Ce site est édité par l'INRS
Nouveauté

Les postures sédentaires, c’est délétère

Publiée par l’INRS, la brochure « Les postures sédentaires au travail : définition, effets sur la santé et mesures de prévention » vise à aider les entreprises à identifier ces situations de travail, à connaître leurs effets sur la santé et à prévenir les risques professionnels associés. Co-auteurs du document, Laurent Kerangueven, expert d’assistance-conseil, et Kévin Desbrosses, responsable d’études, à l’INRS, nous en disent plus.

2 minutes de lecture
Damien Larroque - 30/01/2023
Lien copié
Open space du bureau d'études de l'entreprise Serta, Le Poiré-sur-Vie (Vendée)

Travail & Sécurité. Que recouvre la notion de postures sédentaires ?

Kévin Desbrosses. Il s’agit de postures assises ou allongées, maintenues dans le temps et associées à une très faible dépense énergétique, définie comme inférieure ou égale à 1,5 fois celle du métabolisme de base (minimum nécessaire au fonctionnement de l’organisme au repos). Dans le cadre professionnel, il est très majoritairement question de posture assise. En effet, lorsqu’un salarié s’allonge pour réaliser une tâche, celle-ci est la plupart du temps associée à une dépense énergétique élevée comme lors de travaux de réparation automobile. Mais méfiance. Le développement de nouvelles formes d’organisation du travail (télétravail à domicile par exemple) ou de nouveaux concepts de mobilier pourrait bien changer cet état de fait. Quant à la notion de maintien dans le temps, que j’évoquais précédemment, elle recouvre à la fois la durée cumulée journalière et le caractère ininterrompu des périodes passées en postures sédentaires.
 

Celles-ci se retrouvent donc surtout dans le secteur tertiaire…

Laurent Kerangueven. Oui, principalement. Et cela signifie que la majorité des travailleurs y sont exposés. En France, en 2018, plus de 76 % des personnes en emploi travaillaient dans le tertiaire. Mais, plus globalement, de nombreux métiers peuvent être concernés. En effet, le recentrage de nombreuses activités autour des outils numériques (ordinateur, tablette, smartphone…), tous secteurs d’activité confondus, contribue à accroître le nombre de travailleurs exposés. Quoi qu’il en soit, le travail est devenu le principal pourvoyeur de postures sédentaires, devant les activités de loisirs – comme regarder la télévision installé dans son canapé – et les déplacements (bus, train…). Une étude a d’ailleurs montré que les professionnels dont le métier impose majoritairement ces postures sédentaires y sont confrontés, en moyenne, pendant plus de 6 heures par jour. Cette exposition représente donc un réel enjeu de santé au travail.
 

Quels sont les risques induits par ces postures sédentaires ?

K. D. Les personnes les plus exposées présentent une augmentation du taux de mortalité toutes causes confondues, ainsi qu’une élévation du risque de développer des pathologies cardiovasculaires, certaines formes de cancers, de l’obésité, un diabète de type 2… De plus, plusieurs études révèlent des liens avec les troubles musculosquelettiques (lombalgies notamment). D’autres encore pointent des effets sur la santé mentale. Précisons également que les bénéfices associés à la pratique d’une activité physique de loisirs régulière (hors temps de travail) ne suffisent pas à compenser ces effets néfastes liés aux postures sédentaires. Des actions de prévention doivent être mises en œuvre lors du temps de travail.
 

Quels types d’actions ?

L. K. L’objectif est d’amener les salariés à rompre régulièrement les postures sédentaires, idéalement toutes les 30 minutes, et à limiter au maximum la durée totale de leur maintien pour ne pas dépasser les 5 heures par jour. Différentes actions peuvent être mises en œuvre pour y parvenir : organiser l’activité pour inciter les salariés à alterner les tâches effectuées en posture assise avec d’autres permettant de se lever ou se déplacer ; autoriser les pauses actives et régulières ; mettre en place un environnement de travail favorisant les déplacements (photocopieuse à l’écart des postes de travail…) ; acquérir du mobilier permettant d’alterner les postures assises et debout (bureaux à hauteur variable)… La sensibilisation, l’information et la formation des employeurs et des salariés sur cette question sont par ailleurs essentielles pour combattre l’idée selon laquelle la posture assise serait la posture de travail absolue. L’idéal étant d’alterner !

Partager L'article
Lien copié
Sur le même sujet

Dans la même rubrique