Tout a été pensé pour faciliter la vie des carrossiers : outils à disposition sur des chariots roulants et ponts permettant la réalisation des travaux à hauteur ergonomique.
-
© Gaël Kerbaol/INRS/2024
Le décor est planté dès l’entrée dans la nouvelle adresse de la carrosserie Lecoq, à Menton : une splendide Rolls-Royce Silver Cloud II, datant des années 1940 mais semblant sortie d’usine, trône dans le hall d’accueil. Car si la carrosserie traite tous types de véhicules, cette dernière n’en demeure pas moins spécialisée dans les automobiles haut de gamme : Ferrari, Porsche, Jaguar, Bentley, Aston Martin, McLaren… « Historiquement, la carrosserie Lecoq a été fondée en 1963 à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, par André Lecoq, un grand nom de la restauration de voitures anciennes, explique Thomas Alunni, directeur de l’entreprise. En 2006, mon père, Max Alunni, fondateur du groupe Albax en 1978 – qui a créé le concept de carrosserie rapide – a eu l’opportunité de racheter la carrosserie Lecoq. L’occasion pour nous de développer notre activité de restauration de véhicules de collection et de prestige. »
Si la nouvelle direction décide de conserver un atelier en Île-de-France – le site historique de Saint-Ouen a été relocalisé à Bezons, dans le Val-d’Oise, en 2012 – une deuxième carrosserie « Lecoq Riviera » est ouverte en 2016 à Mandelieu-la-Napoule. « Mon père a fait ses débuts de carrossier à Nice et nous avons toujours gardé un ancrage fort en Côte d’Azur, précise Thomas Alunni. De plus, nous sommes ici dans un bassin de clients potentiels important. C’est pourquoi nous cherchions depuis un moment à ouvrir un troisième atelier dans le secteur. »
Un atelier repensé de fond en comble
Après de longues recherches, une nouvelle adresse est trouvée à Menton. « C’était un ancien garage en fin d’activité, explique Gilles Alunni, directeur du site Lecoq Riviera. L’emplacement nous convenait parfaitement, mais les locaux étaient vraiment vétustes, il fallait tout refaire. Nous avons donc réalisé des investissements conséquents pour tout réaménager, et nous avons repensé les lieux afin d’avoir les mêmes standards qualité que nos sites de Bezons ou Mandelieu. Des standards très élevés qui nous permettent d’obtenir les certifications des marques automobiles de prestige. » Si des travaux sont encore en cours à l’atelier du premier étage, celui du rez-de-chaussée est quant à lui pleinement opérationnel depuis un peu plus d’un an.
Des ponts à doubles ciseaux 2,8 tonnes à air comprimé – qui se déploient rapidement et sans bruit - ont été installés au niveau de toutes les aires d’intervention des carrossiers. ©Gaël Kerbaol/INRS/2024
Deux cabines de peinture qui occupent le fond de l’atelier, héritées de l’ancienne installation, ont été entièrement réhabilitées. ©Gaël Kerbaol/INRS/2024
Côté organisation du travail, et afin d’améliorer les flux au sein de l’atelier, une gestion centrale électronique des véhicules a été mise en place. ©Gaël Kerbaol/INRS/2024
Une ventilation latérale équipée d’un rhéostat est installée dans la zone de traitement des carrosseries en aluminium. ©Gaël Kerbaol/INRS/2024
Après reprise complète de la dalle au sol, l’un des premiers chantiers auxquels s’est attaqué Gilles Alunni a été de faire entrer de la lumière dans l’atelier qui « ressemblait plus à une grotte qu’à un espace de travail », selon ses propres termes. En effet, certains agréments de marques automobiles exigent pour les travaux de carrosserie un éclairage minimal de 1 000 lux. Une étude prévisionnelle est alors réalisée par un ingénieur spécialisé. Suivant les préconisations de ce dernier, des réglettes LED ont été disposées de façon stratégique dans les 3 000 m2 de l’atelier pour arriver à un éclairage de 1 200 lux quel que soit l’endroit où l’on se situe.
Faciliter un travail d’orfèvre
Tout a été pensé pour faciliter la vie des carrossiers lors des interventions sur les véhicules : les outils nécessaires sont à disposition sur des chariots roulants, certains équipements incontournables comme le tire-clou, qui permet de débosseler les éléments de carrosserie, sont également dotés de roues pour faciliter leur déplacement dans l’atelier. « Chaque poste de travail dispose d’un satellite multiénergie raccordé à une centrale d’aspiration des poussières haute dépression avec rejet à l’extérieur…, poursuit le directeur du site. Tout est à portée de main des carrossiers. » Un confort de travail très apprécié par Antoine Arbouet, carrossier depuis huit ans, qui a connu « l’atelier d’avant », l’intégralité des salariés ayant été repris lors du rachat par Lecoq : « L’ancienne carrosserie était en quelque sorte laissée à l’abandon. Ici, nous avons de la lumière, des outils de pointe. Cela nous permet de valoriser encore plus notre savoir-faire technique. »
PLAN D’ACTIONS RÉGIONAL GARAGES
Le secteur de la réparation automobile, très implanté en Paca et Corse, est marqué par de nombreux accidents du travail et des maladies professionnelles (AT/MP). C’est pourquoi, la Carsat Sud-Est multiplie les actions pour contribuer à la réduction du nombre et de la gravité des accidents du travail et améliorer les conditions de travail des salariés. Plus d'informations sur le site de la Carsat Sud-Est.
Pour parfaire le tout et permettre la réalisation des travaux à hauteur ergonomique, des ponts à doubles ciseaux 2,8 tonnes à air comprimé – qui se déploient rapidement et sans bruit - ont été installés au niveau de toutes les aires d’intervention des carrossiers. « L’entreprise a écouté les conseils de la Carsat concernant le choix de l’équipement, indique Laurent Cammal, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est. De plus, l’intégration a été anticipée dès la phase de conception de l’atelier, puisque ces ponts sont directement implémentés dans la dalle et limitent ainsi le risque de chute de plain-pied lorsqu’ils ne sont pas utilisés. C’est un bel exemple de ce que l’on peut faire en termes de prévention des risques en carrosserie. »
1 million d’euros,
environ, ont été investis par l’entreprise pour rénover entièrement le site de Menton.
Deux cabines de peinture qui occupent le fond de l’atelier, héritées de l’ancienne installation, ont été entièrement réhabilitées. « À l’origine, nous avions envisagé de les changer complètement, indique Gilles Alunni. Mais pour des raisons économiques et logistiques, nous avons opté pour une remise à neuf de ces cabines qui n’ont plus rien à voir avec ce qu’elles étaient auparavant. » Un flux d’air vertical descendant depuis un plénum au plafond, avec aspiration au sol, permet à la fois de protéger les carrossiers – équipés également d’appareils respiratoires et de protection cutanée – et d’assurer une mise en peinture optimale. Au niveau du laboratoire de préparation des teintes et vernis, le poste de préparation et de pesée bénéficie d’un dosseret aspirant.
Chaque poste de travail dispose d’un satellite multi-énergie raccordé à une centrale d’aspiration des poussières et de chariots roulants comprenant tous les outils nécessaires.
-
© Gaël Kerbaol/INRS/2024
Côté organisation du travail, et afin d’améliorer les flux au sein de l’atelier, une gestion centrale électronique des véhicules a été mise en place. Un outil précieux pour Anthony Alunni, le responsable adjoint du site : « Tout véhicule qui passe dans l’atelier est renseigné dans l’interface. Nous avons ainsi un historique de ce qui a été réalisé, depuis son entrée jusqu’à sa sortie. Cela s’avère bien pratique pour les carrossiers qui peuvent en temps réel retrouver facilement toutes les informations concernant telle ou telle automobile. Et pour nous, en termes de gestion, même si nous ne comptons pas le temps que nous passons sur la réparation d’un véhicule, cela peut s’avérer utile dans les échanges que nous avons avec les experts d’assurances. »
FICHE D'IDENTITÉ
Nom : carrosserie Lecoq (filiale du groupe Albax)
Activité : carrosserie de véhicules de prestige et restauration de modèles anciens
Lieu : Menton (Alpes-Maritimes)
Effectif : 21 salariés
Superficie : 3 000 m2
