Le podo-orthésiste a pris l'habitude de conserver son masque de protection FFP3 malgré l'aspiration qui s'effectue au niveau du bras articulé et du dosseret.
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© Vincent Nguyen pour l’INRS/2022
L’entreprise Neut fêtera ses 100 ans en 2023. Fondée à Paris par Louise Neut, corsetière, l’entreprise fabriquait initialement des corsets de toilette pour femmes et des corsets orthopédiques pour les blessés de la Grande Guerre. Aujourd’hui, la PME, spécialisée dans la fabrication et la commercialisation d’appareillages orthopédiques, couvre tous les métiers de l’orthopédie. Ainsi, dans ses ateliers croise-t-on des moulages de pieds, des chaussures sur mesure, des corsets, des verticalisateurs ou encore des semelles, des attelles, des prothèses de membres inférieurs ou supérieurs… Installée à Saint-André-les-Vergers, dans l’Aube, c’est l’une des rares PME encore présentes sur ce secteur.
La fabrication de tels produits fait appel à des opérations de soudage et nécessite l’emploi de résines et autres solvants pour certaines opérations, dont les émanations constituent un risque chimique à encadrer. « En 2019, nous avons contacté le directeur administratif dans le cadre du programme Risques chimiques Pros pour l’accompagner sur cette thématique, présente Fanny Frappin, contrôleuse de sécurité à la Carsat Nord-Est. Le sujet d’entrée était la silice cristalline, mais on rencontrait d’autres polluants dans l’activité : résines, poussières, plâtres… L’atelier était alors équipé d’une aspiration, qui commençait à dater. Elle n’avait pas évolué avec le développement de l’activité et des polluants utilisés, ni fait l’objet d’une maintenance suffisante. »
Une remise à niveau s’avérait donc nécessaire, ainsi qu’une phase de montée en compétences techniques en interne. « Toutes les entreprises ne sont pas sachantes sur ces questions, poursuit-elle. Il est dès lors nécessaire de commencer par se former aux principes généraux de ventilation. » Pour mener à bien son projet, la direction de Neut souhaitait travailler avec l’entreprise ayant posé la précédente installation. Un accompagnement par le laboratoire du centre interrégional de mesures physiques de l’Est (Cimpe) et le prestataire a permis de définir les besoins. Rapidement, il s’est avéré que l’installateur pressenti n’avait pas les connaissances requises en ventilation industrielle, alors que l’activité nécessitait un fort accroissement des débits d’aspiration.
Produits chimiques et postes de travail très variés
« Nous avons opté pour un autre prestataire, Delta Neu, un des leaders sur ce type d’installation. Il a plus approfondi son analyse par métier, commente Michel Petit, le directeur général de Neut. Il a questionné la façon dont fonctionnent les postes (aspiration permanente ? Ou seulement à l’usage ? Installation mobile ou fixe ?), proposé des solutions adaptées à chaque situation de travail. Pour une structure comme la nôtre, qui n’a pas souvent ce type de projet, c’était rassurant de travailler avec une entreprise qui est force de proposition. » Il a ainsi été proposé de conserver l’ancienne installation et d’y accoler la nouvelle. Désormais, parallèlement à l’ancienne installation courent au plafond des tuyaux de plus grand diamètre qui témoignent de l’augmentation des débits d’aspiration sur l’ensemble de l’atelier.
11 650 m 3/h d’air
sont désormais extraits de l’atelier avec la nouvelle installation.
Trois types de substances étaient ciblés : les vapeurs, les fumées de soudage et les résines. Il fallait donc faire en sorte que l’aspiration soit positionnée au plus près de la source émissive sans perturber le travail des opérateurs. Or les postes et les activités réalisées dans les ateliers sont très variés. Chacun a en effet sa propre gestuelle, très précise, et adopte des postures de travail qui lui sont propres, et qui rendent quasiment chaque poste de travail unique. Pour chaque situation, il fallait que le captage se fasse entre la source émissive et les voies respiratoires des salariés. Différents types d’aspiration ont été installés en fonction des postes : bras mobiles, dosserets aspirants et hottes aspirantes. Ils fonctionnent depuis le printemps 2022.
Au poste de formier, à l’atelier bottiers, le podo-orthésiste explique l’opération qu’il est en train de réaliser : « On utilise deux matières : une qui expanse et une qui durcit, ainsi que de la colle néoprène. » Avant de se mettre en action, il positionne le bras articulé et active la ventilation. Sans oublier de mettre un masque de protection, même si, à ce moment, la présence de l’aspiration l’autorise à retirer sa protection individuelle. « J’ai pris l’habitude comme ça, je préfère garder le masque », commente-t-il. À l’atelier de prothèses sur mesure, c’est un mélange de résines acryliques pour fabriquer les prothèses qui génère des émanations nocives. François, technicien prothèses, fait une démonstration du dosseret aspirant. « Depuis qu’il y a cette aspiration, il y a beaucoup moins d’odeurs dans l’atelier, c’est beaucoup plus agréable », constate-t-il, satisfait.
Pour que l'installation de tels équipements de ventilation soit efficace, il faut que chacun comprenne leur intérêt et soit formé pour bien les utiliser.
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© Vincent Nguyen pour l'INRS/2022
Bruit et température
Dans l’atelier de soudage, situé dans un local clos où sont soudés des éléments métalliques, un dosseret aspirant a également été installé et calibré spécifiquement pour le poste. Si certaines réticences ont pu s’exprimer dans les premiers temps face à ces nouveaux équipements, le dispositif semble aujourd’hui bien adopté. « Pour que tout le monde adhère et utilise bien de telles installations, il est nécessaire d’expliquer à chacun leur intérêt, et que les opérateurs soient formés afin de bien les utiliser, souligne Michel Petit. Le risque chimique ne se voit pas toujours, c’est pourquoi le discours de prévention doit être accompagné par de la sensibilisation et de la pédagogie. »
Le bruit résiduel, qui atteint 79 dB (A) et qui est permanent, reste le principal point à améliorer. « Un autre point de vigilance porte sur l’ambiance thermique, précise Fanny Frappin. Comme l’aspiration fonctionne en important de l’air extérieur, cela peut rafraîchir l’atmosphère de l’atelier. Il faudra veiller en hiver à compenser la possible baisse des températures. »
FICHE D'IDENTITÉ
Nom : Neut
Activité : fabrication et commercialisation d’appareillages et de chaussures orthopédiques ainsi que thérapeutiques
Lieu : Saint-André-les-Vergers (Aube)
Effectif : 47 salariés, répartis sur trois sites en France (Saint-André-les-Vergers, Paris et Versailles)
