En bout de quai, un pont hydraulique au sol permet d’accéder, en sécurité, à l’intérieur de la remorque à l’aide d’un chariot électrique.
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© Claude Almodovar pour l’INRS/2022
Installée dans la gare Saint-Roch depuis 1978, situation stratégique dans les années 1980 où la partie traction du transport de messagerie se faisait encore par le rail, l’agence Géodis de Nice est l’un des centres logistiques les plus importants du département. Ouvert 5 jours sur 7, le site vit au rythme des arrivages de marchandises et des départs pour livraison, comme l’indique son directeur, Gil Rey : « Nous sommes organisés avec une équipe de nuit qui décharge les camions, puis trie les différents colis en fonction des zones de livraison. L’équipe de jour, elle, s’occupe en sens inverse de remplir les camions en fonction de leurs différentes zones géographiques de desserte. Nous ne fermons que de 20 h à 23 h, une période de creux entre arrivées et départs. »
Le cœur de métier de l’agence réside dans le groupage – action qui consiste à regrouper dans un seul camion des produits appartenant à plusieurs clients – ce qui implique de travailler en permanence en flux tendu afin de profiter de toute la charge utile des camions. « Notre objectif est d’optimiser l’outil de traction et de livraison sans arriver totalement à saturation, explique Gil Rey. En effet, chaque camion doit être rempli au maximum. Et, en même temps, il faut que toute la marchandise trouve sa place, même lorsque le volume de colis est très important, afin d’être livrée en temps et en heure. C’est un vrai numéro d’équilibriste avec une vision assez limitée sur les flux qui arrivent. Nos clients ne savent pas eux-mêmes exactement les quantités qu’ils vont nous remettre en fin de journée, cela dépend de leurs ventes du jour ! D’où une possibilité de planification assez réduite. »
200 000 €
c’est le montant total des investissements réalisés par l’agence pour moderniser ses quais de transbordement.
Pour mener à bien cette mission, pas moins d’une quarantaine de travailleurs s’activent au quotidien dans les 5 000 m2 d’entrepôts, divisés en travées, chacune d’elles correspondant à un secteur du département. « Il faut savoir que, dans le département, nous réceptionnons beaucoup plus que nous n’envoyons, en raison d’une activité industrielle assez faible. Ainsi, nous recevons, quotidiennement, près de 100 tonnes de marchandises qui sont dépotées pour ensuite être livrées à plus de 1 500 clients – dont 500 particuliers –, avec un poids moyen à l’envoi de 70 kg. » Du salon de jardin au vélo électrique côté particuliers, en passant par d’autres matériels pour différents corps de métiers côté professionnels, il y a ainsi de fortes chances qu’un bien commandé en ligne par un client niçois transite par l’agence.
Composer avec la spécificité du site
Si la zone de stockage des marchandises s’étale tout au long du fond des travées de l’entrepôt, le centre névralgique de l’activité se situe au niveau des quais de transbordement – le site en compte huit – où chaque semi-remorque vient se garer afin que les équipiers puissent dépoter son contenu ou procéder au chargement. D’où l’importance d’une installation mûrement réfléchie à cet endroit précis, afin de faciliter le travail des manutentionnaires et assurer leur sécurité. Pour répondre à cet impératif, l’agence s’est équipée, sur les conseils de la Carsat Sud-Est, de nouveaux quais sécurisés. Un défi en termes d’installation compte tenu de la zone de manœuvre des camions restreinte sur le site.
« Auparavant, les camions se garaient directement avec le chargement au niveau des différentes zones de réception du bâtiment, indique Gil Rey. Ils pouvaient reculer en ligne droite. Mais avec l’ajout des quais et notamment de l’obligation de laisser une zone de sécurité anti-écrasement de 50 cm, cela n’était plus possible. Il n’y avait plus assez de place entre le quai et la limite de notre terrain pour garer un camion. Grâce à l’aide la Carsat qui a procédé à de nombreuses mesures, nous sommes parvenus à trouver une solution : les quais sont orientés à 45°, ce qui permet aux camions de se garer en biais par rapport au bâtiment. »
Opérations de sécurisation : pose d'une chèvre en tête de chargement et installation de cales sous les roues
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© Claude Almodovar pour l’INRS/2022
Un changement qui n’a pas perturbé Murielle Keyser, une conductrice de poids lourd qui vient justement de manœuvrer son camion chargé pour le mettre à quai : « Au début, se garer en biais est un peu inhabituel, mais on prend vite le pli et quand on sait conduire un camion, cela ne pose pas de vraie difficulté », explique-t-elle avec entrain. Une fois la dépose de la remorque effectuée par la conductrice, les équipes de Géodis se chargent des opérations de sécurisation : pose d’une chèvre en tête de chargement pour éviter son basculement et installation de cales sous les roues afin de pallier un éventuel dysfonctionnement du système de freinage.
Laurent Cammal, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est, observe ces opérations avec satisfaction : « On voit très bien les bénéfices de ces nouveaux quais, équipés d’escaliers latéraux. Ils permettent d’entrer et sortir du bâtiment de façon sécurisée, notamment pour réaliser ces opérations sur la remorque. Les barrières qui entourent les quais évitent les chutes et la zone de sécurité prévient tout écrasement d’un travailleur qui se trouverait au pied du quai lorsque le camion recule. C’est vraiment appréciable, autant pour le manutentionnaire que pour le chauffeur. »
Des conditions de travail nettement améliorées
Une fois la remorque mise à quai, Khalifa Touta, le responsable secteur jour, ouvre les barrières anti-chutes – qui ne s’ouvrent que vers l’intérieur – en bout de quai afin de déployer le pont hydraulique au sol. Ce dernier permet d’accéder à l’intérieur de la remorque à l’aide d’un chariot électrique afin de déposer les palettes chargées de marchandises dans l’entrepôt. Cette modernisation des quais est particulièrement appréciée par le salarié, en poste depuis sept ans : « C’est beaucoup plus facile d’accéder au semi surtout en chariot. Avant, il y avait toujours un décroché entre le sol de l’entrepôt et le semi, ce qui provoquait une secousse à chaque aller-retour, c’était fatigant à la longue. Maintenant c’est beaucoup plus stable, même lorsque l’on doit aller en fond de semi pour dépoter les derniers colis, on sent que tout est bien sécurisé, la remorque ne bouge pas, c’est vraiment confortable. »
Un maximum d’attention a été porté lors de la conception et de l’installation des quais pour faciliter la tâche des manutentionnaires. Un rappel des bonnes pratiques de déchargement est affiché le long des quais, une lampe orientable permet d’éclairer l’intérieur de la remorque – « hyperpratique pour bien voir les infos et les codes-barres des colis la nuit ou en journée au fond de la remorque », déclare Khalifa Touta. Et, surtout, l’orientation à 45° des quais a permis de dégager un espace de travail assez important, autorisant à deux travailleurs d’œuvrer en même temps sur la plate-forme sans se gêner. « La plate-forme devient une sorte de zone tampon, commente Laurent Cammal, qui permet de désengorger un peu l’entrepôt au niveau des quais. Cela crée de la respiration, c’est un vrai plus qui n’avait peut-être pas été immédiatement identifié lors de la conception. Il n’en demeure pas moins que c’est très réussi. »
FICHE D'IDENTITÉ
Nom : Géodis – agence Nice Saint-Roch
Lieu : Nice (Alpes-Maritimes)
Activité : logistique, messagerie et transport routier
Effectif : 66 salariés
Chiffre d’affaires : 12 millions d’euros