Ce site est édité par l'INRS
Une journée avec

Une équipe de maintenance de parc photovoltaïque flottant

Urbasolar exploite cinq centrales photovoltaïques flottantes en France. Tous les six mois, des techniciens interviennent, toujours en binôme, a minima, pour réaliser la maintenance préventive des installations. Nous avons suivi une équipe sur la centrale de Peyssies, en Haute-Garonne.

6 minutes de lecture
Delphine Vaudoux - 10/10/2023
Lien copié
Partager l'article
Lien copié
Deux salariés d'Urbasolar assurent la maintenance d'un parc photovoltaique flottant.
  • 8 h 45

    Entrée sur le site

    Rendez-vous à Peyssies, en Haute-Garonne. Au bout d’une route en terre, Manu Populin et Imad Mdabhi, deux techniciens de l’entreprise Urbasolar, s’apprêtent à passer une matinée d’intervention de maintenance préventive sur une centrale photovoltaïque flottante. Il s’agit d’une des cinq installations de ce type exploitées par Urbasolar. Celle-ci s’étend sur une ancienne gravière de 13 hectares. Constituée de 14 252 modules, elle est quadrillée de pontons et chemins piétons flottants pour en faciliter l’accès. Les modules sont reliés entre eux, puis des câbles acheminent l’énergie jusqu’aux boîtes de jonction situées sur les pontons qui elles-mêmes sont raccordées aux onduleurs. Avant d’entrer sur le site, ils informent la supervision de leur arrivée. Chacun a sa camionnette : « On nous la fournit, on nous propose des aménagements intérieurs. À nous de choisir celui qui nous convient le mieux », explique Manu Populin.

    Équipés de chaussures de sécurité, d’un pantalon de protection arc flash et d’un gilet haute visibilité, ils enfilent un gilet de sauvetage à déclenchement automatique (NDLR. Gilet qui se gonfle automatiquement sous l'effet de la pression de l'eau ou en cas de détection de présence d'eau grâce à une pastille de sel.) et interviennent toujours en binôme sur les centrales photovoltaïques flottantes. « Nous sommes également équipés d’un Dati - dispositif d’alarme du travailleur isolé - chacun », précise Imad Mdabhi. Questionnés par Julien Baqué, contrôleur de sécurité à la Carsat Midi-Pyrénées, les techniciens expliquent qu’une réflexion est en cours sur un nouveau modèle résistant à l’eau. Si le risque de tomber à l’eau depuis les flotteurs est limité, hormis sur ceux situés à la périphérie. « Mais c’est difficile d’y apposer des garde-corps, car leur ombre aurait une incidence sur la production d’électricité », remarque Émilie Devictor, la directrice sécurité, qui va cependant réfléchir au sujet. Titulaires d’un BTS maintenance (ou équivalent), complété d’une licence maintenance et exploitation des équipements d’énergie renouvelable, les deux opérateurs ont aussi suivi une formation sécurité et sauvetage en centrale photovoltaïque flottante, dite Aqua PV.

    LA FORMATION AQUA FPV

    Destinée aux intervenants sur les centrales photovoltaïques flottantes, la formation se déroule en deux parties, l’une théorique et l’autre pratique :

    Théorique :  

    • Identification des risques au poste de travail en milieu aquatique.
    • Les dangers spécifiques rencontrés dans les centrales photovoltaïques flottantes.
    • L’organisation des secours.
    • Les équipements collectifs de prévention et de mise en sécurité.
    • Les équipements individuels de flottaison.

    Pratique :

    • Le port et réglage d’un gilet de sauvetage, son entretien et son contrôle.
    • Utilisation de la bouée.
    • Utilisation de la gaffe.
    • Utilisation de l’embarcation de transfert (chargement embarquement déchargement)
    • Récupération et mise en sécurité d’un intervenant tombé à l’eau depuis la berge et depuis la centrale.

    Plus d'informations : https://www.equipements-flottaison.fr/photovoltaiques-flottantes-securite-aquatique

  • 9 h 10

    Sur les ponts flottants

    Munis d’un sac d’intervention contenant EPI et outils, ils se rendent sur le parc flottant. Les abords ont été aménagés, les herbes coupées et une passerelle ajoutée pour faciliter l’accès. Les pontons flottants sont ancrés. « Ça tangue un peu la première fois mais on s’y habitue vite », s’amuse Imad. « D’autres parcs ne sont accessibles que par barge, ce qui apporte plus de contraintes », précise Pierre Mahoukou, ingénieur sécurité. Le contrôle visuel peut prendre plusieurs heures voire plusieurs jours, selon la taille du parc. Pour les besoins du reportage, les opérateurs ne passent en revue que quelques rangées de modules.

  • 9 h 40

    Se protéger du risque électrique

    Manu et Imad se dirigent vers l’une des boîtes de jonction, la BJ13, située sur un ponton central. « Par sécurité, l’ensemble des installations électriques du site est relié à la terre, le tout validé par un organisme d'insoection accrédité, avec des vérifications réglementaires périodiques », remarque Rémi André, le responsable maintenance région ouest. Imad, qui va réaliser l’essentiel des opérations, s’équipe d’un casque de protection 3 avec écran intégré pour se protéger des risques d’arcs électriques basse tension. Il enfile une veste arc flash et des gants d’électricien avant de couper le sectionneur de la boîte de jonction. Il vérifie que l’intensité est nulle, puis ouvre les porte-fusibles des treize strings (chaînes de modules). Il mesure ensuite les tensions afin d’identifier d’éventuels déséquilibres ou dysfonctionnements. Les deux opérateurs, en plus de leurs formations initiales, ont des habilitations électriques 4 et ont suivi différentes formations : sauveteur secouriste du travail, extincteur… Les données chiffrées donnant satisfaction, Imad referme le porte-fusible et réenclenche le sectionneur. Toutes ces opérations se déroulent sur le ponton, ce qui nécessite une vigilance de chaque instant pour ne pas faire tomber d’outils à l’eau.

  • 9 h 57

    Quand la faune s'en mêle

    L’onduleur a bien redémarré, Imad s’assure que l’intensité remonte progressivement, jusqu’à 66 A. Autour du parc, totalement clos, on aperçoit des canards et autres grèbes qui s’égaient sur le plan d’eau. Récemment, des câbles ont été rongés par des ragondins. « Le CNRS réalise des relevés pour connaître l’impact du parc sur la faune et la flore, précise Pierre, mais c’est trop tôt pour connaître ses conclusions. » Les opérateurs sont exposés au risque de piqûres ou morsures, la faune étant très présente (guêpes, tiques, serpents). « Ils doivent porter des pantalons longs, des chaussures de sécurité montantes et s’inspecter en fin de journée. Ils sont particulièrement sensibilisés au sujet », précise Émilie Devictor.

  • 10 h 20

    Vérification de l'état des panneaux

    Les deux techniciens vérifient l’état des faces avant et arrière des panneaux. S’il y a des salissures, ils n’interviennent pas eux-mêmes. « Lorsque les panneaux sont vraiment sales, on fait intervenir un sous-traitant pour les nettoyer », explique Manu. « Que ce soit pour les sous-traitants ou pour des intérimaires, il faut s’assurer qu’ils aient bien toutes les formations et qualifications pour intervenir sur ce type de centrale », insiste Julien Baqué. Quant aux changements de modules, ils n’ont pas encore été nécessaires. « Nos plus vieux parcs flottants ont un peu plus de deux ans, les modules sont en bon état, explique Émilie Devictor. Mais c’est un sujet sur lequel nous travaillons en groupe de travail, avec les opérateurs de terrain, car nous n’avons pas de solution toute faite. L’intervention devra se dérouler sur l’eau, reste à trouver les bonnes modalités… »

  • 11 h 17

    Contrôle de la courbe de production

    Les opérateurs se dirigent vers les treize onduleurs à terre. Ils s’y connectent en bluetooth, grâce à un QR code, pour vérifier la courbe de production. « Elle dépasse les 80 %, tout va bien, note Manu. Le soleil va encore monter, de même que la production. » Peu après, Imad s’équipe à nouveau de son casque de protection, de sa veste et de ses gants afin d’ouvrir le capot d’un onduleur. Il coupe d’abord le courant alternatif puis le continu, avant de traquer, à la caméra thermique, d’éventuels échauffements, qui pourraient signifier des problèmes de serrage ou de sertissage sur les cosses de raccordement.

  • 11 h 50

    Un emploi du temps bien rempli

    Imad se rend dans le local du transformateur afin d’envoyer les données recueillies dans la matinée sur un serveur et répertorier les opérations réalisées. Chacun rangera ensuite ses outils et EPI dans son véhicule. Après le déjeuner, Manu participera, en tant qu’expert, à une réunion visant à mettre au point un e-learning sur la maintenance. Quant à Imad, il interviendra sur un autre parc photovoltaïque, mais terrestre. « Ils reçoivent quotidiennement des demandes d’interventions, explique Rémi André, classées de 1 à 4 en fonction de leur criticité... Les techniciens planifient et coordonnent leurs interventions. Cela leur donne de la flexibilité et leur permet de mutualiser des interventions sur un secteur précis ou encore d’adapter leur rythme de travail (notamment en cas de fortes chaleurs). » Un vrai plus selon les opérateurs.

    La centrale photovoltaïque flottante de Peyssies

    • En fonctionnement depuis février 2022, développée, construite et exploitée par le groupe Urbasolar,
    • 13 hectares,
    • 32 onduleurs d’une puissance de 125 kW chacun,
    • 14 252 modules,
    • maintenance préventive semestrielle.

  • En savoir plus

    Dans la même rubrique