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Pharmacie

Un robot pour soulager les salariés

À la faveur d’un agrandissement, la pharmacie de la Verboise, à Garches, dans les Hauts-de-Seine, a fait l’objet d’une réflexion sur la prévention des risques professionnels, en particulier les troubles musculosquelettiques. Principale action mise en œuvre : l’installation d’un robot capable d’identifier, enregistrer, stocker et délivrer des médicaments.

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Corinne Soulay - 11/12/2024
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Vue d'une situation de travail au sein de la pharmacie de la Verboise.

Un hall lumineux, de grandes baies vitrées, des murs et plafonds végétalisés, de larges allées immaculées… Situé au cœur d’un quartier cossu de Garches, commune résidentielle de l’ouest parisien, le centre commercial Naturale a ouvert ses portes il y a un mois à peine. Pour l’heure, mi-octobre 2024, parmi les 22 commerces et services prévus, seule une poignée sont déjà ouverts. Parmi eux la pharmacie de la Verboise, belle officine de 236 m2, flambant neuve.

« Auparavant, je tenais déjà une pharmacie dans le quartier, mais elle couvrait seulement 52 m2 et je n’avais pas de salarié, explique Léa Bensoussan, pharmacienne et gérante de l’entreprise. La création de ce nouveau centre a été l’opportunité de multiplier ma surface par 5, ce qui nécessitait d’embaucher 6 salariés car nous sommes ouverts 6 jours sur 7, de 9 h à 20 h. » Ce changement d’échelle est aussi l’occasion de mener une réflexion sur la prévention des risques professionnels.  « Cela fait quinze ans que je suis pharmacienne, remarque-t-elle. C’est un métier où il y a beaucoup de manutention de cartons, de gestes répétitifs pour ranger les médicaments… Il faut aussi souvent se baisser. J’étais consciente de certains risques, notamment concernant les troubles musculosquelettiques car j’ai moi-même deux hernies discales, et je ne voulais pas que mes salariés y soient exposés. Là, comme je partais d’un local vide, brut de béton, je pouvais anticiper beaucoup de choses : s’il y avait quelques aménagements à faire, c’est maintenant qu’il fallait y penser. »

Une formation pour la dirigeante

Léa Bensoussan souhaite notamment acquérir un robot afin d’automatiser la gestion des médicaments, depuis la phase de rangement jusqu’à leur délivrance aux patients. Elle prend contact avec la Cramif pour être accompagnée. « Nous n’avions jamais participé au financement de ce type d’équipement. Nous avons donc fait une étude pour nous assurer que ça ne générait pas de nouveaux risques et la pharmacie a pu, à partir de là, bénéficier d’aides destinées aux TPE », précise Najette Daho, contrôleuse de sécurité à la Cramif. En complément, la gérante suit également une formation de la Caisse, destinée aux chefs d’entreprises, afin de l’aider à s’engager dans une  démarche de prévention. « Cela m’a appris à anticiper les risques et à réfléchir aux mesures à mettre en oeuvre pour les prévenir, poursuit-elle. Cela m’a aussi fait prendre conscience des mauvaises habitudes ancrées dans la profession, comme le fait d’utiliser des tabourets marche-pied pour atteindre les produits en hauteur, avec des risques de chute. » Des réflexions qui ont guidé la pharmacienne dans l’aménagement des locaux et l’ont par exemple amenée à supprimer toutes les étagères de plus d’1,80 m.

Vue d'une situation de travail au sein de la pharmacie de la Verboise.

Poursuivant son accompagnement, la contrôleuse de la Cramif était également présente à la réception du robot. L’occasion de noter des points de vigilance. « Il y a une table assez large, aux coins pointus, installée face au tapis du robot, qui peut gêner le passage, remarque Najette Daho. J’ai suggéré de réduire ses dimensions et d’arrondir ses angles pour sécuriser la circulation des salariés. » Concrètement, le robot se compose de plusieurs éléments. Côté officine, à proximité du comptoir, les salariés vident manuellement les cartons de médicaments sur un tapis, à hauteur de bassin. Celui-ci transporte, une à une, les boîtes vers la zone de scanner, sous le tapis. Une fois le produit identifié, un bras automatisé calibre la préhension aux dimensions de la boîte et la déplace vers la réserve, à l’arrière, jusqu’à l’étagère correspondante.

« Nous recevons jusqu’à une vingtaine de cartons deux fois par jour, dont il faut vider et ranger le contenu. À la main, cela peut prendre jusqu’à deux heures de rangement le matin et l’après-midi. Désormais, nous n’avons plus à réaliser cette tâche contraignante », se réjouit Léa Bensoussan. Autre avantage : une fois par semaine, le robot extrait de la réserve les produits proches de la date de péremption, facilitant là encore le travail des salariés.

Retrouver du sens

Côté sécurité, si une boîte de médicament est coincée dans le tapis et qu’un salarié passe son bras, la machine s’arrête automatiquement. Même chose lorsqu’une personne franchit la porte de la réserve. En outre, un bouton d’arrêt d’urgence est présent aux deux endroits. Et, pour ceux que le ronronnement de la machine dérangerait, un mode silencieux, plus lent, existe. Dernière fonctionnalité du robot : il s’occupe aussi de la distribution. Lorsqu’un client arrive, la pharmacienne sélectionne sur son ordinateur les produits indiqués sur l’ordonnance, le robot les prépare dans la réserve et les dépose dans une zone inclinée qui débouche derrière le salarié. « Avant, nos interactions avec le patient étaient limitées car nous passions la majorité du temps en réserve pour chercher sa prescription. Désormais, il y a un vrai échange, on peut poser davantage de questions, aller plus loin… cela donne plus de sens au travail », assure Léa Bensoussan. Si le robot a amélioré les conditions de travail des salariés, il ne permet néanmoins pas de prévenir l’ensemble des risques professionnels.

10 000 boîtes , c’est la capacité de stockage du dispositif.

Nous avons relevé des points d’amélioration, notamment la nécessité de remplacer les ciseaux dont les salariés se servent pour ouvrir les cartons par des cutters ergonomiques de sécurité, d’acquérir une plate-forme individuelle roulante légère (Pirl) pour le travail en hauteur ou une table à fond constant pour réduire les risques liés à la manutention lors de la réception des cartons et de la mise en rayon des produits en libre-service », précise Najette Daho. Léa Bensoussan a aussi repéré une situation à risque liée à l’entretien de l’officine : « Nous avons une surface importante à nettoyer, c’est très contraignant pour l’agent de propreté de le faire à la serpillère. » L’achat d’une autolaveuse est donc envisagé et pourrait faire l’objet d’un nouvel accompagnement de la Cramif, via une aide provenant du Fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle (Fipu).

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : pharmacie de la Verboise

Lieu : Garches (Hauts-de-Seine)

Activité : officine

Effectif : 6 salariés

Surface : 236 m2

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