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Enquête

Dialogue social : des perceptions bien divergentes

Le dialogue social serait à la peine en France. Un baromètre récent sur le sujet fait état d’un très net décalage de perception entre représentants du personnel et dirigeants sur la qualité de ce dernier. 

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Grégory Brasseur - 07/03/2023
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Le dialogue social serait à la peine en France.

La 5e édition du baromètre Syndex-Ifop fait état d’un très net décalage de perception entre représentants du personnel et dirigeants sur la qualité de ce dernier. Les premiers lui attribuent une note de 5/10 tandis que les seconds l’évaluent plus positivement, avec une moyenne de 7,8/10. L’enquête a été menée à l’automne 2022 par questionnaire auprès de 1 308 salariés, 917 représentants du personnel, 410 chefs d’entreprise et DRH dans des entreprises de plus de 20 salariés.

Elle s’intéresse en particulier aux CSE, qui gardent globalement la confiance des salariés : 64% évoquent une instance importante pour eux et 83 % sont majoritairement décidés à voter aux prochaines élections professionnelles. Néanmoins, l’écrasante majorité des représentants du personnel (93 %) souligne des difficultés à recruter de nouveaux élus. Leur charge de travail est importante et ils regrettent un déséquilibre accru du rapport de force. L’état d’esprit des représentants du personnel reste d’ailleurs majoritairement négatif (86 %), malgré un recul de 5 points de cet indice par rapport à l’édition de janvier 2022. Ils se déclarent fatigués (60 %) et en colère (32 %), même si, du côté de l’optimisme et de la motivation, la tendance est plutôt à la hausse par rapport à l’enquête précédente.

« S’ils se sont habitués au nouveau cadre réglementaire, pour 82 % des élus, renforcer le poids des avis du CSE est une priorité. En comparaison, seuls 21 % des dirigeants le pensent », note Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop. « Les salariés ont parfois l’impression que l’avis ne sert à rien, puisque l’employeur peut poursuivre un projet même lorsque l’instance émet un avis négatif », témoigne Virginie Gaillard, secrétaire du CSE et déléguée syndicale SNB-CFE/CGC à l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), qui conseille et accompagne les entrepreneurs dans la création de leur activité.

La communication enjeu majeur

Autre point de divergence, les représentants du personnel sont 70 % à citer la proximité avec les salariés comme l’un des éléments contribuant le plus fortement au dialogue social, alors que les directions évoquent en priorité le respect de la législation. Après la mise en place du CSE, les élus ont fortement ressenti un déficit de présence sur le terrain et une fragilisation du lien avec les salariés, accentuée par la crise sanitaire, le manque de temps et de moyens et parfois aussi le télétravail.

Dans ce contexte, la communication devient pour eux un enjeu majeur. « Il faut réussir à capter des gens que l’on voit moins. À l’Adie, après chaque réunion de CSE, nous envoyons une newsletter qui reprend tous les points abordés et nos avis », décrit par exemple Virginie Gaillard. Enfin, 74 % des représentants du personnel estiment que leur CSE ne s’est pas encore saisi de ses nouvelles prérogatives environnementales : si la connaissance de cette nouvelle attribution progresse, le manque d’expertise et d’information sur la question ne permet pas d’en faire pleinement un objet de dialogue social. 

TÉLÉTRAVAIL ET SATISFACTION

75 % des représentants du personnel interrogés indiquent qu’un accord télétravail a été mis en place par leur entreprise. Les salariés sont dans l’ensemble satisfaits de la politique de télétravail de leur entreprise (72 %). La moitié des représentants du personnel interrogés déclarent que le télétravail a un impact positif sur la productivité. Ils néanmoins également 50 % à évaluer un impact négatif sur la solidarité et les échanges entre collègues. L’appréciation du télétravail est plus mesurée du côté des employés et des ouvriers qui sont d’ailleurs plus nombreux dans les entreprises ne le pratiquant pas. Du côté des insatisfaits, c’est impossibilité de télétravailler autant que souhaité (44 %) et l’inéquité d’accès au télétravail (40 %) qui sont mentionnées.

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