Un convoyeur mobile se déplace au-dessus des casiers pour y répartir efficacement les cailloux.
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© Philippe Castano pour l'INRS/2023
Originaire de Bretagne, le groupe Pigeon possède 52 carrières en France, toutes localisées dans le grand ouest à l’exception de la Société des carrières de Haute-Marne (Socahm). Extrayant de la roche calcaire pour le secteur du BTP, cette dernière s’est depuis peu lancée dans la production de gabions, ces casiers en grillage métallique remplis de pierres, utilisés pour construire des murs de soutènement ou dans l’aménagement urbain.
« Lorsque j’ai pris mon poste, il y a un an et demi, j’ai noté que la qualité de la roche était adaptée à la conception de gabions, explique Emmanuel Rousseau, le directeur de la Socahm et de quatorze autres carrières du groupe. Elle est non seulement d’une belle couleur crème mais aussi non gélive : elle n’éclate pas sous l’effet du gel. »
Voir plus grand et aller plus loin
Une opportunité car l’exploitation du site n’est possible que de mars à octobre. En hiver, l’argile est difficile à séparer de la roche calcaire. « Après six mois de tests concluants économiquement, nous avons aussi identifié les contraintes de la tâche, indique Emmanuel Rousseau. Pour la pérenniser, il fallait concevoir des postes de travail qui fournissent des conditions de travail plus sûres. »
Pour ce faire, le dirigeant contacte le service de prévention et de santé au travail qui lui recommande la mise en place d’une potence porte-outil pour manipuler l’agrafeuse pneumatique de 11 kg utilisée pour lier les panneaux grillagés des gabions. Il l’informe également de la possibilité de se faire conseiller par la Carsat Nord-Est qui, ensuite, le cas échéant, pourra lui apporter une aide financière.
Le poste de montage des casiers repose sur une dalle en béton. Il est également équipé d'une table réglable en hauteur et pivotante.
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© Philippe Castano pour l'INRS/2023
« Lorsque le projet m’a été présenté, je me suis dit qu’il était possible de voir plus grand, se remémore Régis Fenard, contrôleur de sécurité à la Carsat. Nous avons travaillé sur tout le process en tenant compte des risques liés aux manutentions et aux postures contraignantes, mais aussi de l’exposition au bruit et aux vibrations. » Pour évaluer au mieux ces derniers, le préventeur en appelle au Centre interrégional de mesures physiques de l’Est (Cimpe).
La Socahm étant en capacité de proposer à sa clientèle la livraison de petites quantités – au contraire des autres acteurs de la fabrication de gabions –, deux salariés sont engagés pour faire tourner la nouvelle ligne, mise en service début juillet 2023, en parallèle de l’exploitation de la carrière. Alors que l’atelier provisoire avait été installé directement sur le sol caillouteux du site, le poste de montage des casiers est désormais sur une dalle en béton, ce qui limite le risque de chute de plain-pied.
3,2 tonnes,
c’est le poids atteint par les gabions les plus volumineux fabriqués par la Socahm.
« Et nous ne sommes plus à la merci des intempéries, puisque nous œuvrons sous une structure en forme de tunnel », se réjouit Romain Girardin, chef de carrière. « Un rafraîchisseur d’air va être installé pour l’été », ajoute Régis Fenard. Les planches posées sur les palettes qui servaient d’établi ont été remplacées par une table réglable en hauteur pour s’adapter à la taille des opérateurs. « Elle est munie d’un plateau tournant car, au cours des essais, lorsque nous faisions pivoter les casiers, les agrafes s’accrochaient dans le bois, précise Romain Girardin. En complément de la potence, un nouveau modèle d’agrafeuse pneumatique, moins lourd, permet de réduire les efforts. » Quant au compresseur, il a été installé à l’écart du poste pour limiter les nuisances sonores.
Diminuer les décibels
Une fois montés, les casiers sont élingués et transportés avec un engin jusqu’à l’installation de remplissage. Les cailloux, chargés dans la trémie avec une chargeuse, tombent sur un convoyeur mobile qui se déplace au-dessus des contenants pour y répartir efficacement la matière. Couplé à l’action du plateau vibrant dont l’amplitude et la vitesse ont été optimisées par le Cimpe, ce convoyeur simplifie l’opération d’égalisation qui consiste à déplacer manuellement les cailloux qui gênent la fermeture des gabions. « Lors des essais, le chargement à la pelle mécanique et la table vibrante de récupération n’étaient pas aussi efficaces. Nous passions parfois jusqu’à un quart d’heure à bouger les pierres, affirme Emmanuel Écosse, ouvrier polyvalent. Aujourd’hui, cela ne prend qu’une minute ou deux. »
Pour diminuer le bruit, le Cimpe a préconisé d’abaisser la hauteur de chute des pierres : il n’y a que 20 cm entre le convoyeur et le haut du casier. Et lorsque les gabions sont plus petits, un réhausseur est disponible. « On a réduit de 5 décibels (dB). Nous faisons actuellement des tests en faisant vibrer la table simultanément au remplissage plutôt que de découpler les deux étapes. Au vu des premiers résultats, je pense que nous pourrons encore atténuer le niveau sonore de 5 dB, soit un gain total de 10 dB qui donne la sensation d’entendre deux fois moins de bruit », estime encore Benoît Gallin, contrôleur de sécurité au Cimpe.
Dernière chose : « Nous avons anticipé l’éventualité d’avoir à fermer les gabions directement au poste de remplissage, souligne Emmanuel Rousseau. Une potence a ainsi été intégrée à la machine, afin d’y suspendre l’agrafeuse pneumatique. » Un projet réussi qui doit être dupliqué sur un autre site du groupe Pigeon.
FICHE D'IDENTITÉ
Nom : Socahm
Lieu : Rouvroy-sur-Marne (Haute-Marne)
Création : 2008
Activité : extraction de roche calcaire et fabrication de gabions
Production : 60 000 tonnes de roche et 2 000 gabions par an
Effectif : 4 salariés
