Ce site est édité par l'INRS
Industrie agroalimentaire

Allergie au psyllium : la vigilance avant l’alerte

Dans son bulletin des vigilances, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) met le projecteur sur un risque nouveau : le psyllium. Récemment, des cas d’allergies ont été rapportés dans l’industrie agroalimentaire, où les enveloppes des graines de cette plante sont utilisées dans les farines sans gluten ou comme substitut à l’œuf.

2 minutes de lecture
Corinne Soulay - 02/06/2023
Lien copié
Un boulanger prépare des baguettes de pain.

En 2021, une allergie professionnelle est suspectée chez une boulangère finlandaise : depuis deux ans, elle a développé une rhinoconjonctivite associée à de la toux et un essoufflement et, depuis quelques mois, une urticaire au niveau des poignets. Un bilan allergologique s’impose. Le diagnostic tombe : la boulangère est sensibilisée aux farines de blé, de seigle et de sarrasin… mais aussi au psyllium, qu’elle utilise comme additif, sous forme de poudre, pour confectionner une pâte à pain sans gluten.

En France, l’histoire, relayée par l’Institut de santé au travail finlandais, interpelle le collectif d’experts « Émergence en santé au travail » de l’Anses. « Nous nous occupons de détecter de façon précoce des maladies professionnelles émergentes, notamment en faisant une veille de la littérature scientifique internationale », explique Éva Ougier, coordonnatrice du groupe de travail. Pour les experts, cette plante n’est pas une inconnue : riche en fibres, elle est utilisée depuis longtemps dans des préparations pour réguler le transit en cas de constipation. « Elle est connue comme pouvant déclencher des manifestations allergiques chez les travailleurs de l’industrie pharmaceutique ou les professionnels de santé, par inhalation ou contact cutané, mais c’est la première fois qu’on en entendait parler dans l’industrie agroalimentaire », pointe Éva Ougier.

Un cas puis un autre

Le collectif poursuit ses recherches en se plongeant dans la base de données du RNV3P, le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles. Et la moisson se révèle fructueuse : entre 2001 et 2021, un cas similaire a été signalé chez un ouvrier de fabrication industrielle de pâtisserie qui souffrait d’une rhinite allergique professionnelle, due aussi à la poudre de psyllium.

Immédiatement, le collectif diffuse l’information auprès des centres de consultation de pathologies professionnelles, afin que les médecins de ces structures pensent à rechercher les expositions au psyllium chez leurs patients de l’industrie agroalimentaire. Depuis, un nouveau cas a ainsi été signalé par ce biais, chez un boulanger.

Comment expliquer l’émergence de ce risque ? « Avec la tendance de l’alimentation sans gluten ou vegan, le recours au psyllium augmente, avance Éva Ougier. Il est utilisé pour apporter du moelleux dans les préparations sans gluten et aussi comme substitut aux œufs dans des recettes vegan. » Pour l’heure, les experts de l’Anses restent attentifs aux signalements de nouveaux cas. « Si ceux-ci se multiplient, nous pourrions être amenés à faire une alerte plus conséquente, précise l’experte de l’Anses. En attendant, c’est important d’être vigilant, que les médecins du travail soient sensibles à ce risque émergent dans l’industrie agroalimentaire et incluent le psyllium dans les bilans allergologiques, si l’étude de poste montre la présence de cet allergène. »

Partager L'article
Lien copié
En savoir plus

À découvrir aussi