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Prothésie dentaire

La ventilation dans l’attente de la substitution

Le Laboratoire dentaire champenois s’est équipé en début d’année d’un nouveau dispositif d’aspiration. Son activité, la fabrication de prothèses dentaires, demande l’utilisation de produits chimiques qui nécessitent la présence d’aspirations adaptées.

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Céline Ravallec - 13/12/2022
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Salariés du laboratoire dentaire champenois

C’est un local commercial comme il en existe des milliers dans tous les centres-villes. En plein cœur du quartier historique de Troyes, dans l’Aube, le Laboratoire dentaire champenois occupe depuis les années 1980 le rez-de-chaussée et le sous-sol d’un immeuble d’habitation. Ses 17 salariés fabriquent des prothèses dentaires sur mesure, à partir de moules d’empreintes physiques, la méthode traditionnelle, ou d’empreintes numériques. Dans ce métier aussi, la révolution numérique transforme profondément la nature de l’activité. Celle-ci se répartit sur les deux niveaux du local. Les clients directs du laboratoire sont des dentistes qui posent ensuite dans leur cabinet les dispositifs médicaux réalisés ici.

Trois grandes familles de polluants sont rencontrées dans ce laboratoire : des poussières, notamment de silice cristalline, résultant des opérations de sablage ou de pose de revêtement ; des vapeurs de solvants parmi lesquels le méthacrylate de méthyle lors de la préparation des résines ; et, enfin, des fumées provenant des fours ou d’opérations avec les becs Bunsen. Certains postes de travail de l’établissement (usinage, plaques métalliques, grattage couronne, détourage, polissage à l’humide, céramique, sablage, fours…) doivent être dotés d’aspiration.

La problématique de la silice cristalline

Si le laboratoire était déjà équipé d’aspirations aux postes de travail, certaines n’étaient plus optimales. Les vitesses de captage étaient parfois insuffisantes. Et il s’agissait d’un système d’aspiration à recyclage, un dispositif non recommandé car il réinjecte dans l’espace de travail de l’air pollué. Un dispositif plus adapté et plus efficace, avec bras articulés aux postes et évacuation à l’extérieur, s’avérait nécessaire.

Salariée du laboratoire dentaire champenois

« C’est dans le cadre du programme national Risques chimiques Pros que nous nous sommes rapprochés de l’établissement », explique Fanny Frappin, contrôleuse de sécurité à la Carsat Nord-Est. La préoccupation première était la silice cristalline. Mais début 2020, un inventaire de tous les produits chimiques employés dans le cadre de l’activité a été réalisé, à partir des fiches de données de sécurité. La fabrication de prothèses dentaires nécessite l’emploi de produits chimiques multiples. « Plusieurs produits sont sortis en rouge, par rapport à la santé, à l’environnement et au risque incendie », poursuit-elle.

« Nous avons recherché des produits de substitution, mais la qualité n’était pas toujours au rendez-vous, constate Aziz Azougagh, responsable de l’entretien technique, de la maintenance et pilote du programme Risques chimiques Pros dans l’établissement. Par exemple, l’un des produits les plus problématiques en matière d’émissions de vapeur et d’atteinte potentielle à la santé, l’Isofix 2000, servant à isoler des couches en plâtre, n’a pas d’équivalent et ne peut être supprimé de l’activité », complète-t-il. Après cet inventaire, un diagnostic de l’installation de ventilation en service à l’époque a été réalisé en juillet 2020 par le Centre interrégional de mesures physiques de l’Est (Cimpe).

La contrainte de l’existant

Des préconisations en ont découlé pour améliorer le dispositif. Parmi celles-ci : rejeter à l’extérieur l’air capté et filtré, avoir une vitesse de transport d’air empoussiéré (en gaine) comprise entre 15 et 25 m/s. À certains postes (grattage de couronnes, polissage), les performances de l’installation étaient aussi clairement insuffisantes. Il a donc été décidé de la moderniser en adaptant les débits. Il est également apparu nécessaire d’équiper certains postes d’une ventilation localisée, en particulier la préparation des résines acryliques (émettant des vapeurs irritantes), les opérations de soudage au chalumeau (fumées) et le bain électrolytique (vapeurs ou aérosols). En parallèle le personnel a suivi en interne une formation aux principes généraux de ventilation, aboutissant à une montée en compétences sur la prévention.

30 000 €

ont été investis dans l’installation de la ventilation et la réparation à la suite de l’acte de vandalisme.

Le laboratoire étant locataire des lieux, dans un immeuble avec des logements dans les étages supérieurs, et dans un quartier classé où les interventions sur les façades sont soumises à autorisations, sa localisation générait des contraintes supplémentaires. Une première installation a été posée à l’automne 2021, avec l’évacuation extérieure positionnée du côté du parking mitoyen. Un acte de vandalisme par un commerçant voisin est rapidement venu contrecarrer le projet. Mais après ce faux départ, et un repositionnement de l’évacuation au-dessus de l’entrée, l’installation fonctionne depuis mars 2022.

« L’aspiration est très bien, l’odeur forte émise par le monomère que l’on utilise avec la résine est bien atténuée », témoigne Julie Marty, opératrice au poste d’application des résines. Le personnel a d’ailleurs été associé aux tests, afin de s’assurer que les dispositifs retenus soient bien adoptés par les utilisateurs directement concernés. Un caisson acoustique encoffré limite le niveau sonore sous 70 dB(A) lorsque l’inatallation fonctionne. C’est-à-dire essentiellement en matinée, quand sont coulées les résines. Si le dispositif apporte satisfaction, après quelques semaines d’utilisation, il a été constaté que les bras mobiles avaient tendance à se relever lorsque les opératrices les mettaient en position. « C’est un petit réglage de serrage des vis à revoir de la part de l’installateur », conclut Fanny Frappin. Ce qui aurait été réalisé depuis notre venue, d’après la contrôleuse de sécurité de la Carsat.

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Laboratoire dentaire champenois
Activité : conception de prothèses dentaires sur mesure
Lieu : Troyes (Aube)
Effectif : 17 personnes

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