une salariée de Proform
  • 14 h

    Des vérifications in-situ

    À peine le temps de s’asseoir à son bureau et d’avaler un sandwich, son téléphone sonne. « On m’appelle tout le temps, confie-t-elle. Par exemple, un atelier souhaite utiliser un décapant acide. Le magasin me contacte pour avoir mon accord. Avant de le donner, j’étudie la fiche de données de sécurité du produit, les conditions dans lesquelles il sera utilisé, avec quels EPI… » Après avoir raccroché, elle fait défiler des photos sur son portable. Une pause ? Pas vraiment. Les clichés montrent un chariot planté au milieu d’une allée, un bidon d’huile endommagé… Dès qu’elle le peut, Cécile Poirieux arpente les allées de l’usine pour s’assurer que les mesures de sécurité sont bien respectées : « Ces photos sont des aide-mémoire ! »

    Cécile Poirieux dans les allées de l'usine Proform.
  • 14 h 30

    La valse des réunions

    La valse des réunions reprend. Après un tête-à-tête avec l’ergonome pour finaliser un compte-rendu et préparer une étude sur la gestion des déchets solides, retour dans l’usine. De 15 h 30 à 16 h, Cécile Poirieux anime, debout, un atelier QSE (qualité, sécurité, environnement) auprès de huit salariés du secteur finition. Chaussures de sécurité aux pieds, bouchons vissés aux oreilles, elle présente les chiffres d’accidentologie : « Neuf accidents ont été déclarés cette année chez Proform. Mais j’analyse aussi les accidents bénins et les presqu’accidents. » Trois douleurs dorsales, trois coupures et une brûlure : le secteur finition se porte plutôt bien. Dernièrement, les salariés ont été dotés de nouveaux gants, l’occasion pour Cécile d’avoir un retour direct sur leur utilisation. Autre point abordé : « Nous avons la possibilité de tester un exosquelette, y a-t-il un volontaire ? » Avant de partir, un salarié l’interpelle : « Quand est-ce qu’on déménage ? » La question est sur toutes les lèvres. L’ingénieure prend quelques minutes pour y répondre, puis chacun retrouve son poste. Cécile Poirieux, de son pas dynamique, file déjà vers une nouvelle réunion.

    Cécile Poirieux au téléphone pour répondre à diverses questions.
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