2 000 lits et places, plus de 5 000 salariés, un champ d’activités couvrant un bassin de population de 800 000 habitants… le Centre hospitalier régional (CHR) Metz-Thionville, constitué de cinq hôpitaux et de deux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), est le plus important du département de la Moselle. Ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, le CHR est en permanence en activité : « Nous sommes le phare dans la nuit, le lieu d’accueil pour toute personne en besoin de soins quelle que soit sa situation, quels que soient l’heure ou le jour de la semaine », énonce avec fierté Marie-Odile Saillard, directrice générale du centre.
Pour celle qui orchestre au quotidien ce grand ballet hospitalier, rien ne serait possible sans les équipes soignantes, mais aussi tous les membres du personnel non soignant : « C’est ce collectif qui rend les choses possibles, poursuit la directrice générale. C’est pourquoi nous nous efforçons d’assurer sa cohésion et d’améliorer les conditions de travail dans nos hôpitaux, même si les besoins des uns ne correspondent pas forcément aux besoins des autres. Cela demande beaucoup de finesse et d’analyse. » C’est pour organiser la prévention au plus près des besoins que Vincent Colin est arrivé, en 2019, au poste de responsable de la gestion des risques professionnels.
« Une démarche de gestion des risques existait avant ma prise de fonction, explique celui-ci. Mais elle était sectorisée, il n’y avait pas de réelle cohésion entre les différents groupes. Les actions menées étaient de fait peu lisibles pour les salariés. » Pour remédier à cela, Vincent Colin décide de repenser totalement les choses et d’envisager la démarche de gestion des risques professionnels (DGDRP) sous l’angle d’une évaluation continue s’inscrivant dans une véritable démarche sociale : « Aujourd’hui, la prévention des risques au CHR est plus perçue comme un outil de management de gestion des risques, au-delà de la “simple” obligation de mise à jour du document unique. Elle implique tout le monde et nous essayons de développer, petit à petit, une vraie culture de prévention et de sensibilisation aux risques professionnels. »
De précieuses remontées de terrain
Ainsi, cinq groupes de travail pluridisciplinaires, composés notamment de membres du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) – il reste en vigueur au CHR jusqu’en 2023, avant sa transformation en comité social et économique (CSE) –, ont été constitués. Un pour chaque risque majeur identifié : troubles musculosquelettiques, risque biologique, risque chimique, risque physique, risques psychosociaux. Objectif : analyser les fiches de signalement des événements indésirables (FEI) et les déclarations d’accident de travail, créer des reportings en fonction de différents indicateurs, mais également mener des études et des audits sur des sujets identifiés. Le tout est ensuite régulièrement présenté en CHSCT et discuté avec un comité de pilotage dédié qui valide les actions de prévention à mener.
« C’est une vraie démarche collective, à tous les niveaux. Les managers de proximité sont tenus informés des reportings et des travaux des différents groupes de travail, indique Vincent Colin. Ces derniers sont en mesure non seulement de partager les informations utiles avec leurs équipes mais, aussi, de faire remonter des informations du terrain qui ne passent pas nécessairement par des FEI. » L’accent a également été mis sur la communication afin de toucher au plus près chaque salarié, avec la création d’une lettre, « Le Préau du CHR », dédiée à la prévention et diffusée à raison de trois numéros par an à tous les agents du centre hospitalier. « Mais attention, tout ne se résume pas à de la communication, rappelle en souriant Vincent Colin. Notre action a de vrais impacts sur le terrain. »
50 000 € ont été investis afin d’équiper les brancardiers de quatre dispositifs motorisés d’aide au déplacement des lits et brancards.
Pour preuve, au sein de l’hôpital de Mercy, le plus important du CHR, un équipement ressemblant à un transpalette dont les deux bras de fourche auraient été coupés. « C’est à peu près ça, s’amuse Vincent Colin. C’est un équipement d’aide au déplacement des lits et brancards. » Le CHR a investi dans quatre de ces dispositifs alors que les indicateurs de la DGDRP signalaient des possibilités de risques physiques chez les brancardiers. « En temps normal, nous déplaçons entre 40 et 45 lits par jour, d’un poids à vide de 150 kg et souvent beaucoup plus quand le lit est occupé, détaille Hervé Braconnier, brancardier. En plus, en fonction des transferts, nous pouvons faire des courses longues. Cela nous conduit à marcher-pousser jusqu’à environ 21 kilomètres par jour. »
Laisser le temps au temps
Selon lui, qui a été opéré en 2018 du dos justement, cet équipement lui a permis de rester en poste. « C’est un bel exemple de prévention qui permet également le maintien dans l’emploi, note avec satisfaction Patrick Ripplinger, contrôleur de sécurité à la Carsat Alsace-Moselle. Dans une optique d’amélioration continue, il pourrait être envisagé d’adapter le dispositif aux lits bariatriques, plus volumineux, en concertation avec le fabricant. »
Direction ensuite la biberonnerie, où cinq auxiliaires de puériculture préparent quotidiennement les formulations nécessaires à l’alimentation destinée aux services de pédiatrie et de néonatalité. Ici aussi, les travaux liés à la DGDRP ont permis un réaménagement global de l’espace de travail pour limiter les déplacements inutiles et améliorer l’ergonomie globale des postes de préparation, sous l’œil attentif d’Anne Renard, kinésithérapeute et membre du groupe de travail « Gestes et postures ». « La démarche a pris environ un an, indique Maryse Chtourbine, cadre de santé du secteur biberonnerie et néonatalité. Il y avait de vraies attentes de la part de toute l’équipe sur la diminution des contraintes aux épaules et les risques de troubles musculosquelettiques. Mais c’est surtout pour ma collègue Jacqueline Lamy que les choses ont changé, avec l’achat d’une table de préparation adaptée. »
En effet, parmi tous les postes de travail, l’un d’entre eux se démarque par sa hauteur qui permet à Jacqueline Lamy, auxiliaire puéricultrice, de travailler assise. « Des problèmes de santé ne me permettent plus de travailler de longues heures debout, déclare celle-ci. Avec cette table de préparation adaptée, le changement est drastique. Plusieurs essais de différents dispositifs ont été réalisés, notamment un tabouret assis-debout. Mais cette solution de table surélevée, qui est la plus simple, est aussi la plus efficace. » Si toute l’équipe ne cache pas sa satisfaction sur les changements apportés à l’espace de travail, Maryse Chtourbine n’hésite pas à profiter de la présence de Vincent Colin pour lui glisser un mot sur l’aménagement de la salle de pause qui pourrait à son tour bénéficier d’une petite réorganisation…
FICHE D'IDENTITÉ
Nom : centre hospitalier régional Metz-Thionville (hôpital de Mercy)
Lieu : Ars-Laquenexy (Moselle)
Superficie : 111 093 m2 (hôpital de Mercy)
Activité : soins médicaux dont urgences
Effectif : 5 030 personnels non médicaux et 650 personnels médicaux