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Construction

Pont Simone-Veil : des outils de travail au service de la sécurité

Qu’il s’agisse du coulage du tablier en béton ou de la pose des éléments d'habillage du pont Simone-Veil, inauguré le 6 juillet 2024, dans l’agglomération bordelaise, les modes opératoires ont été pensés pour réduire les différents risques : chute de hauteur, coactivité, circulation engins-piétons, troubles musculosquelettiques.

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Céline Ravallec - 17/07/2024
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Vue d'opérations en sous-face du pont.

[Article paru dans le numéro de Travail & Sécurité de février 2024]

Nous l’avions laissé à la fin de l’été 2022, alors que les premières piles du pont commençaient à prendre forme et que la charpente métallique s’apprêtait à s’élancer pour relier les deux rives de la Garonne. Nous le retrouvons après plus d’un an, proche de sa forme définitive. Le futur pont Simone-Veil, construit entre les communes de Bègles et de Floirac, dans l’agglomération bordelaise, dont la livraison est prévue mi-2024, est entré dans la phase coulage de son tablier béton.

Pour cette étape, deux outils coffrants ont été développés spécifiquement : des équipages mobiles. Ces outils en armature métallique orange ont été pensés et conçus pour mettre à la disposition des ouvriers tout le nécessaire pour intervenir dans les meilleures conditions possibles. Chaque jour, des camions toupies alimentent cette opération. Alors qu’un ouvrier guide le coulage et qu’un deuxième étale le béton, un peu plus loin, un collègue réalise le vibrage d’une zone fraîchement recouverte.

Chaque équipage quadrille 17 m sur 21 m, et permet de couler des dalles de béton de 16 m sur 20 m. Les deux équipages alternent leurs interventions, un jour sur deux, suivant un cycle bien rodé de 48 heures : mise en place et réglages de l’outil, coulage du béton, séchage, déplacement de l’outil sur la nouvelle zone de tablier à couler. Chacun réalise ainsi un coulage tous les deux jours. Ces opérations se font par pianotage, c’est-à-dire en espaçant les zones d’intervention afin de répartir les charges sur la charpente métallique au fur et à mesure de l’avancement.

Protéger des chutes de hauteur 

Ces outils de coffrage ont été développés avec les services méthodes et travaux du groupe Bouygues et le fabricant CMC, afin d’intégrer la sécurité, en premier lieu les chutes de hauteur, et de faciliter les conditions de travail. « C’est la première fois que je travaille avec un tel outil, commente Benoît Lafon, chef d’équipe. Ça fonctionne bien, c’est fiable et pratique. Avec le système hydraulique, on commande toute la structure à partir d’une simple tablette, il y a moins de manutentions nécessaires pour la déplacer. »

Vue du chantier du pont Simone-Veil.

En effet, roues, vérins et autres tiges filetées qui aident au réglage au centimètre de l’outil sont manœuvrés à distance. De même pour le plateau, composé de quatre panneaux, positionné sous le coffrage. « Si le plateau avait été conçu d’un seul tenant, on n’aurait pas su le sortir en fin d’opération », commente Tony Vidal, le responsable prévention SudOuest chez Bouygues TPRF. Une remarque qui illustre l’importance d’anticiper l’ensemble des opérations à la conception en impliquant les services méthodes et R&D (recherche et développement.

Concernant les circulations, des passerelles et échelles à crinoline sont aménagées pour assurer les déplacements en toute sécurité. Au-dessus, des cuves de stockage des produits tels que le produit de cure, qui facilite le démoulage du béton une fois séché, sont disposées à proximité. Un enrouleur, flexible fixé en hauteur, permet de pulvériser le produit facilement, sans encombrer le sol. Des nacelles avec garde-corps permettent aussi d’accéder aisément sous le tablier.

Outils conçus sur mesure

Légèrement plus loin, là où le béton a déjà séché, d’autres opérations sont en cours sous le tablier. C’est le cas de la pose de murs préfabriqués qui vont orner les flancs du pont. Chaque panneau préfabriqué pèse environ 1,9 t. Au total, 591 panneaux vont être posés sur l’ensemble du pont qui mesure 550 m de long. Ils sont manutentionnés et positionnés un à un à l’aide d’une grue, puis fixés à la main par deux ouvriers.

Initialement, la procédure avait été pensée pour que ces murs fassent office de protection collective contre les chutes de hauteur des ouvriers intervenant ensuite à la pose des réseaux de récupération des eaux pluviales en PRV (polyester renforcé de fibres de verre). Car la pose des réseaux en PRV, qui sont fixés sous le tablier en béton, est l’autre opération en cours. Dans les faits, il n’a pas été possible d’opérer de cette façon. « Une fois les murs en béton d’habillage préfabriqué posés, il n’était plus possible d’apporter les canalisations au poste de pose », précise Tony Vidal. Il a donc fallu repenser le mode opératoire, en installant une ligne de vie sur laquelle les ouvriers fixent leurs harnais.

40 % des éléments construits au cours de ce chantier sont des ouvrages provisoires servant à la mise en œuvre des procédés de construction de l’ouvrage définitif. Ils seront détruits au terme du projet. À l’instar des estacades, utilisées pour les circulations tout au long de la phase de gros œuvre, et démontées depuis.

Pour la pose des PRV, un autre outil a été spécialement développé. Il s’agit d’un chariot qui permet de soulever les segments de canalisation à la hauteur où ils vont être installés. Ce chariot peut accueillir trois tubes de six mètres de long. Les canalisations présentent deux dimensions : un diamètre de 300 mm ou de 350 mm, pesant respectivement 90 kg ou 120 kg. « On porte moins avec le chariot, c’est pratique », témoigne Laurent Akoumba, ouvrier chez Bouygues TPRF. Un autre outil de levage a été spécialement conçu pour déplacer les canalisations depuis la zone de stockage sur le chariot.

« Il y a un gros travail en organisation générale et en méthodes, résume Marc Kimel, contrôleur de sécurité à la Carsat Aquitaine. Les équipes sont en permanence dans l’anticipation et s’inspirent souvent de retours d’expériences issus d’autres chantiers, pour trouver des idées adaptées et applicables. » À l’image de l’outil de réalisation des longrines, sur les bordures du tablier, issu d’un autre chantier et qui a été adapté aux besoins spécifiques de ce chantier, en intégrant notamment des garde-corps. Les risques majeurs présents ici – gestion de la coactivité, circulations engins-piétons, troubles musculosquelettiques, travail en hauteur – sont ainsi tous pris en compte dans les modes opératoires aux différentes étapes du projet.

FICHE D'IDENTITÉ

Chantier : construction du pont Simone-Veil

Lieu : agglomération bordelaise, entre Bègles et Floirac (Gironde)

Entreprise : Bouygues TP Région France

Dimensions : 550 m de long sur 45 m de large

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