
Les travaux d’isolation au niveau du sol, des murs ou des plafonds d’un bâtiment peuvent être réalisés par projection de mousse de polyuréthane. Or, les constituants de cette mousse renferment des diisocyanates, substances irritantes et sensibilisantes, dont l’exposition est susceptible d’entraîner des maladies respiratoires et de la peau. L’Union nationale des entrepreneurs carreleurs chapistes projeteurs de polyuréthane de la Fédération française du bâtiment (UNECP-FFB) a donc sollicité l’OPPBTP pour réaliser une étude sur le sujet. Son but ? Évaluer le niveau d’exposition des travailleurs, l’efficacité des mesures de prévention mises en oeuvre et améliorer les conditions de réalisation des travaux.
« Entre-temps, le contexte réglementaire autour des diisocyanates s’est renforcé avec, d’une part, l’obligation de formation à l’utilisation sûre des diisocyanates et, d’autre part, la directive européenne (UE) 2024/869 du 13 mars 2024 qui fixe des valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP). Nous avons pris en compte ces évolutions dans notre étude », précise Isabelle Monnerais, responsable du domaine risques chimiques à la Direction technique de l’OPPBTP. Concrètement, quinze chantiers de maisons individuelles, répartis sur toute la France, ont fait l’objet d’observations et de mesurages pendant une journée. « Nous avons, à chaque fois, suivi deux opérateurs pendant leur activité et les différentes phases de travaux : le calfeutrage des pièces à traiter, la projection de mousse de polyuréthane, l’aération, le ponçage et le nettoyage du chantier. Des mesurages ont été effectués, des prélèvements sur les opérateurs, lors des deux phases les plus exposantes, la projection et le ponçage, mais aussi tout au long de la journée, ainsi qu’avec un dispositif de mesure d’ambiance », détaille Isabelle Monnerais.
Les résultats de cette étude viennent d’être publiés dans un rapport. Premier constat : l’exposition aux diisocyanates est avérée. « Aussi bien en phase de projection qu’en phase de ponçage, même si les concentrations sont moindres pour cette deuxième étape. Les prélèvements sur la journée montrent des dépassements fréquents des futures VLEP, notamment durant la projection, pointe Valérie Tournier, responsable du domaine métiers du second œuvre à l’OPPBTP. D’où la nécessité de bien se protéger. »
La prévention des risques liés aux diisocyanates
Qu’en est-il de la prévention ? Le rapport montre que si les opérateurs se protègent systématiquement avec des EPI en phase de projection, cela n’est pas toujours le cas lors du ponçage. « D’autre part, les mesures organisationnelles diffèrent : par exemple, certains opérateurs vont réaliser la projection et le ponçage en même temps, dans la même pièce, certains dans un milieu complètement fermé, ce qui a tendance à augmenter les concentrations de diisocyanates, et d’autres en conservant une ouverture sur l’extérieur. La durée d’aération varie également selon les chantiers », souligne Valérie Tournier. Afin d’améliorer la prévention des risques liés aux diisocyanates, le rapport formule des recommandations. Il souligne notamment l’importance de la préparation du chantier et de la mise à disposition d’installations d’hygiène, ou encore la nécessité de former les opérateurs à l’utilisation sûre des diisocyanates. L’accent est aussi mis sur l’organisation du chantier. « Nous préconisons notamment le maintien d’une ouverture sur l’extérieur, concernant le calfeutrage de la zone de travail, et le séquençage des tâches de projection et de ponçage qui doivent être réalisées successivement et dans des pièces différentes, ainsi qu’une durée minimale d’aération d’une heure entre la projection et le ponçage pour chaque pièce », résume Valérie Tournier.
Pour compléter les mesures organisationnelles, il est enfin nécessaire d’opter pour des EPI adaptés à chaque phase de travail. Sur ce sujet, Isabelle Monnerais note un point de vigilance : « Gants, combinaisons jetables, appareils de protection respiratoire… Il est important de connaître et de respecter les modalités d’entretien, de renouvellement et de maintenance de tous ces EPI pour garantir leur efficacité. »