Ce site est édité par l'INRS
Soins médicaux et de réadaptation

L’amélioration des conditions de travail profite à tous

À quelques kilomètres de Dax, l’établissement de soins médicaux et de réadaptation (SMR) Saint-Louis accueille des patients en perte d’autonomie. Après la formation de deux animatrices prévention, la structure a bénéficié de l’accompagnement d’un ergonome sur un projet de construction de bâtiment.

5 minutes de lecture
Grégory Brasseur - 23/05/2024
Lien copié
Un membre du personnel échange avec un bénéficiaire.

Par une belle matinée de printemps, Bastien Guion, enseignant en activité physique adaptée, accompagne trois patientes de l’établissement de soins médicaux et de réadaptation (SMR) Saint-Louis de Saint-Vincent-de-Paul, dans les Landes, pour une activité Mölkky. « Le jeu de quilles, que j’adapte aux capacités des patients, permet de travailler le lien social, l’agilité, la marche, en profitant du jardin », explique-t-il. L’établissement de 45 places accueille des personnes en perte d’autonomie pour des séjours de 40 jours en moyenne, avant un retour au domicile ou parfois en institution.

Si le cadre est verdoyant, les locaux sont quelque peu vétustes. Mais début 2026, un nouveau bâtiment sera inauguré. L’impatience des salariés, associés dès sa conception, est perceptible. « Tous les corps de métiers ont été consultés », insiste Anne Deglion, ancienne infirmière devenue secrétaire d’accueil. Mobilier réglable, séparation des activités bureautique et accueil pour garantir la confidentialité, révision des flux : tout sera conforme aux besoins exprimés. Après quelques années difficiles pour l’établissement, l’impulsion collective donnée par la direction a permis d’éclaircir l’horizon.

De 2,27 en 2019 , le taux de sinistralité lié aux accidents du travail est passé à 0,6 en 2023 pour le SMR.

« Nous avons travaillé sur la qualité des soins délivrés aux usagers et la qualité de vie au travail dans le cadre d’une démarche initiée avec la Carsat Aquitaine et à travers un contrat de prévention », explique Jean-Christophe Gardera, le directeur. Outre l’acquisition d’aides techniques, le contrat prévoyait la formation de l’encadrement et de deux personnes volontaires pour être animatrices prévention Hapa (hébergement et accueil des personnes âgées) [NDLR. La formation Hapa s’appelle désormais SMS pour « secteur sanitaire et médicosocial »]. Au cœur de leurs missions : observer et analyser les situations de travail, encourager la remontée d’information sur les accidents et presqu’accidents, élaborer et animer des projets de prévention.

Avec Hélène Sacher, ergonome au sein de l’organisme de prévention GEH Prev, les deux animatrices, Caroline Dales, aide-soignante, et sa collègue Hélène Zarzuelo, commis de cuisine, travaillent ainsi sur l’évaluation des manutentions des patients, l’analyse des tâches impliquant des mobilisations, l’identification des besoins et la mise à disposition de matériel testé en amont par les salariés : armoires à pharmacie mobiles, chaises de douche électriques, verticalisateurs manuels, pour ne citer que quelques exemples.

Interventions croisées

Autre établissement de l’association Missions Père Cestac, à laquelle appartient le SMR Saint-Louis, l’Ehpad Mariama à Anglet, où deux animatrices Hapa ont aussi été formées. Afin d’initier une démarche de prévention des risques psychosociaux, une série d’entretiens a eu lieu, menés à chaque fois par les salariés de l’autre établissement. « La Carsat Aquitaine nous a formés pour mener cet audit en interne », précise Agnès Pécout, DRH de l’association.

Ces interventions croisées permettent une certaine neutralité. « Les professionnels, qui ont parfois tendance à s’oublier, ont verbalisé leurs difficultés », évoque le directeur du SMR. Avec, à la clé, la mise en place d’actions : augmentation du temps de travail de l’assistante sociale, réflexion sur la gestion des interruptions de tâche, organisation du travail en 12 heures pour les aides-soignantes et infirmières à leur demande… Ce dernier point, auquel la direction n’était initialement pas favorable, est emblématique d’une réflexion construite conjointement avec les professionnels.

Réunion des salariés.

« Aujourd’hui, dès qu’on est en difficulté, on en parle et on a le sentiment d’être écoutés. Nous accueillons de plus en plus de personnes ayant des troubles cognitifs. Pour ces cas complexes, deux aides-soignantes ont demandé une formation d’assistante de soins en gérontologie (ASG) », mentionne Caroline Dales. L’une d’elles, Véronique Lalau, explique que cette nouvelle approche permet de mieux gérer, en petits groupes, les attentes spécifiques de ces patients. « Pour prendre soin du patient, il faut d’abord prendre soin de soi. Préserver sa santé et sa sécurité est à la base de l’engagement vers l’autre », souligne l’animatrice Hapa.

Contrat de prévention

« Dans ce contexte de lien social recréé, l’ARS Nouvelle Aquitaine nous a accordé une aide financière pour un projet de reconstruction d’un bâtiment de 4 000 m2, avec l’obtention d’une autorisation de 20 places supplémentaires en hospitalisation de jour », reprend Jean-Christophe Gardera. Avec l’aide d’un prestataire, les animatrices Hapa associent les professionnels au travail sur la chambre idéale, les flux ou la transmission d’informations, afin d’élaborer un cahier des charges transmis à un second cabinet en lien avec l’architecte. C’est ensuite qu’ont commencé les séances de travail pluridisciplinaires : soins, chambres, pharmacie, plateau technique, cuisine, postes administratifs, salle de repos, stocks, entretien… Aucune activité n’est négligée.

« La conception du bâtiment a fait l’objet d’un contrat de prévention. En traitant le projet à la racine, l’entreprise en a géré toutes les dimensions : la prévention pour les salariés, la qualité de vie des patients et les interventions ultérieures sur ouvrage », affirme Laurent Brauner, contrôleur de sécurité à la Carsat Aquitaine. Au fil des séances, les plans évoluent. La séparation physique du bâtiment d’hospitalisation ouvert 7 jours sur 7 et de deux plateaux techniques de 400 m2 chacun, fonctionnant du lundi au vendredi de 9 h à 17 h, permettra de concentrer la surveillance de nuit sur un secteur ainsi qu’une meilleure gestion énergétique.

Un point d’accès central, avec entrée au nord pour les visiteurs et au sud pour les professionnels, est défini, et les sens de circulation pensés pour simplifier les flux. La limitation de la longueur des couloirs et des espaces de stockage optimisés visent à réduire les déplacements inutiles. Côté chambres, toutes seront équipées de rails en H et adaptées aux différentes formes de handicap. Une chambre témoin avec salle de bain va être créée pour réaliser des tests. « Les salariés sont allés dans le détail des besoins. Dans les chambres, cela a conduit par exemple à proposer une niche d’étagère pour cacher les protections ou certains matériels de soin lourds, tout en les laissant accessibles », explique Caroline Dales. Les familles et l’intimité du patient sont ainsi préservées.

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : SMR Saint-Louis, appartenant à l’association Missions Père Cestac

Lieu : Saint-Vincent-de-Paul (Landes)

Activité : accueil de personnes en perte d’autonomie après un accident ou une hospitalisation. L’âge moyen des patients est de 85 ans.

Effectif : 60 personnes. L’association MPC emploie 280 salariés dans onze établissements et services avec un pôle sanitaire, un pôle autonomie et un pôle enfance et famille.

Partager L'article
Lien copié
En savoir plus

À découvrir aussi