Ce site est édité par l'INRS
Optique

Une démarche collaborative pour réduire le bruit

Examen de la vue, vente de lunettes, taille des verres… chez Générale d’Optique, à Pont-à-Mousson, on en connaît un rayon sur les yeux ! Mais pas que, puisque question audition, une importante démarche de réduction du bruit au sein de l’espace de travail a été initiée avec l’aide de l’ALSMT, service de prévention et de santé au travail en Meurthe-et-Moselle, et de l’INRS.

5 minutes de lecture
Lucien Fauvernier - 13/12/2022
Lien copié
Une salariée chez Générale d'Optique

« À l’origine de toute la démarche, il y a un heureux hasard, explique Rémi Philippot, dirigeant d’un magasin d’optique franchisé Générale d’Optique à Pont-à-Mousson, en Meurthe-et-Moselle, depuis décembre 2015. En effet, nous avons embauché, en 2018, un collaborateur dont la mère est technicienne hygiène, sécurité et environnement (HSE) au service de prévention et de santé au travail du département. Celle-ci a été amenée à visiter la boutique et a tout de suite identifié que le volume sonore était important dans l’espace de travail. » À la suite de ce constat, Rémi Philippot rencontre Anthony Degaffet, ergonome auprès de l’ALSMT.

« La première de nos actions ne portait pas sur le bruit, décrit ce dernier, mais consistait en une étude ergonomique des postes de travail de l’atelier du magasin après l’apparition de douleurs chez certains collaborateurs. » En effet, les salariés de l’entreprise sont amenés, au quotidien, en plus des activités de vente de lunettes ou d’examen de la vue, à tailler les verres qui sont livrés en palets semi-finis. Pas moins d’une quarantaine de verres sont ainsi préparés, chaque jour, à l’aide notamment d’une meuleuse.

Un atelier plus ergonomique

« Avec un process qui dure en moyenne deux à trois minutes par verre, cela constitue un temps certain passé devant les machines, indique Anthony Degaffet. L’étude ergonomique a amené à rehausser les machines, ainsi qu’à les incliner légèrement pour faciliter la prise d’informations visuelles, une action qui impliquait auparavant un effort important au niveau de la nuque. » Afin de réduire les contraintes posturales liées à la station debout prolongée, des semelles antifatigue ont été également proposées aux salariés, à défaut de l’installation d’un tapis antifatigue qui ne pouvait s’incorporer harmonieusement dans la configuration des locaux.

« Pour ce qui est du risque machine et du risque chimique – car la découpe des verres entraîne un dégagement de silice cristalline dont la poussière est reconnue comme cancérogène par inhalation (NDLR : la silice cristalline figure dans la classification du Centre international de recherche sur le cancer depuis 1997 et a été reconnue cancérogène par l’Union européenne en 2017. Le Code du travail classe les travaux exposant à la poussière de silice cristalline alvéolaire issue de procédés de travail comme des procédés cancérogènes) –, la meuleuse ne se met en marche que lorsque le capot avant est bien fermé, et l’aspiration par le dessous empêche tout dégagement de poussière », détaille avec satisfaction l’ergonome. À la suite de l’étude ergonomique, une aide à l’amélioration de l’ambiance acoustique a été proposée au gérant.

Espace de vente Générale d'Optique

Ce dernier a tout de suite été intéressé : « Même si ce n’était pas flagrant, l’espace de vente, configuré comme un open space, pouvait être assez bruyant en cas d’affluence… De plus, nous essayons de réaliser les opérations dans l’atelier en matinée, lorsque la fréquentation du magasin est un peu plus faible. Mais ce n’est pas toujours possible de tout traiter le matin. Donc, lorsque le bruit des machines s’ajoutait aux conversations de l’espace de vente, cela devenait inconfortable, tant pour mes salariés que pour nos clients. »

Afin de réaliser un diagnostic complet et de proposer des pistes d’aménagement, Anthony Degaffet prend contact avec Laurent Brocolini, responsable d’études au laboratoire d’acoustique de l’INRS, dans le cadre d’une collaboration entre l’ALSMT et l’INRS sur la gestion du risque acoustique. Une démarche complète de réduction du bruit est alors initiée : « Cette démarche s’articule en quatre points, indique Laurent Brocolini. Tout d’abord, nous avons réalisé une observation du local pour identifier ses défauts acoustiques : plafond en placo brut, surfaces vitrées importantes et carrelage au sol. »

Une démarche complète de réduction du bruit

À la suite de cette première étape, c’est l’analyse de l’activité au sein de l’espace de travail qui a été l’objet de toutes les attentions. « Notre objectif était de comprendre les besoins acoustiques des collaborateurs : échanges avec les clients, appels téléphoniques…, poursuit le responsable d’études de l’INRS. En parallèle de cela, le questionnaire Gabo (gêne acoustique dans les bureaux ouverts) a été diffusé pour analyser le ressenti acoustique des salariés. Enfin, nous avons réalisé des mesures du bruit ambiant pendant l’activité, mais aussi en dehors, afin d’évaluer différentes caractéristiques du local : temps de réverbération, atténuation de la parole entre deux postes… »

Une fois ce travail de fond terminé, des préconisations sont rendues au directeur de l’établissement qui reconnaît volontiers l’intérêt d’une telle démarche : « Avant l’intervention de l’INRS, j’avais fait réaliser des devis d’amélioration acoustique par plusieurs entreprises dont les diagnostics s’étaient révélés tous différents, avec des écarts très importants en termes de chiffrage des travaux. L’intervention de Monsieur Brocolini m’a permis de savoir concrètement ce qu’il fallait faire. Les solutions proposées me semblaient particulièrement adéquates et adaptées à mon budget. »

12 000 €

environ ont été dépensés pour l’amélioration globale du confort acoustique du magasin, avec un amortissement prévu sur dix ans.

En décembre 2021, les travaux sont lancés : cinquante panneaux acoustiques en plastique recyclé sont installés au plafond de l’espace de vente ainsi que dans la partie atelier. Des galets en feutre sont également disposés sous tous les pieds des chaises et fauteuils. Une solution relativement « légère » qui n’altère pas l’aspect esthétique de la boutique, qui se doit de respecter la charte visuelle de la marque Générale d’Optique, et dont l’efficacité a été rapidement reconnue par les collaborateurs.

« Vraiment, on a bien vu la différence, affirme Simon Perrin, un opticien de la boutique. Notamment après les périodes d’affluence : avant on avait l’impression d’être un peu immergé dans le bruit. C’était flagrant, surtout quand le calme revenait, on respirait à nouveau. Aujourd’hui, cette sensation désagréable n’arrive plus, l’amélioration est très nette. » Un ressenti confirmé par l’évaluation réalisée par Laurent Brocolini : « Les données issues du questionnaire de perception de l’environnement sonore diffusé à nouveau aux salariés après les travaux montrent une nette amélioration du confort acoustique : plus aucun d’entre eux ne déclare souffrir de nuisances sonores. C’est vraiment très positif et c’est un bel exemple de réussite de coordination entre différents services pour l’amélioration des conditions de travail.»

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Générale d’Optique
Activité : conseil, vente et fabrication de lunettes
Lieu : Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)
Effectif : 6 salariés (dont deux contrats de professionnalisation)

Partager L'article
Lien copié
Sur le même sujet

À lire aussi