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Scierie

Travail temporaire et sécurité permanente

Installée dans la Nièvre, Bois et Sciages de Sougy est la seconde scierie française en volume de bois débité. Faisant face à de nombreux accidents parmi ses intérimaires, l’entreprise s’est engagée, sous la houlette de la Carsat Bourgogne-Franche-Comté et en collaboration avec les agences d’emploi temporaire, dans une politique de recrutement et d’accueil qui prenne pleinement en compte les risques professionnels.

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Damien Larroque - 13/12/2022
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Salariés de la scierie Bois et Sciages de Sougy

En 1987, François Mitterrand inaugurait à Sougy-sur-Loire, dans la Nièvre, une scierie appartenant à Béghin-Say, dont la production était destinée à la fabrication des emballages de sucre. Huit ans plus tard, ce site, qui porte le nom de Bois et Sciages de Sougy, est racheté par le groupe Monnet-Sève, entreprise familiale spécialiste de la scierie alors en phase de développement. Idéalement située au pied du Morvan, massif forestier, et proche d’autres régions productrices de bois comme le Charolais ou le Beaujolais, l’usine occupe aujourd’hui la deuxième place hexagonale en termes de volume de matière première utilisée. Chaque année, ce ne sont pas moins de 550 000 m3 de grumes d’épicéa et de pin Douglas qui en ressortent sous forme de planches aux formats multiples. Si la plus grande partie est vendue brute, 100 000 m3 sont séchés et transformés sur place en bardage, ossature, charpente, lamellé-collé…

Une sinistralité élevée chez les travailleurs temporaires 

Pour s’adapter aux fluctuations de son activité, l’entreprise a recours à des intérimaires. Ils sont en moyenne 30 à 35 à venir renforcer les 210 salariés permanents. « La sinistralité élevée parmi ces travailleurs temporaires nous a conduits, en 2019, à intégrer Bois et Sciages de Sougy à notre plan d’action régional (Par) intérim, raconte Maryline Vannier, contrôleuse de sécurité à la Carsat Bourgogne-Franche-Comté et membre du comité de pilotage de ce programme. L’objectif est d’accompagner les entreprises utilisatrices dans la mise en place d’une politique de prévention des risques professionnels, notamment en améliorant la relation tripartite qui s’établit entre elles, les agences d’emploi et les travailleurs intérimaires. »

Scierie Bois et Sciages de Sougy

Un questionnaire conçu par la Caisse régionale permet de faire le point sur les pratiques de la scierie et débouche sur un plan triennal qui fixe des axes de travail : formalisation de la demande de travailleur intérimaire, accueil et consignes générales de sécurité, formation au poste de travail… Du grain à moudre pour Étienne Béchu, le responsable hygiène, sécurité, environnement (HSE), dont le poste a été créé il y a un peu plus d’un an à la suite d’un dramatique accident. « Une chance dans le malheur car nous aurions certainement eu du mal à nous approprier les conseils de la Carsat sans ce recrutement », estime Guillaume Cruzille, directeur du site depuis 2018.

Des postes et des compétences

Afin de simplifier les demandes d’intérimaires des chefs d’équipe, le préventeur se base sur la fiche de liaison mise au point par la Carsat pour faciliter les échanges avec les agences. « Il leur suffit de remplir les champs (intitulé du poste, circonstances, durée, description des tâches au poste de travail – à risque ou non –, habilitation nécessaire, EPI que doit fournir l’agence…). Et un document est transmis à l’agence d’intérim qui a alors tous les éléments pour trouver le candidat approprié, notamment en ce qui concerne ses compétences et les habilitations professionnelles, explique Étienne Béchu. Avant, nous demandions simplement un opérateur, quelle que soit la mission. » « Cette fiche navette, puisque c’est le nom que nous lui avons donné, permet de ne pas attendre la version définitive du contrat et la signature de celui-ci par l’intérimaire avant de faire travailler ce dernier », souligne Jean-Nicolas Colnot qui doit prochainement prendre la relève d’Étienne Béchu.

Et lorsqu’un intérimaire arrive, plus question de simplement le conduire à son poste comme c’était le cas auparavant. L’agence, pour qui des visites de la scierie sont organisées, lui a déjà transmis le livret d’accueil qui compile de nombreuses informations sur l’entreprise et la sécurité. L’encadrant qui reçoit le travailleur temporaire détaille les consignes générales (incendie, règles de conduite…) et lui explique le bon usage des EPI. C’est seulement après cette entrée en matière que l’intérimaire est accompagné à son poste où lui sont expliqués les tâches qu’il aura à remplir, les risques et la prévention mise en œuvre.

550 000 m3 de grumes

entrent annuellement chez Bois et Sciages de Sougy pour en ressortir sous forme de planches brutes, de bardage, d’ossature, de charpente.

« C’est sécurisant d’être accompagné de la sorte, estime Mahdi Saidi, un intérimaire. Moi qui viens du BTP, je ne connais pas toutes les machines. » « Les intérimaires suivent des formations renforcées sur les postes dangereux. Occupant d’abord les plus simples et les moins à risques, ils progressent pas à pas et nous entérinons au fur et à mesure leur savoir-faire, même si certaines connaissances ont été acquises antérieurement », précise Guillaume Cruzille. « J’ai mon Caces de catégorie 5 (NDLR : certification à la conduite en sécurité des chariots de manutention de type chariots élévateurs à mât rétractable) mais je n’ai pour le moment pas l’autorisation d’utiliser un chariot », confirme Mahdi Saidi. L’évolution des compétences fait l’objet d’un suivi permettant de savoir exactement qui est capable de faire quoi et donc d’assigner les personnes à des postes qu’elles maîtrisent.

« Partie de rien il y a quatre ans en matière de prévention des risques professionnels, l’entreprise Bois et Sciages de Sougy a complètement inversé la vapeur. Elle s’est appropriée la démarche du “Par intérim” améliorant de fait la sécurité des travailleurs temporaires, se félicite Franck Mortreux, contrôleur de sécurité à la Carsat Bourgogne-Franche-Comté. Cette implication alimente la culture de prévention naissante de l’entreprise. » Affirmation corroborée par le marquage au sol en cours, l’acquisition d’aides à la manutention ou l’installation d’équerres de stockage pour empêcher les grumes de les dégringoler, par exemple.

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Bois et Sciages de Sougy
Activité : scierie
Lieu : Sougy-sur-Loire (Nièvre)
Superficie : 55 hectares
Effectif : 210 salariés et 30 à 35 intérimaires
Chiffre d’affaires : 117 millions d’euros en 2021

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