Dans le cadre de la convention, des tests d’aides techniques, comme des lève-lits ou des chariots motorisés, ont été organisés dans des établissements du groupe.
-
© Valérie Couteron pour l'INRS/2014
Le 11 mars 2020 a été signée une convention de partenariat entre AccorInvest, la Carsat Sud-Est et la Cramif. Moins d’une semaine avant l’instauration du premier confinement qui a mis un coup d’arrêt à l’activité économique. « Ça nous a empêchés d’avancer sur les sujets de prévention initialement prévus mais ça a facilité la mise en place d’un protocole sanitaire en interne », relativise Caroline de Andrade, responsable qualité de vie et handicap chez AccorInvest. Cette signature était la suite logique d’actions engagées en interne, notamment avec la rédaction d’un livre blanc portant sur l’ergonomie des postes de travail des différents métiers dans l’hôtellerie, dans le cadre de rénovations d’établissements.
Passer du curatif à la prévention
« Nous rencontrions beaucoup de contraintes sur le terrain et étions toujours dans le curatif, poursuit-elle. Or, à travers les échanges avec la Carsat Sud-Est et la Cramif, j’ai découvert qu’il existait plein d’outils qui n’étaient pas exploités ainsi que des services d’accompagnement. Ces acteurs ont énormément d’informations à nous apporter en tant que spécialistes des risques professionnels. » Outre les questions liées à la conception des lieux de travail, la convention s’est élargie au développement de la formation du personnel hôtelier en santé et sécurité. Avec une priorité : les métiers dans les étages. « À partir du moment où il faut faire les lits, on rencontre des contraintes posturales importantes. C’est pourquoi notre cheval de bataille porte sur les métiers dans les étages », insiste-t-elle.
La convention a été déployée avec le concours des deux caisses régionales. « Elle donne plus de visibilité aux sujets santé-sécurité, poursuit-elle. Et l’intérêt de tels partenariats est d’offrir plusieurs rendez-vous annuels. On se parle régulièrement avec les acteurs institutionnels, on travaille en bonne intelligence. Ça impose des objectifs, donne du sens et alimente des bilans. » « Et cette convention réaffirme la nécessité pour nous d’accompagner le secteur de l’hôtellerie », abonde Olivier Poisson, contrôleur de sécurité à la Cramif et pilote du secteur CHR en Île-de-France.
Matériels et aides techniques : tester avant d'intégrer
Dans le cadre de cette convention, des tests de matériel et d’aides techniques, comme des lève-lits ou des chariots motorisés, ont été organisés à petite échelle dans certains établissements du groupe. Devant la satisfaction, certains ont été déployés à grande échelle. À ce jour, 80 % du parc est par exemple équipé de lève-lits, pour un budget avoisinant les 11 millions d’euros. « Une des clés de la réussite est de faire adhérer les équipes, insiste Caroline de Andrade. Il y a parfois des réticences, mais la plupart ne reviendraient pas en arrière. »
Autre projet qui se profile : doter les équipes d’aspirateurs sans fil. Des essais sont là aussi en cours. « Avoir un groupe hôtelier avec une structure prévention n’est pas si courant que cela, souligne Jean-Denis Clary, ingénieur-conseil à la Carsat Sud-Est. Cette convention est l’occasion de diffuser des bonnes pratiques, d’apporter des conseils. Le programme de formation “Agir en prévention” à destination des hôteliers a été monté de toutes pièces dans ce cadre. On s’est nourris les uns les autres de ce partenariat pour progresser ensemble. »
Une deuxième convention a été signée fin 2022. Les ambitions du groupe pour 2024 sont de former un maximum d’hôteliers sur la maîtrise des risques professionnels, de construire un plan d’actions, de sensibiliser le top management à ces questions et d’analyser plus en détail les accidents du travail. Sur la base de la relation de confiance établie entre les principaux acteurs, ce travail expérimental pourra s’étendre à d’autres régions.
JOURNÉE AIDES TECHNIQUES
Dans le cadre de cette convention tripartite, certaines actions ont vu le jour à partir des informations remontées du terrain par la Carsat Sud-Est. En témoigne l’organisation de journées consacrées à la présentation d’aides techniques. « À partir de discussions avec des directeurs d’hôtels, on s’est rendu compte qu’ils étaient très intéressés pour tester certains équipements dans de vraies conditions, pour échanger en direct avec les fournisseurs dans d’autres cadres que les salons professionnels », commente Jean-Denis Clary, ingénieur-conseil à la caisse régionale. Quatre ateliers réunissant quelques hôteliers et fournisseurs ont ainsi été organisés pour essayer du matériel dans une vraie chambre d’hôtel : tablettes pour gouvernantes, dispositifs de houssage/déhoussage de couettes, lève-lits, etc. ont été mis à la disposition des professionnels. « On a constaté que le taux d’équipement a progressé dans les établissements ayant participé à ces rencontres », se réjouit-il.
