
Angelika Hauke et Eva Flaspöler, de l’IFA, ont ainsi présenté l’activité de l’Observatoire allemand des risques émergents. Créé en 2011, celui-ci a mis en lumière 36 tendances prioritaires susceptibles d’influencer le monde du travail, parmi lesquelles le développement de l’Intelligence artificielle, la robotisation, les énergies renouvelables, le changement climatique, la pénurie de main-d’oeuvre qualifiée, ou encore les horaires et lieux de travail flexibles, les nouveaux concepts de bureaux, les migrations… Pour chacune de ces tendances, l’IFA a mené des travaux prospectifs, en libre accès, afin d’identifier les secteurs d’activité susceptibles d’être les plus affectés et d’anticiper les risques professionnels associés.
De son côté, Annick Starren, de l’EU-Osha, s’est intéressée à l’économie circulaire et son impact sur la SST, en pointant, à travers quatre scénarios, les effets possibles de ce nouveau modèle économique sur la santé et sécurité des travailleurs, notamment dans le domaine de la maintenance, la réparation, le démontage et le recyclage. La directrice de projet a aussi souligné la difficulté de diffuser les résultats des recherches prospectives : « Nous travaillons sur du long terme donc cela peut sembler abstrait. Si nous voulons que les utilisateurs finaux et les parties prenantes soient impliqués, il faut les intégrer le plus tôt possible dans l’exercice de prospective, avoir des groupes de travail multidisciplinaires et intersectoriels qui incluent les entreprises. »
Les apports de la prospective en sécurité au travail
Pour l’INRS, Marc Malenfer et Jennifer Clerté, de la mission Veille et prospective, sont revenus sur dix années de pratique et les enseignements qui en découlent. « Nous sommes aujourd’hui capables de résumer les transformations principales affectant le monde du travail en trois thématiques : les changements technologiques et techniques, le changement climatique et le vieillissement de la population », a noté Jennifer Clerté. Afin d’illustrer l’utilité de ce type d’exercice pour la prévention des risques professionnels, Marc Malenfer a rappelé l’exemple des exosquelettes : « Dès 2013, une étude prospective sur les robots d’assistance physique nous a permis d’identifier que leur utilisation pourrait se développer dans les années à venir pour prévenir les TMS. L’INRS a donc poursuivi ses recherches sur ces équipements et, lorsque les exosquelettes sont effectivement arrivés dans les entreprises, des publications étaient prêtes pour accompagner leur mise en œuvre en sécurité. »
Enfin, deux tables-rondes ont été consacrées à l’utilité de la prospective pour l’élaboration des programmes de recherche et pour permettre aux partenaires sociaux, gouvernements et autorités de faire évoluer le cadre de la santé et sécurité au travail (SST). À ce titre, Claude Loisel, de l’Organisation internationale du travail (OIT), a confirmé l’importance des études prospectives : « Elles sont essentielles pour améliorer la SST à travers le monde. Je multiplie aujourd’hui les contacts avec les parties prenantes et les différentes agences nationales en SST. Je souhaite créer une section dédiée, avec la volonté de coopérer, d’échanger et de mener des actions conjointes. Il est important de diffuser le plus possible les résultats de ces études. »