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Risque chimique

La ventilation s’ancre bien dans son environnement de travail

Afin de réduire le risque chimique lié notamment aux émanations de solvants, l’entreprise Tiflex, basée à Poncin, dans l’Ain, a refait à neuf la ventilation de deux locaux, dédiés à la fabrication d’encres et au contrôle qualité. Résultat, une aspiration à la source efficace et un confort au poste de travail amélioré.

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Corinne Soulay - 28/06/2023
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Un salarié de l'entreprise Tiflex.

Bienvenue à Poncin, village de 1 700 âmes, connu pour son château du XIIe siècle surplombant les méandres de l’Ain. C’est dans ce cadre pittoresque que l’entreprise Tiflex – pour « Timbre Flexible » – a pris ses quartiers il y a plus d’un siècle. Au départ spécialisée dans la fabrication de timbres pour marquer caisses et sacs industriels, elle s’est peu à peu diversifiée, proposant aujourd’hui un large panel de solutions d’impression (fabrication d’encres de marquage et de sérigraphie, vente d’imprimantes…). Une activité pléthorique répartie sur huit bâtiments et 60 000 m2. En 2021, l’entreprise a signé un contrat de prévention avec la Carsat Rhône-Alpes. Objectif principal : refaire à neuf la ventilation dans deux locaux, le laboratoire de fabrication de très petites quantités d’encres (des pots de 1 à 7 kg) et le laboratoire de contrôle qualité.

Le premier local est une petite pièce vitrée implantée au cœur d’un imposant bâtiment, auquel on accède en empruntant une voie communale en pente raide. Deux opératrices y travaillent à la création d’encres en s’appuyant sur les formulations demandées par les clients. Première étape, elles prélèvent sur les étagères les ingrédients nécessaires : bases, solvants, pigments, épaississants, liants… Comme pour une recette de cuisine, les différents éléments sont ensuite pesés sur une balance puis malaxés avec un mélangeur. Le produit obtenu est passé à la broyeuse et récupéré dans un pot. À la fin de la journée, les ustensiles sont nettoyés au solvant dans un laveur manuel.

700 matières premières sont utilisées par l’entreprise (solvants, résines, pigments…).

À toutes ces étapes, les opératrices sont susceptibles d’être exposées à des émanations de produits chimiques, avec des conséquences sur la santé. « Les solvants peuvent provoquer un sentiment d’ivresse, des nausées, des vomissements, des céphalées, rappelle Stéphane Alonso, contrôleur de sécurité au laboratoire interrégional de chimie de la Carsat RhôneAlpes. Et une exposition chronique peut être à l’origine de maladies professionnelles. »

Sur chaque poste, des dosserets aspirants permettent de capter au plus près les émanations. Certains produits, comme les colorants, se présentant sous forme de poudre, un caisson contenant un filtre à poussières et un dispositif de suivi de son colmatage intégré aux gaines de ventilation a été installé. Pour les opératrices, les bénéfices ont été immédiats. « Je ne suis plus malade, se réjouit Nelly. Avant, les odeurs étaient très fortes, comme lorsqu’on fait de la peinture chez soi : j’étais nauséeuse toute la journée et très fatiguée en fin de journée. »

Identifier les besoins de chacun

Pour s’adapter au mieux à l’activité, la société installatrice AAI a d’abord fait des études de postes afin d’identifier chaque source d’émission potentielle et a consulté les opératrices pour comprendre leurs besoins et proposer des solutions appropriées. « Il y a vraiment une approche ergonomique, souligne Stéphane Alonso. Les dosserets associés à la balance ou au mélangeur, par exemple, sont incurvés pour épouser la forme des pots et escamotables pour les rapprocher ou les éloigner en fonction du volume des contenants. »

Au poste de broyage, deux dosserets ont été implantés aux endroits stratégiques : au niveau de la broyeuse proprement dite et en sortie de process, là où le produit fini coule dans le seau. « Auparavant, les opératrices disposaient d’un bras d’aspiration orientable et articulé qu’elles devaient manipuler en même temps que le contenant, ce qui était contraignant », se remémore Catherine Carresi, responsable QSE (qualité, sécurité, environnement) chez Tiflex.

Une salarié dans le local de création d'encres.

Aucun détail n’a été omis. Un dispositif encoffrant, type sorbonne de laboratoire, accueille le nettoyage des ustensiles et accessoires, avec récupération des solvants de nettoyage. « Le seau dans lequel est nettoyé le gros des salissures est doté d’un anneau de Pouyès, qui aspire les vapeurs à la source, pour éviter qu’elles ne sortent lorsqu’on actionne le couvercle », remarque Sonia Ratinaud, contrôleuse de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes. À l’issue des travaux, l’installateur est venu contrôler l’ergonomie des postes et a procédé à des ajustements. « Du fait de la nouvelle installation, sur la broyeuse, il n’y avait plus de place pour poser les contenants lourds, il a donc installé un support pour y remédier », commente Catherine Carresi.

La compensation de l’air extrait a aussi fait l’objet d’un traitement. Le principe ? L’air chaud extrait du laboratoire est transporté vers l’extérieur. Sur le toit, un échangeur thermique à plaques a été installé. Il procède au transfert des calories de l’air extrait vers l’air entrant, qui est ensuite diffusé dans la pièce via une gaine microperforée installée au plafond. Une pompe à chaleur permet de réguler la température. Résultat : une température stable, comprise entre 20 et 25 °C. Un changement salué par Gaël et Sabine, opérateurs dans le laboratoire de contrôle qualité attenant au local de préparation d’encre : « Auparavant, on pouvait avoir jusqu’à 30°C en été dans la pièce. Là, c’est confortable. »

Aspiration et calme

Le binôme reçoit quotidiennement des échantillons d’encres, venant de tous les services du bâtiment. Là encore, une aspiration à la source a été aménagée à tous les postes le nécessitant : au niveau du rhéomètre – où se déroulent les tests de viscosité –, du « screen printer » – une machine encoffrée où l’encre est appliquée sur un support pour comparer avec les étalons de teintes –, des étuves, qui permettent de chauffer l’encre entre 50 et 130 °C, et du poste dédié au contrôle de l’extrait sec. Avec une conséquence indirecte inattendue mais bienvenue : « Précédemment, à cause des odeurs, on ouvrait la porte et il y avait beaucoup de bruit provenant des autres ateliers, affirme un des opérateurs. Désormais, comme l’odeur d’encre a quasiment disparu, on travaille au calme. »

Le contrat de prévention comprenait également un volet formation, qui a permis à l’entreprise de former une trentaine de personnes à la réglementation Atex (atmosphère explosive). Et les projets de rénovation de ventilation se poursuivent : en 2023, c’est l’atelier des écrans et le laboratoire R&D encres qui devraient en bénéficier.

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Tiflex
Activité : conception et commercialisation de solutions d’impression : fabrication d’encres standards ou conçues à la demande, vente d’imprimantes jets d’encre et numériques, de cartouches d’encre associées, de produits et de machines de nettoyage par solvants.
Lieu : Poncin (Ain)
Effectif : 150 salariés
Surface : 60 000 m2
Chiffre d’affaires : 24 millions d’euros

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