Dans la ville côtière du Marin, situé au sud de la Martinique, l’hôtel Sable Bleu se prépare à une ouverture imminente. Le personnel de ce quatre-étoiles s’affaire déjà afin d’accueillir ses tout premiers clients dans les meilleures conditions. « On a hâte ! », s’enthousiasme Benjy Meslien, réceptionniste polyvalent. Les six salariés de l’hôtel ont été recrutés en CDI depuis plusieurs mois déjà. Ils ont ainsi été formés aux nombreux logiciels, indispensables dans cet hôtel connecté : réservation des clients, contrôle d’accès… ou encore management des étages, pour saisir en temps réel les besoins des différentes chambres et suivre l’avancement des tâches. Ils ont activement participé au choix des équipements de travail et la rédaction du document unique d’évaluation des risques, qui a été confiée à un consultant spécialisé, a été réalisée à partir d’entretiens et de séances de travail avec eux.
La prévention des risques professionnels et l’optimisation des tâches font partie intégrante du projet depuis son lancement, début 2021. À pied d’œuvre depuis plus de deux ans, la cheffe de projet, Audrey-Morgane Kindt, s’en assure à toutes les étapes. Une évidence pour cette assistante à maîtrise d’ouvrage spécialisée en QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement) et hôtellerie-restauration, qui a également été directrice adjointe d’un hôtel par le passé.
Architecte, bureau d'études, direction... tous associés
« J’ai participé à la conception du bâtiment avec l’architecte et les bureaux d’études, avant le commencement des travaux de construction, en octobre 2021, se souvient-elle. Il était primordial que la circulation entre les différents espaces et les étages soit la plus aisée possible. Dans un bâtiment de si petite surface, l’optimisation était le mot d’ordre. » Autre exemple, pour la piscine à débordement, située sur le rooftop : « J’ai vérifié notamment que le local technique soit bien ventilé et que les opérateurs puissent y travailler en posture debout », poursuit-elle.
Le bâtiment, sur trois niveaux, a été livré début 2023. Les seize chambres sont réparties entre le rez-de-chaussée et les deux étages. Depuis l’accueil, on peut accéder à la salle de fitness, à l’espace détente du patio et à la bagagerie. Les salariés naviguent aisément au sein de l’établissement, à travers de larges couloirs carrelés : leur bracelet connecté ouvre toutes les portes en un simple mouvement du poignet. L’ascenseur dessert les étages et le rooftop, avec vue sur la mer et la marina, à quelques pas du bâtiment. Le bar et la cuisine sont situés sur ce toit-terrasse où les clients ayant réservé pourront prendre leur petit déjeuner ou se restaurer. « Pour ces deux espaces, la hauteur des plans de travail a été un des points de vigilance lors de l’aménagement », explique Audrey-Morgane Kindt.
NUMÉRIQUE ET FORMATIONS
Des sonnettes connectées disposées au bar et à la réception offrent à l’équipe une grande mobilité et flexibilité au sein de l’établissement tout en restant attentifs aux besoins des clients. « Nous y avons accès depuis notre téléphone portable professionnel », détaille Yann Atala, réceptionniste de nuit, « ou, pour ma part, via une tablette et un ordinateur dans le bureau », ajoute Lindsay-Violette Plocus, la responsable hébergement. En matière de prévention des risques professionnels, l’ensemble de l’équipe a suivi la formation « évacuation et risque incendie », obligatoire dans tous les établissements recevant du public. Un plan de formation complet sera déroulé tout au long de l’année, afin d’assurer le développement des compétences (perfectionnement, spécialisation et professionnalisation) et de prévenir les risques professionnels (prévention des risques liés à l’activité physique, sécourite sauveteur du travail, prévention des risques chimiques)
L’aménagement intérieur de l’établissement représente aussi un point-clé pour la prévention des risques professionnels, en particulier des troubles musculosquelettiques. Dans toutes les chambres, les salles de bain sont équipées d’une douche à l’italienne, bien plus simple à nettoyer du fait de l’absence de rebord. Dans la même veine, les toilettes des chambres, comme celles des parties communes, sont surélevées afin de pouvoir nettoyer le sol en dessous sans se baisser : « C’est mieux pour le dos », apprécie Nathalie Fonsat, hôtesse d’étage, qui travaille depuis neuf ans dans l’hôtellerie. C’est elle qui est principalement affectée au nettoyage des chambres : « Nous n’avons pas pu installer de lève-lits électriques car nous souhaitions que les chambres soient modulables pour passer de lits jumeaux à lit double, reconnaît Audrey-Morgane Kindt. Je me suis toutefois assurée que la hauteur des lits de 70 cm évite à l’hôtesse d’étage de se baisser lors du changement des draps. » Des pièces pour le rangement du linge et des équipements de nettoyage, ainsi que différents chariots sont disponibles à chaque étage.
Des équipements choisis par les salariés
« J’ai participé à des salons professionnels pour être au courant des dernières nouveautés du secteur, explique Audrey-Morgane Kindt. Puis, j’ai proposé aux salariés des outils qui me semblaient pertinents. » Lors de réunions, les salariés choisissent ensemble ceux qui leur semblent les plus appropriés à leur travail. Parmi ceux-ci, certains évitent les postures contraignantes, tels que des équipements télescopiques pour un nettoyage en hauteur sans avoir à lever les bras ou à monter sur un escabeau : « On peut y mettre différents embouts : tête de loup pour les poussières ou raclette pour nettoyer les vitres », précise Thierry Démonière, l’agent d’entretien qui s’occupe des parties communes. Dans la panoplie de ménage se trouve également un manche muni d’une spatule incurvable pour dépoussiérer en hauteur, sans lever les bras ni casser le poignet, ou encore un balai avec petit réservoir dans le manche pour le produit de nettoyage qui évite de se baisser.
Tous les équipements de nettoyage électriques sont munis d’une batterie rechargeable et donc sans fil, un atout certain pour éviter les chutes de plain-pied. Seul instrument encore filaire : le nettoyeur vapeur, dont les différents embouts permettent de désinfecter tous les recoins de la salle de bain et des toilettes, ou même de nettoyer les vitres, sans utiliser de produits chimiques. « L’établissement a mis en place de nombreux équipements qui contribuent à la prévention des risques professionnels », apprécie Éric Capgras, contrôleur de sécurité à la CGSS de la Martinique.
« Nous avons rencontré ensemble des prestataires et construit en équipe l’outil de travail, souligne Audrey-Morgane Kindt. Tout cela participe à la cohésion de notre équipe, avec laquelle nous souhaitons aller loin. » La prévention des risques professionnels est devenue une affaire collective.
UN BAR ÉQUIPÉ
© William Bodard pour l'INRS/2023
Le bar a été conçu avec l’aide de professionnels de la restauration afin d’optimiser les déplacements et manipulations des barmans. Il est ouvert des deux côtés, avec une largeur entre le comptoir et l’espace arrière facilitant la circulation. « Il est très fonctionnel, avec beaucoup d’espaces de rangement », estime le serveur polyvalent Yohann Pascalin. Il est équipé de nombreux tiroirs afin d’éviter au barman de se baisser. L’installation d’un support à hauteur de bras, positionné côté zinc, facilite l’accès aux bouteilles les plus utilisées. « Le barman peut les attraper sans avoir à se retourner et sans les prendre en hauteur sur les étagères », apprécie Éric Capgras, contrôleur de sécurité à la CGSS de la Martinique.